Le Nazi des frites - Snarry

Chapitre 10

Harry ressentit sa convalescence comme une sieste longue durée. Il était un peu inquiet de sa quantité de sommeil, mais Rogue lui avait assuré que c'était normal ; son corps avait besoin de guérir.

Rogue était aussi silencieux qu'un fantôme quand il rentrait le soir, mais les clés de la voiture s'entrechoquaient quand il les posait sur le portant et réveillaient Harry. Celui-ci faisait pourtant semblant d'être encore endormi, et gardait une respiration calme et profonde. Parce que la première chose que faisait Rogue quand il rentrait, était de venir voir si tout allait bien. Une main douce passait alors sur son visage pour écarter ses cheveux. C'était toujours ça en premier, la suite variait chaque jour. Parfois un doigt caressait sa clavicule. Parfois Rogue s'asseillait à ses côtés et restait lui tenir la main. Une fois même, le cuisinier porta la main de Harry à sa bouche, embrassant chaque articulation avec un doux baiser.

L'anticipation finirait par tuer Harry. Il prenait garde à toujours se mettre en position fœtale, c'était pour lui la seule façon de cacher son érection.

Ce jour ne fit pas exception. Une main écarta doucement ses cheveux, puis descendit le long de son menton. Puis il entendit Rogue respirer brièvement, puis se retirer du lit.

---

Harry tenta de se convaincre que la masturbation de Rogue n'était rien de plus que ça. Une branlette. Que ce n'était pas parce qu'il était attiré par Harry. Que les touchers et les caresses quand il était endormi n'étaient rien d'autre que... eh bien qui sait ce qu'elles étaient, mais qu'elles n'avaient rien de sexuel. Les étaient-elles ? Et évidemment avant leurs grandes déclarations, il ne se serait jamais douté que le terrifiant monstre des cachots pourrait avoir une orientation sexuelle – quelle qu'elle soit.

Ensuite, Rogue commença à prendre des douches de quinze minutes le matin. Harry écoutait l'eau couler, encore et encore. Il ne fallait pas être Granger pour comprendre ce qu'il y faisait. Le jeune homme restait en boule sur le lit, pour cacher son bas ventre sous les draps, et imaginait. Il imaginait l'eau couler sur le corps de Rogue, pendant qu'il se touchait. Une longue et lente masturbation, avec du savon glissant sur le corps, une main caressant ses fesses, titillant son entrée... est-ce qu'il s'enfonçait un doigt juste avant de venir ? Les fantasmes envahirent sa tête ; Rogue se masturbant, masturbant Harry, l'un et l'autre se prenant dans la bouche, même avoir une partie de jambe en l'air... Ils continuèrent à tourner dans sa tête jusqu'à ce que la porte claque, puis Harry s'occupa de son propre sexe, mains douloureuses ou pas.

Après ses maintenant quotidiennes masturbations, Harry passait la majeure partie de ses matinées de convalescence à tenter de se convaincre que tout cela ne voulait rien dire. Absolument rien. Il s'était déjà foiré une fois. Il n'allait pas supposer que Rogue était attiré par lui juste parce que son propre sexe se tendait à cette idée. Ça pourrait être la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. Faire des avances à Rogue, alors qu'en réalité Harry avait le sex-appeal d'un ver de terre. Il se ferait mettre à la porte à coup sûr. En plus, les agressions verbales de Rogue en matière de sexualité pourrait s'avérer être dévastatrices. Il pouvait déjà l'entendre : 'Comme si votre nombre de conquêtes n'était pas assez significatif. La taille de votre égo continue de m'épater. Comme si j'aurais même envie...' Et plus encore.

Donc il ne fit rien.

Et pourtant...

L'instinct de Harry lui soufflait que l'autre homme était attiré par lui, et Merlin sait que son instinct lui avait sauvé les fesses un bon nombre de fois. L'ancien héros sentait le regard de Rogue sur lui. Il se demanda si les phéromones ne se baladaient pas dans l'air, parce que tout d'un coup il devint super conscient de l'odeur de l'autre homme, un peu musquée et aigre et il se demanda quelle était son odeur à lui. Puis il y eut la disparition complète et soudaine de la petite camaraderie qu'ils avaient réussi à construire au fil des mois, remplacée par ce silence, timide et maladroit. Harry ne s'exprimait quasiment plus qu'en 'huh', 'mmh' 'ouais, ouais'. Et Rogue ne parlait plus du tout, même pour se moquer de lui.