VII - Hémoglobine

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Pdv Nessa:

Après avoir attaché mes cheveux, je commence à me déshabiller. Enlevant mon t-shirt, je remarque mon reflet dans le miroir et me fixe un instant. Toutes ces cicatrices qui parcourent mon corps n’ont de cesse de me rappeler les événements de cette nuit-là. Ces plaies qui, même cicatrisées, continuent de saigner à chaque fois que je pose les yeux dessus. Ou bien lorsque je passe mes doigts, ressentant les fissures sur ma peau lisse, elles se rappellent à moi pour me remémorer les supplices de cette nuit-là.

Ces blessures qui continuent de me vider petit à petit, ce n’est pas de mon sang qu’elles se nourrissent, mais de mon âme qu’elles emportent dans la tourmente. Je n’ai jamais vraiment ressenti de douleur physique, les médecins m’ont diagnostiqué un truc compliqué, une « Analgésie congénitale » qui s’explique par le fait que je ressens très peu, voire pas du tout la douleur. Si seulement il pouvait en être de même pour mon esprit, si je pouvais l’anesthésier et ne rien ressentir de néfaste. Tout serait tellement plus simple.

Après ma douche, je m’installe dans mon lit. Ce sentiment d’angoisse me prend de nouveau à la gorge, j’ai cette boule au ventre à chaque fois qu’une nouvelle journée se termine. Et pour cause, je sais ce que je vivrai une fois de plus à la nuit tombée.

Les jours auront beau être merveilleux, la nuit y succèdera toujours...

Et la nuit me terrifie...

~~~~~

Devant mon portail, Thomas m’embrassa puis me chuchota à l’oreille « À lundi Nessie. Je t’aime ». Je lui tapai sur l’épaule en faisant mine de bouder, il savait que je n’appréciai guère qu’il me donne le surnom du monstre du Loch Ness. Il posa délicatement ses lèvres sur les miennes avant de partir en souriant. Je le regardai s’éloigner sous la lumière des lampadaires, je ne le verrai pas demain, il va me manquer. Avant qu’il ne fût trop loin, je lui criai que moi aussi, je l’aimais, le traitant également d'imbécile.

Je n’étais pas sûre qu’il m’ait entendue. Une fois hors de ma vue, je me décidai à entrer, traversant le jardin puis posai mon sac à terre dans l'entrée et me penchait pour enlever mes chaussures. Mais une tache sur le marbre blanc attira mon attention. Des gouttelettes pourpres traçaient un chemin en provenance du salon. Je les ai suivis, les yeux rivés sur le sol. Plus j’avançai et plus, elles s'agrandissaient. Ensuite, je me stoppai devant cette mare de sang.

Jamais je n’en avais vu autant.

Pouvait-on seulement survivre après en avoir perdu une telle quantité ?

Je levai alors mes yeux pour voir la scène d’horreur qui s’offrait à moi. Leur sang coulait de multiples blessures, parcourant leurs corps inertes pour s’échouer au sol et se perdre à leurs pieds, s’unissant enfin dans une même flaque.

⚠️ ⚠️ ⚠️ contenu sensible ⚠️ ⚠️ ⚠️

Assise sur une chaise, ses pieds nus baignaient dans le sang. Son pyjama de soie bleu clair était taché de ce même liquide rouge et déchiré en plusieurs points auxquels elle avait probablement dû être poignardée. Ses épaules penchaient en avant. Seules ses mains liées à l’arrière de la chaise l’empêchaient de chuter. Ses cheveux blonds en bataille tombaient comme un rideau sur son visage, dissimulant à peine sa peau meurtrie par des taches bleues et violacées. Plusieurs entailles sur ses joues laissaient des traînées rouges jusqu’à ses épaules. Ses yeux révulsés avaient perdu toute trace de vitalité. À première vue, il était certain qu’elle ne vivait plus.

Perdu de vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant