P2 / Chapitre 19 : Quelqu'un que je pourrais aimer

2 3 0
                                    

La fraîcheur matinale enveloppait la ville de Monterrey, au Mexique, alors que William et moi observions depuis l'ombre, repérant notre prochaine cible. La maison imposante se dressait dans le quartier nord, symbole de richesse et d'opulence. Les rideaux délicats ondulaient doucement dans la brise légère, préfigurant un début de journée ordinaire.

Le propriétaire, un homme d'affaires fortuné, émergea de sa demeure, saluant son chauffeur avant de s'éloigner dans son luxueux véhicule. C'était le signal que nous attendions. La villa serait notre terrain de chasse pour aujourd'hui.

Nous nous faufilâmes silencieusement par la porte de derrière, des outils spéciaux en main. La maison semblait endormie, mais nous savions que derrière chaque porte se cachaient des trésors et des secrets. Les pas feutrés et les chuchotements synchronisés trahissaient l'expérience que nous avions acquise au fil des années.

Le plan se déroula sans accroc apparent. Les alarmes furent désactivées, les coffres-forts forcés, et les bijoux soigneusement emballés. Les objets de valeur s'accumulaient dans nos sacs, une moisson fructueuse alimentée par la cupidité et l'habileté. Cependant, le danger persistait, et la réalité de notre métier criminel nous poussait à rester vigilants.

Alors que nous nous apprêtions à quitter la scène, l'inattendu se produisit. Un bruit sec résonna dans la pièce, et William s'effondra, touché au flanc par un tir de fusil à pompe. La douleur marqua son visage, mais l'urgence de la situation nous laissait peu de temps pour la compassion.

La femme de l'homme que nous avions cambriolé, cachée dans l'ombre, venait de faire irruption dans la pièce, un fusil à la main. Ses yeux brillaient de fureur et de détermination. Nous n'avions pas anticipé la présence d'une tierce personne. Le monde s'effondrait autour de nous.

Je saisis William et, malgré la gravité de sa blessure, nous réussîmes à nous échapper. La moto rugissante fendit l'air alors que la police, alertée par le tumulte, convergait vers la scène du crime. La femme vociférait derrière nous, tirant à l'aveuglette, mais la fuite était notre seule option.

La moto tracée à travers les rues étroites de Monterrey, la tension électrisant l'air. La poursuite s'intensifiait, mais l'adrénaline brouillait le paysage, ne laissant que la route et l'évasion comme horizon. La réalité de notre existence criminelle était cruelle, et chaque cambriolage exacerbait le risque et la complexité de notre monde délictueux.

Les jours s'écoulaient dans une triste routine. Les nuits étaient ponctuées de cauchemars hantés par le spectre de William. Chaque billet volé semblait être imbibé de son sang et marqué par son souvenir. Mon désir de créer un avenir stable pour Aurélie et Arthur était en conflit constant avec les choix sombres que je faisais pour y parvenir.

Aurélie percevait mon malaise, mais la véritable nature de mes activités restait soigneusement dissimulée. Les caresses dans la nuit étaient devenus des moments fugaces de réconfort, une tentative de noyer les regrets dans un océan d'affection. Pourtant, la lueur dans ses yeux trahissait le doute latent, une compréhension sourde des secrets que je gardais.

Un jour, alors que je jonglais avec les masques de père aimant et de criminel sans remords, la vie me rattrapa. Une lettre anonyme, écrite en lettres découpées dans des journaux, était déposée à notre porte. Le message succinct révélait que quelqu'un connaissait la vérité sur mon passé, sur les braquages, et menaçait de tout dévoiler.

La paranoïa s'immisça dans notre quotidien. Chaque regard dans la rue, chaque son de pas, alimentait la crainte de la découverte imminente. Le voile fragile que j'avais tissé commençait à se déchirer. Aurélie, trop investie dans sa propre bataille avec la maladie et la peur de perdre Arthur, n'avait pas encore saisi l'ampleur du danger.

Pendant ce temps, je continuais mes activités criminelles, cherchant à amasser une fortune qui pourrait éloigner les menaces. Les liens avec mes complices néonazis, cependant, s'avéraient être un fardeau. Leur idéologie toxique et leurs ambitions démesurées semaient la discorde, menaçant l'équilibre fragile que j'essayais de maintenir.

Un jour, alors que la pression atteignait son paroxysme, une rencontre fortuite changea le cours des événements. En marchant dans la rue, je fus accosté par un homme énigmatique, qui se présenta comme un ancien membre du groupe néonazi. Ses yeux pénétrants semblaient percer les couches de ma vie, révélant une compréhension profonde de mes dilemmes.

Il m'expliqua que le groupe commençait à se fragmenter, rongé par la suspicion et la paranoïa. Il connaissait mes motivations, mes déchirements intérieurs, et il me proposa une voie de sortie. Une chance de me libérer des chaînes qui liaient mon destin à un avenir sombre et incertain.

De retour à la maison, les ombres du passé semblaient plus oppressantes que jamais. La lettre anonyme n'était qu'une prémisse de la tempête imminente. L'urgence de prendre des décisions cruciales s'imposait, mais la peur de tout perdre, y compris Aurélie et Arthur, me paralysait.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

La journée s'annonçait banale, mais le destin avait décidé d'interférer avec la quiétude apparente de ma vie. En tant que serveuse dans ce café, je jonglais avec les commandes et les sourires forcés. Puis, il est entré.

Un homme, apparemment ordinaire, m'a commandé un thé et une gaufre. Lorsque je lui ai apporté sa commande, son regard s'est durci, et sa main a atterri sur la mienne avec une fermeté qui a éveillé mon inquiétude. C'est à ce moment-là qu'il a sorti un badge du FBI, s'identifiant comme l'agent Karl.

Sous le choc, j'ai tenté de dissimuler ma nervosité derrière un sourire. Il m'a demandé ce que je savais sur le braquage de la First Central Banque à New York il y a quelques années. Mon cœur a raté un battement, et l'angoisse s'est insinuée dans mon esprit. C'était le braquage que Mark avait orchestré avant notre cavale.

Avec une maîtrise que je n'aurais jamais cru avoir, j'ai feint l'ignorance. L'agent Karl, complice, m'a tendu une carte avec les coordonnées de son collègue, l'agent Landon. Il m'a assuré qu'ils apprécieraient toute information que je pourrais fournir.

Lorsqu'il a quitté le café, mon cœur battait la chamade. Je me suis précipitée vers la salle de pause, cherchant frénétiquement mon téléphone. Mes doigts tremblaient en composant le numéro de Mark.

« Mark, tu dois m'écouter. Un agent du FBI, Karl, est venu me voir au café. Il sait quelque chose sur le braquage. »

La voix de Mark, initialement calme, s'est crispée à l'autre bout du fil. Une série de questions et de réponses rapides ont suivi. Il semblait tout aussi désemparé que moi. Nous avons convenu de nous retrouver après mon travail pour discuter de la situation.

Le reste de la journée s'est écoulé dans une nébuleuse d'angoisse. Mes gestes automatiques de serveuse étaient désormais empreints d'une tension que je ne pouvais pas cacher. Les regards curieux des clients semblaient percer ma façade, et je priais pour que l'agent Karl ne revienne pas pendant mon service.

Enfin, le crépuscule a enveloppé la ville, et j'ai pu quitter le café. Mark m'attendait dans l'ombre d'une ruelle voisine. Son visage, d'ordinaire assuré, portait les stigmates de l'inquiétude.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » m'a-t-il demandé dès que je l'ai rejoint.

J'ai résumé la rencontre avec l'agent Karl, lui donnant les détails essentiels. Mark semblait calculer chaque mot, chaque risque. Après un moment de silence, il a soupiré.

« Nous devons rester calmes. Nous ne pouvons pas nous permettre de paniquer. »

Cependant, la peur était déjà ancrée dans nos esprits. Notre futur, déjà précaire, vacillait sur le fil tendu de nos secrets.


Mark & AurélieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant