II - Une partie de la vérité

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Pdv adam:

- Alors? Elle va bien?

Je m’assois dans le deuxième canapé, sous le regard insistant de cette jeune fille. Elle attend que je m’explique, mais je ne sais par où commencer. Le principal prend place à son bureau et, voyant ma gêne il prend la parole :

- Bon... Ce monsieur a quelque chose à vous dire. Je vais rester là, mais je ne me mêlerai pas de votre conversation. En revanche vous restez sous mon autorité, alors soyez polis, écoutez-le jusqu'au bout. Je pense que cela occupera votre esprit le reste de la journée, alors je vous ai fait des dispenses pour le reste de la journée. Vous pourrez rentrer une fois que nous en aurons fini ici… Adam c’est à vous.

N’ayant plus le choix, je me lance donc.

- Je ne pourrai pas tout vous dire car il ne m’appartient pas de vous raconter cette histoire. Je suis venu m’excuser auprès de vous quatre, ou plutôt trois puisque votre ami n’est pas là...

- Ce n’est pas notre ami ! me coupe l’un des frères.

- John la ferme, râle Cassandra.

- Bref, ami ou pas je lui dois des excuses également. Mais je vous demande de ne pas lui en parler. Je tiens à ce que tout ce que je vais vous dire ici reste entre nous, Vanessa ne sait pas que je suis venu vous…

- Tu sais où est Nessa ?!

Cette fois-ci c’est le deuxième frère qui me coupe.

- Pas d’interruptions les garçons. Intervient le proviseur.

- Vanessa est ma petite sœur. Je suis venu m’expliquer sur sa disparition. Si vous n’avez plus d’objections, je vais vous raconter...

- Dites nous d'abord, intervint la jeune fille. Elle va bien?

- Elle fait au mieux. Laissez moi vous expliquer, et ensuite je répondrais à toutes les questions.

Ne rencontrant aucune objection, je commence mon récit, fixant mon regard sur mes mains noués au-dessus de mes genoux, n'ayant pas le courage d'affronter les trois paires d'yeux face à moi.

- Il y a deux ans, j'ai été appelé à la fac pour m’informer d’un grave incident. Je ne peux pas entrer dans les détails, mais tout s’est passé tellement vite. Je buvais un coup avec des amis, et la minute suivante ... Mes parents étaient morts...  Ma soeur dans le coma.

Je marque une légère pause pour masquer le tremblement dans ma voix. Alors que Cassandra, tente de retenir un hoquet de surprise.

- Tout est allé très vite, je ne voulais pas rester une minute de plus dans cette ville qui m’avait pris presque toute ma famille. Alors en quelques jours seulement, j’ai organisé les obsèques de mes parents, puis le transfert de ma soeur dans un hôpital proche de ma faculté à l’autre bout du pays… Les médecins étaient septique quand à ses chances de survie, alors je restait auprès d'elle et ne pensais à rien d'autre, pour être honnête, je ne voulais pas perdre de temps à vous chercher, pensant que ses jours étaient comptés…C’était égoïste de ma part, mais si elle devait mourir je pensais être le seul dont elle avait besoin, le seul qu’il lui restait comme elle l’était pour moi.

- J’ai eu tort... Quand elle s’est réveiller, les médecins ont crié au miracle, on ne s’y attendait pas. Mais la Nessa que nous connaissions tous avais disparue… C’était vraiment difficile pour elle qui était en état de choc.Trois mois avais passer pour le reste du monde alors qu'elle avais la sensation d'avoir vécu le pire la veille seulement.

- Ensuite, pendant des mois elle n’a pas pu prononcer un seul mot. Malgré son mutisme elle a repris les cours et le sport. Mais c’est comme si elle était complètement éteinte, morte à l’intérieur.

- Ma mère disais que vous étiez sa deuxième famille. Je lui ai souvent demandé si elle voulait que je vous contacte pour vous expliquer la situation. Mais elle répondait toujours non… Que c’était trop tard, trop difficile.

- Un jour je n’en pouvais plus de son silence, ça faisait neuf mois qu’elle était sortie du coma mais ne faisait rien pour redevenir elle-même. J’étais vraiment à bout et ne savais plus quoi faire, je l’ai menacée de vous appeler... C’est là qu’elle a prononcé ses premières paroles. Elle a dit mot pour mot « je pense qu’ils me haïssent aujourd’hui. Je préfère cela plutôt qu’ils se détestent eux-mêmes de m’en avoir voulu sans connaître mes raisons. Je ne veux ni leur faire de mal, ni leur faire pitié. » ... Elle pensait qu’il était déjà trop tard pour vous contacter au moment même où elle s’était réveillée. Elle ne m’a jamais rien reproché mais je pense que j’ai gâché votre amitié en ne vous prévenant pas le jour même...

- …Je ne vous demande pas de pardonner, mais si vous devez en vouloir à quelqu’un, ne vous en prenez pas à elle, tout est de ma faute. J’aurais dû vous chercher et vous contacter, j’aurais dû vous laisser venir auprès d’elle... Je ne saurais jamais vous exprimer à quel point je suis désolé pour tout cela. J’ai brisé ma sœur encore plus qu’elle ne l’était déjà…

Un silence pesant s’installe dans la pièce, je relève enfin la tête. Cassandra a fondu en larmes, malgré ses dix-sept ans, à cet instant-là elle semble avoir vécu tous les malheurs du monde. Elle pleure en silence, les jumeaux assis chacun d’un côté de leur amie lui caressent le dos.

Cet instant ne dure sûrement que quelques secondes, mais j’ai l’impression qu’il se passe une éternité avant que l'un d'eux ne réagisse enfin. Cassandra essuie ses larmes avec ses manches et se redresse reprenant sa contenance.

- Je vous l’avais dit non ? Pendant que vous imaginiez tout et n’importe quoi, je vous disais de lui faire confiance, vous êtes vraiment des abrutis, elle dit en frappant l’arrière du crâne des deux frères, qui tout penaud ne savent comment réagir...

- Bref, reprend t-elle en me fixant sérieusement, tous les trois on a toujours su qu’elle avait forcément une bonne raison. On était bien loin de la vérité et nos scénarios manquaient cruellement de réalisme, mais Nessa nous manque énormément, laissez-nous reprendre contact avec elle et nous vous pardonnerons.

- Justement, je reprends. J’ai décidé de la ramener ici. Elle sera au lycée avec vous lundi matin.

À cette nouvelle, les amis de ma sœur se réjouissent à cœur ouvert. Leurs expressions changent pour laisser place à la joie et l’excitation. Nous restons une heure encore à discuter dans le bureau et je leur fait promettre de ne pas parler à Nessa de ma venue.

D’ailleurs je doit encor réfléchir à la façon de lui annoncer notre retour.

J’espère que retourner à ses racines lui redonnera un peu de joie de vivre.

Perdu de vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant