Chapitre 5 ✅️

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Un Charm m'attend à la sortie des douches. Il se tient droit comme un piquet, une expression de lassitude plaquée sur le visage. Sans aucune gêne, il me pointe du doigt.

- Toi, la nouvelle, mets tes affaires dans la trappe et récupère ton numéro de cellule, commence-t-il.

Il baisse les yeux sur mes mains vides, soupire ennuyé avant d'enchaîner :

- Ah, une morte avant toi. Va juste récupérer ta plaque alors.

Je fronce les sourcils, envahie par l'incompréhension. Pourquoi a-t-il changé d'avis aussi vite ? Je ne dois pas mettre mes vêtement ici si une jeune femme meurt avant moi ? À cause du poison dans les savons ?

Mettant de côté mes questions, je m'approche d'une table collée au mur, à gauche de l'entrée du couloir. Au centre, sur la nappe délavée, trône une petite boîte contenant des rectangles en fer gravés. J'y plonge la main, fouillant pour trouver mon numéro. Au vu du nombre de plaques, je suppose qu'on est un peu plus d'une trentaine à être arrivée aujourd'hui. En seulement un jour, ça fait beaucoup...

Je n'avais pas réalisé que les criminels portaient des plaques gravées de leur numéro de cellule. C'est d'ailleurs étonnant qu'on nous laisse en possession d'un rectangle en acier avec une sorte d'aiguille au dos. Ils n'ont pas peur qu'on s'en serve ?

Lorsque je trouve l'objet, je questionne le Charm sur ce que je dois faire. Sans réelle surprise, il m'ordonne de continuer le couloir et de rentrer dans la pièce suivante.

À peine ai-je passé le cadre de la porte que mon regard balaie la salle à la recherche d'une chevelure rousse parmi la masse de personnes présente. J'espère qu'elle s'en est sortie.

Je slalome entre les criminelles, cherchant la femme qui deviendra peut-être une alliée de taille. En plein milieu de la pièce, je me fais stopper dans ma progression d'une pression sur mon épaule. Je me retourne d'un geste brusque, le cœur battant, prête à fuir au moindre problème. Mes yeux rencontrent une silhouette mince, des cheveux rouges. Soudain soulagée, un soupir m'échappe alors que la tension de mes muscles qui s'étaient contractés au soudain assaut, se relâche.

- Tu es vivante, soufflé-je.

Elle me sourit sincèrement avant de retirer sa main de mon épaule.

- Grâce à toi, merci. Comment as-tu su ?

- Hm... Une... intuition ?

Ma phrase sonne davantage comme une question qu'une affirmation. Pendant quelques secondes, je crains qu'elle ne me demande plus d'explication, mais elle ne semble pas s'en être rendu compte. Même si je l'ai aidée ce soir, je ne lui donnerais pas mes sources. Je ne lui fais pas assez confiance pour ça. Et puis, je ne sais même pas si nous sommes réellement sorties d'affaires.

- Et toi, comment as-tu réussi à me trouver dans cette foule ?

Je passe une main sur mon front pour écarter mes cheveux mouillés de ma vue.

- T'as pas remarqué que les gens se sont écartés à ton passage ? On ne voit pratiquement que toi.

En voyant mon air effaré, elle sourit en coin, amusée.

- La plupart des personnes ne veulent pas approcher les rouges. C'est trop... Elle fait des guillemets avec ses doigts...dangereux.

- Mais ça n'a pas l'air de te déranger, toi, constaté-je.

Tout en parlant, je baisse la tête, décidée à agrafer la petite plaque sur ma tenue au niveau du cœur. L'épingle ne veut pas percer la combinaison, je manque de m'écorcher les doigts à plusieurs reprises. Fait chier. Déjà que je suis dans le champs de vision de tous le monde, il faut que je me foute la honte à cause d'une putain de plaque !

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