XVIII

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JAHYLA

- Attend ma belle, ne bouge pas, j'ai presque terminé. Me dit la maquilleuse de sa voix douce. 

Son pinceau poudré chatouille mes paupières, faisant papillonner mes cils. 

- Tu peux ouvrir les yeux. Continue-t-elle. 

Mes paupières s'ouvrent lentement, et mes yeux tombent sur la maquilleuse qui me regarde en souriant. 

Elle attrape son tube de rouge à lèvres rose pale qu'elle étale minutieusement sur ma bouche. 

- Et voilà, une vraie princesse. Sourit-elle. 

Elle me tend un miroir dans lequel je me regarde. 

On croirait presque que je suis heureuse de ce mariage. Malheureusement, ce n'est pas le cas. 

La coiffeuse arrive vers moi en courant pour me poser un diadème rempli entièrement de diamants qu'elle me pose sur la tête. 

La grande porte derrière moi s'ouvre, et la voix d'Anabet se fait entendre. 

- On va devoir y aller ! Elle est prête ? Demande-t-elle. 

La maquilleuse devant moi hoche la tête et m'aide à me relever. Je me tourne vers ma mère adoptive, qui en me voyant, ouvre la bouche en grand. 

Des étoiles se mettent à danser dans ses yeux, et un grand sourire vient illuminer son visage maquillé lui aussi. 

Tout le monde me trouve magnifique et sont excités en ce jour, mais moi, je veux juste m'enfuir loin, très loin. 

Anabet vient attraper mon bras et me tire en dehors de la salle pour rejoindre l'extérieur où un cortège de voitures m'attend. Anabet me pousse sur la banquette arrière de la première voiture, et la voiture démarre instantanément. 

Ca y est, me voilà coincée jusqu'à la fin de mes jours aux côtés de Robert, cet homme qui a pourri ma vie depuis le tout début. Cet homme dont j'avais juste hâte de quitter le foyer m'épouse aujourd'hui pour sa plus grande joie. 

A vraie dire, je ne sais pas si je dois me réjouir de cette nouvelle. 

Depuis petite il me répète que les hommes sont des monstres et que j'avais de la chance d'être tombée dans son foyer et pas avec quelqu'un d'autre. Peut-être avait-il raison, en fin de compte. Peut-être que les hommes sont pires que lui et que j'ai de la chance de me marier avec lui et pas avec un autre. 

Pourtant, il me semble que maman m'a toujours dit que les hommes étaient bons, surtout mon père. Mais bon, peut-être qu'elle me mentait elle-aussi...

La voiture s'arrête et Anabet ouvre ma portière pour m'en sortir. Sans un mot, elle me dire derrière un grand rideau blanc. A ce moment, je comprends que mes derniers instants de femme libre sont comptés et que dans quelques minutes je serais liée à Robert par les liens sacrés du mariage. 

A partir que quelques minutes, le seul garçon que je toucherai jusqu'à la fin de mes jours sera Robert. 

Jamais je n'aurai touché le corps doux d'un jeune homme de mon âge. 

Toujours j'aurai touché les corps dégoutants de Robert et des pervers qui nous proposaient un petit instant de "tendresse" dans la rue. 

Une femme arrive vers moi et me donne un bouquet de fleurs magnifique. Au moins une chose de belle dans ce mariage... 

A l'entende de la mélodie typique des mariages, mes yeux s'embuent. 

Ca y est, c'est l'heure... 

Les draps s'ouvrent, et Anabet se met à me tirer le long de l'allée blanche qui mène à Robert, habillé de son costard, déjà en train de me reluquer. 

Cœur De BraiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant