Esquive

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Depuis lundi soir, je me sens comme oppressée. Entre les nouvelles que Johnson nous a apporté et les menaces de mon nouveau voisin, ma tête a décidé de m'en faire voir de toutes les couleurs. Je stresse pour un rien, mon estomac refuse que j'avale quoique ce soit à part de la caféine, je dors par tranche de deux heures et ça c'est seulement si j'ai la chance de m'endormir. Tout ça pour dire que mes angoisses et mes réticences sont de retour après une lutte acharnée contre elles.

En même temps, il y a de quoi.

Tout d'abord le frère de ma meilleure amie avec qui j'ai passé une nuit sans que je sache sa vraie identité, me menace pour que je ne révèle rien sur cette soirée. En plus, il me manque de respect et utilise son avantage physique sur moi. Demander gentiment les choses c'est pas si difficile pourtant. Ce qui m'a le plus mis en rogne, est la façon qu'il a eu de me mettre dans une case « je connais les filles comme toi... » Gnagnagna « ... ferme ta jolie boca ». C'est ça l'Amérique ? Des hommes riches qui profitent de femmes de couleurs avant de les traiter comme de la merde. Très classe. Avec cette attitude, il aurait mérité que je le gifle et même que je balance à Cameron.

Qu'est-ce qui t'en empêche ?

Lui.

La force avec laquelle il a serré mon poignet, m'a laissé des traces. J'ai gardé la marque de ces doigts sur ma peau. Une marque qui me rappelle que dans cette voiture j'ai été vulnérable face à son agressivité. Que je n'ai même pas réagit. Que je me suis laissé faire. Évidemment, il ne s'est pas arrêté là. Il m'a fait promettre de me taire. Chez moi une promesse ne se rompt pas.

On s'en fout ! Il est dangereux.

Mais si ce n'était que ça j'aurais pu gérer. Seulement, Nicholas en a rajouté une couche avec le retour du cartel. L'une des choses qui me fait encore plus flipper que mon connard de voisin c'est bien le cartel. Depuis quelques années, celui-ci est resté assez tranquille. Assez pour que nous n'ayons pas à nous soucier d'eux. Même si nous faisons toujours attention. Cependant qu'il soit de retour dans le coin ne va pas arranger nos affaires. Nous devons redoubler de vigilance. Surtout s' ils finissent tous butter, ou avec une balle dans le ventre, à l'hôpital dans lequel je bosse. Je ne sais pas ce qui les a fait revenir ici, j'espère simplement qu'il ne s'agit pas de ma mère et moi.

Pour éviter de penser à l'ensemble des choses négatives qui me tombent sur la tête, j'ai trouvé refuge dans le boulot.

Comme le sommeil n'était pas au beau fixe, j'ai choisi de prendre des gardes de nuit aux urgences, ce qui n'est pas pour déplaire à mes collègues. Au moins quand je rentrais à la maison, mon voisin était déjà parti et quand je partais travailler le soir, il n'était pas encore rentré. Grâce à ça, j'ai réussi à l'éviter toute la semaine.

The weakness of the heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant