Depuis son poste d'observation à côté de la caisse, Harry poussa un profond soupir.
La femme à sa droite acquiesça. "Il fait tellement chaud qu'on pourrait faire cuire des œufs sur le bitume."
Harry sourit pour indiquer qu'il était d'accord, mais d'une façon fatiguée pour lui monter qu'il ne voulait pas engager de conversation. De toute façon son soupir n'avait absolument rien à voir avec la météo, même s'il reconnaissait qu'il faisait diablement chaud.
Non. Son soupir n'avait décidemment rien à voir avec le temps qu'il faisait.
Il était à la fois soulagé et profondément déçu que ce ne soit pas lui. Même s'il devait admettre que puisqu'il n'avait jamais vu Rogue sans ses robes noires, il ne pouvait pas jurer que ce n'était pas lui. Est-ce que ce torse sec et ces – merde – ces bras joliment musclés pouvaient appartenir à Rogue ? Harry savait à quoi il ressemblait dans les vêtements de la grand-mère de Neville, mais il défiait quiconque de prédire à quoi pourrait ressembler Rogue en jean, T-shirt et casquette Arizona tellement décolorée que le violet tirait maintenant fortement sur le rose.
Le jeune homme toussa pour camoufler un rire. En y réfléchissant, à quoi avait ressemblé Rogue sous ses robes ? Harry ne sut répondre et haussa les épaules mentalement. Quelle importance ? Avec ce crâne chauve et ces énormes lunettes noires – c'était d'ailleurs un miracle que le cuistot réussisse à voir ses pancakes avec – ça ne pouvait pas être lui. Aucune chance.
Puis, il vit les mains de l'homme.
Une main élégante, gracieuse faisait sauter les pancakes, remuait les frites, retournait les saucisses, pendant que l'autre attrapait une assiette. Mais ce qui le marqua le plus, c'était la confiance qui émanait de ces mains. Ces mains semblaient tellement sûres d'elles.
"Combien vous en faudra-t-il, M'sieur ?"
"Hum, juste un."
"V'voulez vous asseoir au comptoir ?"
"Non, eum, à une table, s'il vous plaît." Au comptoir il serait à moins de trois mètres de l'homme. Même si Harry était réputé pour sa bravoure stupide, il n'était pas idiot à ce point. Si c'était effectivement Rogue, il voulait confirmer ce fait à une distance prudente. Être proche de la sortie pouvait aussi être une bonne idée.
"Près de la porte ?"
"Par ici." dit le serveur en le guidant vers une petite table.
On ne lui donna pas de menu, ce qu'il trouva bizarre. Puis, il remarqua qu'absolument tous les clients avaient leur journal déplié devant leurs visages, ce qui était aussi bizarre. Et l'endroit était complètement silencieux. Personne ne disait un mot, ce qui était vraiment bizarre. Parce que même s'il n'était aux États-Unis que depuis peu, la chose qui l'avait un tant soit peu marqué, c'était à quel point les étasuniens pouvaient se montrer loquaces. Ils ne savaient tout simplement pas la fermer une seconde.
Harry ne voulait pas attirer l'attention sur lui en regardant fixement le cuisinier. A la place, il analysa nonchalamment le diner, comme s'il était un simple touriste ayant oublié son journal. Bien qu'absolument aucun touriste sain d'esprit n'aurait l'idée de faire trois heures de route pour venir s'arrêter dans ce trou perdu du désert d'Arizona.
Mais son regard revenait continuellement au cuistot. Cet homme était en mouvement constant, avec une assurance typique Roguienne – ce qu'il admit à contrecœur. Rogue n'avait jamais rien fait à moitié, même quand ça impliquait haïr quelqu'un. Quand il haïssait, il le faisait mieux que tout le monde – Harry pouvait en témoigner. Le jeune espion aurait voulu voir à nouveau ces bras, mais la position de sa chaise par rapport au grill rendait cette manœuvre impossible.
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Le Nazi des frites - Snarry
FanfictionAu moment où Harry défait Voldemort, tous ceux portant la Marque perdent leur magie. Severus Rogue s'enfuit alors aux États-Unis, où il se reconvertit en friturier dans un diner. Cinq ans après la bataille finale, Harry vient le trouver pour lui de...