La chapka de Mme Bertou

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 Une poupée, Ariana, ma préférée. Je pleure. Elle vient de tomber dans le lac. Comme Papa. Il va peut-être me la ramener. Je l'ai vu de l'autre côté du lac, un monsieur l'a emmené dedans. Maman dort par terre. Je pense que je vais sauter aussi. Ambroise arrive vers moi en courant. J'ai l'impression qu'il pleure, qu'il a peur aussi. Il m'entraîne dans le lac quand un bruit sourd provient de loin derrière nous. Je n'ai rien vu, ça tombe bien, j'ai toujours eu peur des feux d'artifices.


Je me réveille avec un sursaut, essoufflée, en sueur, mais heureuse quand-même. C'est la première nuit où je ne rêve pas de celle dans la forêt. La mort de mes parents n'est pas plus joyeuse, mais avec les années j'ai fini par m'y habituer.

Je regarde l'heure, il est beaucoup trop tôt. Au moins, j'aurais le temps de continuer ma série du moment, c'est Lucifer sur Netflix. Il y a beaucoup d'épisodes, mais l'avantages est qu'à chacun se déroule une nouvelle enquête en plus de la trame générale. J'ai toujours aimé les séries comme ça, comme Mentaliste, enfin, Simon Baker m'a énormément motivée aussi, mais en tout cas j'aime ce genre de scénarii. Et c'est ainsi que mon frère me trouve, sur le canapé à user de sa télé. Il regarde parfois avec moi, je cite : « je ne regarderais pas ça de moi-même, mais tant que je suis là, eh bien ce n'est pas mauvais », je pense plutôt que c'est surtout le côté historique et mythologique qui l'intéresse, comme d'habitude.


On arrive à son bureau plus tranquillement que la dernière fois, aucune affaire particulière ne va nous speeder pour l'instant, pas encore d'enquêtes pour aujourd'hui. On va donc faire la paperasse, et je dis bien on, car bien-sûr, tant que je suis là, je dois me rendre utile. Je signe d'ailleurs une espèce de décharge, de confidentialité ou je ne sais quoi, pour assurer ma présence ici, chose qui d'ailleurs me rassure, je ne me sens pas prête à être seule encore. J'ai mis en pause mes études il y a un petit moment pour prendre des vacances, je ne pensais pas vivre tout ça, mais on peut dire que ça tombe au bon moment, je ne rate rien d'important.

La matinée se fait longue. Il pleut. D'ordinaire, j'aime la pluie, mais moins quand il pleut des cordes avec ce froid polaire. Constance a convaincu son frère de nous livrer à manger, alors sa silhouette trempée fait soudain irruption dans le commissariat. Mon frère, se lève pour aider Constance à tout récupérer, mais Oscar à l'air d'être froid à son égard. Je me lève à mon tour pour le saluer.

- Salut, c'est Daphné, tu te souviens de moi ?

- Oui, évidement, comment oublier ce visage !

Je crois qu'il a essayé de me draguer. Je souris, ne sachant pas trop quoi faire. Ce n'est que la deuxième fois que je lui parle, ça m'angoisse ces choses là ! L amine de mon frère se renfrogne.

- Oscar, Daphné est ma sœur.

L'expression de celui-ci change à son tour, il a l'air presque déçu. Il jette un regard noir vers mon frère, qui s'éclaircit à nouveau en revenant vers moi.

- Eh bien, lance-t-il d'un air taquin. Ça ne la rend que plus belle, c'est le charme incroyable de votre fratrie qui doit envoûter la mienne !

Je regarde mon frère sans comprendre tandis que Constance, qui n'avait encore pas parlé, se contente de souffler fort en levant les yeux au ciel et m'entraîne vers la salle à manger.

- Laisse tomber, me glisse-t-elle. Mon frère dit n'importe quoi !

Le repas dégusté puis ingurgité, chacun retourne à son bureau. Je retourne assister mon frère dans son travail, traduction : « Daphné va à l'imprimante », « tiens vas donner ça à Constance, et ça à Kali, à non mince c'est son jour de repos, ben pose ça là ». Il doit penser que je suis sa secrétaire. Je reviens justement du bureau du commissaire avec une idée en tête. En voyant ma tête, mon frère lève un sourcil, et de manière si prononcée que c'est déjà une caractéristique de sa personne.

La roue de l'infortuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant