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Luther était un jeune homme comme n'importe quel autre, il venait enfin de trouver un logement bon marché à Paris pour ses études.
Ses parents avaient eu du mal à le laisser partir, et Luther n'avait pas anticipé le fait que le mal du pays le rattraperait en seulement quelques mois ...
Malgré tout, Luther n'était pas seul, il y avait Sarah, une amie d'enfance qui entreprenait les même études que lui, ils allaient d'ailleurs se retrouver au café à quelques rues de chez Luther, avec un autre ami, pour se vider l'esprit après tant de changement.

Luther s'était levé tard ce jour-là, il avait passé la plupart de sa nuit à déballer des cartons dont il avait la paresse d'ouvrir auparavant et n'avait de ce fait pas énormément dormi...
En entrant dans la salle de bain, il regarde dans son miroir et comme d'habitude, il voit ce visage arrondi et ces cheveux courts, brun foncé, un garçon lambda...
Après s'être débarbouillé, il se rapproche de son calendrier...

06 janvier 2081

Même si ça n'était plus réellement à la mode, Luther préférait utiliser son bon vieux et fidèle calendrier, cela lui rappelait lorsqu'il vivait à la campagne, loin du vacarme constant de la capitale et de l'odeur nauséabonde qui remplissait les rues.

Soudain quelque chose attira son regard vers la fenêtre, et en y jetant un œil, il vit que la grande et imposante tour Eiffel avait été encore une fois vandalisée... Cela faisait la cinquième fois en un mois...
Après avoir été touchée par un incendie, taguée, que le restaurant ai été mis sans-dessus-dessous, et que des individus aient tenté de pirater le système lumineux de la tour, elle avait désormais été victime d'individus ayant déployé un gigantesque drap avec inscrit dessus :

« Soumission, Disparité, haine »

Et à la télé passait des reportages de violentes manifestations contre le gouvernement qui ne cessait de prendre des décisions à l'encontre de l'opinion publique...
Mais Luther ne s'intéressait pas à la politique, il se préparait déjà à partir pour le café.

Dehors, l'air été froid, c'était l'hiver, les routes verglacées étaient bien encombrantes pour le trajet, mais Luther faisait avec et bravait les températures frigorifiantes pour finalement apercevoir Sarah, l'attendant en grelottant devant le café, la jeune fille au teint plus foncé, les cheveux bruns, soyeux et éclatants, habillée faiblement d'une veste en cuir.

« Bah il était temps, hein, Lança Sarah en frissonnant.
- Si je m'étais plus dépêché, je m'serais sûrement ramassé à cause du verglas, nan mais t'as vu le sol ?! » Répondit Luther sur un ton aussi froid que l'air autour d'eux.
Sarah haussa les épaules en souriant.
« J'aurai aimé voir ça » Dit-elle sur son habituel ton espiègle.

Avant qu'ils n'entrent, un garçon à l'air maladroit courait en leur direction, habillé lourdement d'une doudoune épaisse et chaude, une corpulence assez et les cheveux attachés, criant frénétiquement :

« Attendez! Attendez, je suis l-» Il n'eut pas le temps de continuer à parler, son pied glisse, son corps tombe, il s'écrase.

Alors que Luther courait pour le soutenir, Sarah soupira.

« Comment attirer tous les regards... Faîtes comme Baptiste ! »

En effet, le garçon qui peinait maintenant à se relever était Baptiste, l'autre ami qui était sensé les rejoindre.

Après avoir aidé Baptiste à ne pas re-glisser, ils entrent dans le café et prennent place à une table, près d'une fenêtre.
Chacun leurs boissons, ils discutent de tout et de rien, qui finalement, après une légère hésitation, Sarah engage un nouveau sujet.

« Dîtes, les gars... Vous avez vu les nouvelles ces derniers temps ?
-Les manifs ? Demande Luther intrigué.

-Ouais... Mais y'a aussi autre chose, vous avez entendu parler de cette vague bizarre de maladies en hausse ? Des guerres dans des autres pays ? Les gens qui agissent bizarrement ? Le gouvernement qui fout rien ? 'Fin y'a qu'à r'garder dehors... Les manifs... Le vandalisme...

-Ouais, ça s'appelle Paris en fait... Répondit Baptiste sur un ton sarcastique.

-Nan, c'est pas juste ça... »

Sarah fit une pause, buvant son diabolo fraise, puis reprît :
« Ma famille... elle est de plus en plus chelou quand je les appelle...
Ils disent des trucs je comprends que dalle...
Ils m'appellent plus... Ils ont l'air sur les nerfs à chaque fois...
Et c'est la même pour mes voisins dans mon appart' ! »

Luther regardait par la fenêtre...
-ça fait longtemps que j'ai pas appelé ma famille, moi...-
A-t-il songé...

« On dirait une sorte d'épidémie... de malheurs... partout...
Et ça m'inquiète grave... »

Mon éden douceâtre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant