Chapitre 1 : Ouragan

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La ville de New York s'étendait sous mes pieds, une mosaïque de lumières et de bruits. J'étais là, seule dans mon petit appartement, une artiste cherchant refuge dans les couleurs. Mes pinceaux glissaient sur la toile, traçant des lignes qui semblaient se perdre dans l'infini. Mon refuge, mon monde, un monde où le passé n'avait pas de place.

Soudain, une migraine fulgurante ébranla mes pensées. La douleur, une vieille amie revenue me hanter. Les séquelles de ma bataille contre la tumeur cérébrale surgissaient toujours au moment le plus inopportun. Je fermai les yeux, essayant de la chasser, mais elle persistait, comme un rappel persistant de ma fragilité.

Pourtant, je ne me laissai pas vaincre. Mes doigts agiles continuèrent leur danse sur la toile, transformant la douleur en coups de pinceau. Mon tableau prenait forme, une représentation tumultueuse de la vie elle-même. Un tourbillon de couleurs vives se mêlant dans un chaos maîtrisé, reflétant peut-être un peu trop bien ma réalité.

Lorsque j'eus terminé, mes yeux se posèrent sur la toile. Une ville en feu, des flammes s'élevant vers un ciel obscurci par des tourbillons de fumée. C'était à la fois captivant et troublant, une métaphore silencieuse de ma propre existence.

Le cri strident de mon téléphone me tira de ma contemplation. C'était ma mère. Son accent anglais résonnait à travers la ligne. "Joyeux anniversaire, ma chérie !" dit-elle avec enthousiasme.

"Merci, maman," répondis-je d'une voix lasse. "Tout va bien ici à New York."

Elle me parla des nouvelles de la famille en Angleterre, des anecdotes joyeuses qui semblaient si lointaines. Puis elle me souhaita une excellente soirée d'anniversaire pour mes 24 ans et raccrocha. Ma famille était loin, et je restai seule dans l'écho de mon petit appartement

Je posai le téléphone, regardant la toile encore fraîche. La soirée, c'était une autre histoire. "Grosse fête avec les amis", lui avais-je dit. Un mensonge bien intentionné pour éviter les inquiétudes maternelles. La réalité était bien plus sombre. Je n'avais pas d'amis, et la perspective d'une soirée solitaire me semblait être le reflet fidèle de ma vie.

Je soupirai, me laissant tomber sur le canapé. La solitude m'enveloppait comme une ombre familière. Cependant, une étincelle de rébellion s'alluma en moi. Pourquoi rester enfermée ? Pourquoi ne pas défier la solitude et me confronter à la ville qui ne dormait jamais ?

Je me levai, secouant mes pensées négatives. Le miroir me renvoya l'image d'une jeune femme aux cheveux ébouriffés et aux yeux empreints d'une lueur d'indépendance. Je m'habillai avec désinvolture, ignorant les conventions. Aujourd'hui, c'était mon jour, et je refusais de me laisser abattre par la monotonie.

La porte de mon appartement se referma derrière moi, me libérant dans les rues animées de New York. La nuit était ma complice, et je marchais, une rebelle solitaire naviguant à travers l'éclat artificiel de la ville qui ne dormait jamais.

Les rues de New York résonnaient de vie, chaque coin recelant une histoire à découvrir. Les lumières des enseignes clignotaient, guidant mes pas dans une danse chaotique. J'errais sans but précis, captivée par le rythme incessant de la ville.

Au détour d'une ruelle, une mélodie entraînante émanait d'un petit bar. Les notes de musique semblaient me murmurer une invitation. Peu importait que je sois seule, c'était mon anniversaire, après tout. Je poussai la porte du bar, laissant derrière moi le tumulte de la rue.

À l'intérieur, l'atmosphère était électrique. Des rires, des conversations animées, et une légère odeur de bière. Le barman m'adressa un sourire compréhensif alors que je m'installais sur un tabouret solitaire.

Mark & AurélieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant