𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑 ☀️

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Lexington.
7h30.

BRYAN

Assis sur une chaise, le corps enveloppé dans une tenue équestre, un casque reposant sur ma tête, je me laisse photographier sans véritablement prêter attention.

Le photographe me prend en clichés sous tous les angles, cherchant à capturer l'essence de cette nouvelle collection de vêtements d'équitation appelée « HorseCouture », récemment lancée sur le marché. 

Mon regard reste froid, mon visage fermé. J'écoute distraitement ses consignes, me penchant légèrement en avant sur mes coudes pour donner à mon corps l'aura recherchée.

Les voix autour de moi se fondent au son de la musique de piano qui s'échappe d'une enceinte posée à terre. Le bruit répétitif du déclencheur de l'appareil photo me ramène vaguement à la réalité. 

Je suis dans un studio. Ce dernier est immense, ses murs blancs ornés de lustres imposants, et un escalier élégant mène à l'étage supérieur, où se trouvent les cabines de changement. Derrière le photographe, je remarque des maquilleuses et stylistes en train de ranger des tenues sur des portants.

À ma gauche, une fenêtre laisse entrer un filet d'air frais, bien que l'atmosphère reste pesante, alourdie par la présence de trop nombreuses personnes dans la pièce.  André et Taylor, mes gardes du corps, se tiennent à proximité, silencieux, mais alerte. 

— Maintenant, je veux que vous vous leviez. On... 

Je n'attends pas qu'il finisse sa phrase. Sans un mot, je me lève, exaspéré par cette énième séance qui, bien que lucrative, m'ennuie au plus haut point. Poser pendant plus de deux heures pour une marque en quête de reconnaissance m'est devenu insupportable. 

Les mains enfoncées dans les poches de ma veste, je fixe l'objectif tandis qu'il continue à photographier, inlassablement. Chaque clic de l'appareil me pousse un peu plus vers l'impatience. Je retire mon casque, le tenant négligemment dans ma main droite, et change de posture encore et encore. 

Soudain, Lylian, mon manager, fait irruption dans la pièce. Son geste est brusque, et son visage trahit une tension inhabituelle. Je l'observe. Son teint est pâle, ses yeux bruns semblent égarés, et ses cheveux sont en désordre sur son front.

Il porte un jean noir assorti à sa chemise, et ses mocassins frappent le sol avec une détermination certaine alors qu'il traverse la salle. Il fait signe au photographe d'arrêter et me demande silencieusement de le suivre. 

Je lance un rapide coup d'œil à mes gardes, leur intimant de rester sur leurs gardes. Un hochement de tête de leur part me suffit pour m'assurer que tout est sous contrôle. Je déboutonne ma veste, dépose mon casque sur la chaise et emboîte le pas à Lylian. 

Nous montons les escaliers dans un silence lourd. Je le sens tendu, plus qu'à l'accoutumée. Arrivés à l'étage supérieur, je m'affale sur le canapé, étendant mes pieds sur la table basse dans un geste décontracté.

Lylian, lui, s'assoit en face de moi, le regard sombre, les jambes écartées dans une posture qui trahit son sérieux. 

— Bryan, il va falloir que tu arrêtes de faire tout ce qui te chante. 

Je plisse les yeux, irrité par son ton. 

— Tu veux en venir où, Lylian ? Je n'ai jamais fait autre chose que ce qui me plaît. Ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. Sois direct et dis-moi ce qui se passe. 

Son regard se durcit, une tension palpable s'installe entre nous. Il y a plus de trois ans qu'il gère ma carrière, réglant mes finances, mes relations avec les médias, tout. Il me connaît mieux que personne, sait ce que je suis capable de faire, et malgré cela, il continue d'espérer que je change. 

EquinoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant