P2 / Chapitre 26 : Je t'aime

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La scène était surréaliste. Nous étions pris au piège à l'intérieur de la banque, entourés par les sirènes hurlantes et les lumières aveuglantes des voitures de police. La pression montait, l'adrénaline pulsait dans mes veines. La seule option était de fuir, de tenter une course poursuite désespérée pour échapper à cette nasse policière.

Maxime prit le volant, Johan à ses côtés, Ludwig et moi-même à l'arrière de la voiture. Les pneus crissèrent sur le bitume, et la cavalcade commença. Les rues d'Anchorage défilaient, chaque tournant, chaque intersection, portant la promesse d'une évasion ou de la capture imminente.

Les policiers, déterminés à nous arrêter, nous poursuivaient à travers les artères de la ville. Les phares des voitures de patrouille se reflétaient dans les miroirs rétroviseurs, nous incitant à accélérer davantage. L'étau se resserrait. Chaque instant était une lutte pour la survie.

Maxime manœuvra habilement, esquivant les barrages policiers, slalomant à travers les rues comme un funambule sur le fil du destin. Johan, Ludwig et moi-même retenions notre souffle à chaque virage serré, chaque éclat de pneu qui résonnait dans l'air.

La tension était palpable, la peur insidieuse s'insinuait dans nos veines. Malgré l'excitation de la fuite, la réalité brutale de notre situation s'imposait. Nous étions des criminels en cavale, traqués par les forces de l'ordre.

Soudain, la situation dérapa. Une fusillade éclata entre nous et les policiers. Les balles sifflèrent dans l'air, le bruit assourdissant des tirs ajoutant une couche de terreur à notre course effrénée. Dans ce chaos, nos camarades d'armes, Maxime, Johan et Ludwig, furent atteints mortellement.

Leurs corps s'effondrèrent dans la voiture, le rêve d'une vie meilleure abruptement interrompu. Le silence succéda à l'effervescence, et la cruauté de la réalité se révéla. Mark, impuissant, contempla la mort de ses amis, la culpabilité tordant son cœur.

Des larmes silencieuses coulèrent sur mon visage alors que je m'inclinai devant les corps inertes. "Je suis désolé. J'aurais dû vous épargner ça", murmurais-je, une prière inutile pour des âmes déjà éteintes. Les regrets m'étouffaient alors que je réalisais l'étendue de ma folie égoïste.

Pourtant, il fallait continuer. Il fallait survivre. Avec une détermination résignée, je sortis de la voiture, changeai ma tenue tachée du sang de mes amis défunts. La fuite devint solitaire, une ombre égarée dans la nuit urbaine.

Revenu à mon appartement, une scène macabre m'attendait. Aurélie, déjà fragile et perdue dans les méandres de la drogue, gisait inconsciente. Des traces d'aiguille sur son bras témoignaient de la descente aux enfers qu'elle avait entreprise en mon absence. La réalité m'assaillit, les conséquences de mes choix manifestes dans chaque coin de la pièce.

Je tombai à genoux devant elle, les larmes coulant sans retenue. "Aurélie, non", sanglotais-je. Le prix de mes actions se déployait devant moi, et la culpabilité me consumait.

La pièce était remplie d'un silence funèbre, seulement brisé par mes sanglots désespérés. Aurélie, étendue devant moi, semblait figée dans une tranquillité mortelle. Des stigmates de son addiction déformèrent son visage, et ses yeux ne reflétaient plus que le vide. Un frisson de panique me parcourut.

Avec une urgence désespérée, je tentai de réanimer Aurélie. Des compressions thoraciques maladroites, des appels désespérés à son nom, mais aucune réponse. Le monde s'effondrait autour de moi. Une réalité inexorable se forma : Aurélie était en train de mourir, et je me retrouvais à lutter contre les ténèbres qui engloutissaient son être.

Les secondes s'étiraient en une éternité. Face à l'agonie de l'amour de ma vie, deux choix atroces s'offraient à moi. Composer le numéro d'urgence, sauver Aurélie mais sceller mon propre destin, ou tenter une intervention désespérée sans compétences médicales et risquer l'inévitable. Mes mains tremblaient, mon cœur cognait contre ma poitrine, déchiré par une décision cruciale.

Dans une ultime folie, je choisis la seconde option. Une vaine tentative de ranimer Aurélie. Mon esprit était un tumulte de regrets et de douleur, mais ma tentative fut vaine. Aurélie, peu à peu, sombra dans un silence qui hurlait dans le vide.

La réalité de son décès me heurta de plein fouet. La femme que j'aimais avait été arrachée de ma vie par mes propres choix délétères. Des larmes amères m'inondèrent le visage alors que je continuais à pleurer son nom, espérant en vain un miracle.

La culpabilité me dévora de l'intérieur. La froide réalité de ma responsabilité dans cette tragédie déchirait mon âme. Aurélie était morte, et j'étais le bourreau involontaire de son destin.

Conscient des conséquences qui découlaient de mes actes, je pris une décision difficile. Mes sanglots résonnaient dans l'appartement tandis que je faisais mes bagages fiévreusement. Appeler une ambulance aurait signifié mon arrestation immédiate, un inévitable châtiment pour mes crimes passés.

J'avais le choix entre payer pour mes fautes ou fuir, laissant derrière moi un océan d'amertume et de chagrin, je quitta mon appartement disant une dernière fois à Aurélie que je l'aime même si je savais que ce n'était que son cadavre et qu'elle était déjà partie.

Un appel à un collègue de confiance me permit d'obtenir une nouvelle identité. Les rouages d'une vie que je pensais pouvoir bâtir s'effondraient dans le chaos, laissant place à une fuite précipitée vers l'inconnu. Les pleurs d'Aurélie, gravés dans ma mémoire, me hantaient à mesure que je quittais l'appartement, abandonnant tout ce qui avait jadis donné un sens à ma vie.

Mon chemin me guidait vers le Texas, comme si les vastes étendues de ce territoire et mon passif là bas pouvaient purger mon âme de ses péchés. Une nouvelle identité, une nouvelle vie, un exil volontaire pour échapper aux vestiges de mon passé déchu. La porte se referma derrière moi, l'appartement silencieux demeurant en arrière-plan, témoignage muet de mes choix funestes.

Je parta sur une route incertaine vers la rédemption ou la perdition, guidée par des choix qui hantaient l'ombre de mes pensées.

Mark & AurélieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant