Le célibat

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Phœnix, Maison de Rolzen, 19h.

- Allez, s'il te plaît Ama, crois moi. C'était une grosse erreur.
Je tiens fermement mon téléphone près de mon oreille. La colère continue de monter en moi. Je n'ai qu'une envie: lui casser la gueule.
- Non, Wayne ! Encore une fois tu te fous de ma gueule. Tu as couché avec. Tu m'as trompé. Encore. Mais cette fois c'est fini. J'en ai ma claque.
Sans attendre de réponse de sa part, je lui raccroche au nez.
J'ai eu le temps de réfléchir avant de prendre ma décision. J'avoue avoir du mal à dire adieu aux gens. Mais là, c'est trop. Il a abusé de ma confiance. Et en plus de ça, il a osé dire que c'était pas lui. Mais que je sache je n'ai pas halluciné, quand je l'ai surpris dans les toilettes de la bibliothèque en train de sauter une autre meuf.
C'est pas écrit bouffonne sur mon front.
Enfin bref, bon débarras. De toute façon ça n'allait plus entre nous depuis quelque temps. Wayne Brown était pourtant un bon gars il me semble. Beau, grand, intelligent, en étude de médecine. Lui et moi, nous sommes mis ensemble au début de ma première année à l'Université. Au début c'était sympa, c'était cool. Mais son vrai visage est vite apparu. Un coureur de jupon reste un coureur de jupon.
Mon téléphone vibre au même moment.
« CamCam » s'affiche sur l'écran. C'est comme ça que ce nomme ma meilleure amie dans mon portable.
Je décroche.
- Alors ? C'est bon ? T'es enfin celib meuf ?
Cameron et moi nous sommes rencontrés il y a une dizaine d'années, quand j'ai emménagé à Phœnix avec ma mère, dans la petite extension de sa villa. Ma mère a été embauché chez ses parents comme femme de ménage. Et donc l'un des avantages de son boulot est le logement. Un logement très suffisant pour elle et moi. Nous avons chacune une chambre, une salle de bain, une cuisine, une salle à manger et un salon. Tout a été rénové avant notre arrivée. Nous avons été reçus comme des reines. Enfin c'est toujours mieux que ce que nous avons connu c'est sûr.
En prime de cet appartement de fonction, j'ai gagné une voisine du même âge que moi, avec qui j'allais à l'école et avec qui je m'entends comme larrons en foire.
- Celib ++ tu veux dire.
Un cri de joie assourdissant traversant le combiner m'oblige à l'écarter de mon oreille.
- Ok alors ce soir la missions est : on fait la fête.
- Oh... je sais pas si c'est une bonne idée Cam. En plus ma mère a besoin de mon aide demain, avec les préparatifs et tout.
- Mais aller, s'il te plaît. S' il faut je vous aiderai. Accepte Garcìa.
- Bon... d'accord.
- Génial ! Rejoins moi dans une heure pour te préparer.
On fait ça.
L'appel terminé, je me laisse tomber sur mon lit avant de souffler profondément.
Il m'est difficile de refuser quoique ce soit à ma meilleure amie. Elle peut être parfois très persuasive. Surtout quand elle propose son aide. J'en connais une qui ne va pas refuser son aide.
Avant de rejoindre ma mère pour le dîner, je relis une dernière fois les cours du jour histoire de les garder en mémoire. J'étudie depuis deux ans à l'université du Grand Canyon pour devenir infirmière, c'est un rêve de petite fille. J'essaye de me rapprocher de mon rêve chaque jour que dieu fait. Mais les études coûtent extrêmement chères, je ne peux donc pas me permettre de rater mon année. Surtout que ma mère a fait un emprunt pour me les payer et se démène chaque jour pour le rembourser quitte à faire des heures en plus. Moi même quand je peux je l'aide histoire d'avoir un peu plus d'argent pour finir le moi. On est loin de rouler sur l'or.
Avant ça n'aurait pas posé problème.
Mais avant c'était avant Amaya.
- Amaya, on mange, m'appelle ma mère en espagnole.
Je dépose mes feuilles sur le lit et me dirige vers la salle à manger où je l'installe à table.
L'odeur du chili de Mama vient titiller mes narines.
- Hummm ! Ça sent bon Mama.
Dans l'assiette devant moi, elle me sert le repas.
- Mange, Tesoro.
- Gracias.
J'attaque sans attendre. Les plats de ma mère sont succulents. Elle a vraiment un don pour la cuisine. Elle tient ça de ma grand-mère.
- Ah ! Mama, ce soir nous sortons avec Cam.
- Vous allez où ?
- Je ne sais pas. C'est Cam, tu sais comment elle est.
- Oui. J'aimerai juste que tu fasses attention, que tu n'attires pas trop l'attention... Tu sais avec les caméras, les photos...
- Oui mama, je sais. Je te promets de ne pas me faire remarquer. ¿ Vale ?
Elle acquiesce d'un mouvement de la tête.
- En plus tu vas être contente. En échange, j'ai réussi à gagner deux bras de plus pour nous aider à la cuisine demain.
- Ah super. Pauvre Cameron, elle a du mourrons à se faire. J'espère que vous serez un minimum reposer.
Nous terminons le repas en parlant des différents amuse-bouches que ma mère a prévu pour l'événement. Elle va commencer dès ce soir pour gagner un maximum de temps demain. Ça m'embête d'aller m'amuser alors qu'elle va travailler encore très tard. Mais je me rattraperai demain.
Je débarrasse mon assiette avant de prendre mon sac.
La porte de l'entrée s'ouvre devant moi sur un grand homme, brun et matte, de l'âge de ma mère.
- Holà, chicas.
Nicholas Jonhson, un ami de longue date. Mi-mexicain, mi-américain, il fait parti de notre famille. Je soupçonne même qu'il se passe quelque chose entre ma mère et lui.
- Holà Nick, crie ma mère de la cuisine.
- Salut, dis-je à Nick en le prenant dans mes bras.
- Tu sors ? Me demande-t-il.
- Ouai, je vais chez Cam.
- D'accord. À demain alors. Si t'as un soucis appelle-moi ok ?
- Oui, chef Johnson, me moqué-je. A demain.Hasta luego mama.
Je quitte la maison. Laissant ma mère et notre ami. Finalement elle aura une paire de main en plus pour l'aider ce soir. C'est bien qu'elle ne reste pas seule.
Nick est un des flics de Phœnix. Il est celui qui nous a permis d'avoir nos papiers américain quand nous avons quitté le Mexique. C'est grâce à lui que nous sommes en sécurité aujourd'hui, loin des problèmes que peuvent rencontrer des mexicaines comme nous.
Je rejoins sans tarder la grande villa. Cette bâtisse est énorme. Elle est de plain pied. Toute de pierre brute vêtu, avec de grandes baies vitrées et des murs extérieurs beiges. Dans des tons neutres rappelant le désert.
Je traverse rapidement la grande baraque jusqu'à la chambre de ma meilleure amie d'où sort de la musique.
J'entre.
- Te voilà ! J'avais besoin de ton avis.
Elle me montre deux robes.
- La noire, épaules nues ou la rouge, décolleté plongeant ?
Je la regarde hésitante. Avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds brillants, tout lui va.
- Je dirai la rouge.
- Ok, je mets la noire. Tiens.
Elle me jette la robe rouge dessus, que j'intercepte inextremiste. J'éclate de rire à son changement d'avis soudain. Du vrai Cameron.
Nous nous habillons rapidement avant de passer au maquillage.
Alors que je pense opter pour un rouge à lèvre nude. Elle m'arrête.
- Tu rigoles j'espère.
- Bah quoi ?
- T'es celib et tu veux mettre du nude ? IM-PO-SS-IB-LE.
- Et pourquoi ?
- Oh, la, la. Il faut vraiment que je refasse ton éducation. Ma chérie, il faut que tu sois une bomba Latina. Et quoi de mieux que quelque chose de pétant.
Un sourire, qui signifie : t'inquiète je gère, se dessine sur son visage.
Elle cherche dans sa trousse à maquillage et en sort un rouge à lèvre Dior rouge de la même teinte que ma robe.
- Mets celui-là, ordonne-t-elle.
Dans un fou rire, j'applique le rouge sur mes lèvres pulpeuses. Heureusement que je n'avais pas trop maquillé mes yeux. Un peu de paillette et du mascara suffisent pour accompagner cette couleur de lèvre. Il est vrai qu'au quotidien je ne suis pas très maquillage, j'applique seulement un peu de mascara pour allonger mes cils mais tout l'avantage d'avoir des origines comme les miennes est que nous avons de long cils et des sourcils fournis. En plus j'ai une génétique plutôt correcte qui me donne une belle peau.
Un peu le contraire de Cam. Elle, elle adore se maquiller beaucoup. Faire des full face. Et tenter des nouveautés sur les yeux. Pour ce soir par exemple, elle a collé des strass sur sa paupière pour former un liner. Cette fille est pétillante.
Je détache mes cheveux, maintenus par une pince et replace ma longue chevelure noire bouclée histoire de ressembler à quelque chose.
- Je suis prête, annoncé-je à Cam après avoir enfilé une paire de sandales à talon dorée.
- Tout pareil, ma biche. J'attends juste le message de mon chauffeur et ce sera bon.
- Super. Il y aura qui à cette soirée ?
Elle fait style de réfléchir.
- Joshua ? La taquiné-je.
- C-Comment ?
- J'ai vu ton tel la dernière fois, m'expliqué-je en faisant un clin d'œil.
- Merde. Ne dis rien.
- Je ne dis rien si tu m'expliques.
Elle se mord la lèvre, hésite, puis s'assoit sur son lit pour commencer.
Bon d'accord. C'est assez compliqué. Il travaille avec mon frère à Washington, donc il voyage beaucoup. En plus, c'est son meilleur ami. Mais depuis peu on flirt légèrement, lui et moi. Petit message, retrouvaille en cachette quand il est en ville... Enfin bref c'est assez secret quoi.
Le frère de Cameron dirige une partie de la boîte de leur père à l'autre bout du pays et Joshua fait partie de son équipe de boulot. Depuis que je suis là, je ne les ai jamais vu, surtout son frère. Il est assez discret. Et ne rentre que très rarement. De ce que je sais, il est en froid avec ses parents. Même si je le croisai, je ne saurai pas que c'est lui.
- Vous avez déjà ... ?
- Non jamais. Mais si il est là ce soir j'espère bien.
- Oh coquine !
- Bah quoi faut bien s'amuser un peu.
- Mais ça ne pose pas de problème à Meagan ?
Meagan est la petite sœur de Joshua et aussi l'une des amis de Cam.
- Euh... je ne sais pas en vérité. Mais si c'est qu'un flirt, elle n'a pas besoin de savoir. Si ?
- Non, non, me moqué-je.
- Et toi alors quel est ton plan pour ce soir, madame je viens de rejoindre le club des célibataires et je fais ce que je veux ?
Franchement, profiter me paraît être un bon plan.
- Je vais m'amuser, boire et si un inconnu passe par là...
- Ouhhh ! Tu parles de moi mais t'es pas mal comme libertine.
- Libertine ? Ricané-je.
- Oui, bon j'ai trouvé que ça comme mot pour te décrire cher Ama, souffle-t-elle en rigolant.
Le téléphone de mon amie vibre.
- Ah c'est bon. Le chauffeur est là.
Que la fête commence.
- Elle passe son bras autour de mes épaules et nous entraîne vers l'extérieur de la maison.
Alors qu'un homme nous ouvre la portière de la limousine. Ma meilleure amie se tourne vers moi.
- C'est parti pour une soirée d'enfer !
J'hoche la tête pour valider.
Quand nous sommes installées, elle débouche une bouteille de champagne et nous sert des grandes coupes, bien remplies.
Go me foutre minable pour oublier que je me suis fait prendre pour une bouffonne.

The weakness of the heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant