01. Chaos

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𝟎𝟏. 𝐂𝐡𝐚𝐨𝐬

𝐄𝐥𝐢𝐨𝐫𝐚

Je claque la porte d'entrée, et tout de suite, mon chat court vers moi en miaulant, mais je n'ai pas le cœur aux caresses, je l'ignore. Je lance mes chaussures à travers l'appart, puis je me laisse tomber dans mon canapé deux places. Je fixe le mur blanc en face de moi. 

Comment ma vie a-t-elle pu devenir à ce point chaotique, en si peu de temps ?

Ma mère m'a abandonnée, mon père est mort, j'ai perdu presque toutes mes amies, je suis seule, sans argent, sans famille, sans travail maintenant. J'aurai pu garder nos bars ouvert, mais je n'en avais pas la force. Je ne sais pas si je la retrouverai un jour, pour le moment, retourner dans le lieu où j'ai tout vécu avec mon père, c'est trop dur. Je n'y arriverai pas. 

Alors, durant des semaines, je reste enfermée dans cet appartement qu'il avait rénové en trois jours rien que pour moi. Le silence est pesant, étouffant. Mon appartement est situé au dernier étage du bâtiment où se trouve les deux bars principaux de mon père, ainsi que son restaurant, là où la musique ne se taisait jamais. Depuis son départ, les bâtiments sont silencieux, la ville est morte, et moi, seule au plus haut point, je pourris dans cet immeuble. Je ne mange plus, je ne dors plus, je ne sors plus. 

Mon monde, ma planète, a explosée le 6 août 2023, le jour où j'ai tout perdu d'un seul coup. 

Mes journées se ressemblent, je me lève de mon lit pour rejoindre le canapé, je m'assois à table le temps de grignoter un bout de pain puis je retrouve place sur le canapé, avant de retourner dans mon lit lorsqu'il est l'heure, en redoutant la nuit sombre et tout sauf reposante.

  Mon corps me torture, j'ai mal partout, et surtout au dos, reflétant tout mon mal-être. 

De nombreuses fois, j'ai attenté à ma vie, j'ai voulu en finir, car rien ne me retient à présent. J'ai tout perdu, je suis seule, sans amie ni amour. Alors, oui, nombreuses sont les fois j'ai entouré mon cou de cette corde, nombreuses sont les fois où les gouttes de sang ont roulées sur mes bras et mes jambes avant de s'écraser sur le parquet. Mais, cette douleur est vite devenue banale, je me suis habituée à ces marques sur mon corps, ces actes si violent sont devenus mon quotidien. Rien de bien divertissant, ni intéressant, si ce n'est cette image qui revient en boucle. 

Celle d'Isaiah, me fixant depuis l'entrée du cimetière. 

Pourquoi a-t-il fallut que l'on se rencontre dans de telles circonstances ?

Mon téléphone vibre pour la première fois depuis trois semaines, je me jette dessus et accepte l'appel. C'est Alex, l'associée et meilleure amie de mon père, elle me demande si tout va bien, et ce que je compte faire de son empire. Je lui répond simplement que j'arrive et je raccroche, je me lève et quitte ce pyjama que je porte depuis des semaines maintenant. Mes cheveux gras et ma peau sèche témoignent de mon état mental, alors avant de sortir, je passe par la salle de bain et durant une heure, je frotte, nettoie, lave et réhydrate ma peau ainsi que mes cheveux sous les yeux attentifs de mon chaton. 

Les rayons du soleil passent à travers la fenêtre de la salle de bain, je me rends compte que cela faisait facilement deux semaines que je n'avais pas vu la lumière du jour. 

Peut-être qu'une sortie de temps en temps ne me ferait pas tant de mal finalement... sentir le soleil caresser ma peau une dernière fois.

Après quelques caresses à mon chat, je claque la porte de l'appart et descend les escaliers à toute vitesse. Je passe devant la porte du bar supérieur, où une caméra y est accrochée. Avant, lorsque je descendais, je m'amusais à faire des grimaces devant la caméra car je savais que mon père les regardais plusieurs fois par semaine, l'imaginer en train de découvrir ces images de moi me faisait rire. Aujourd'hui, il n'y a pas de grimace, car personne pour les regarder, je passe sans lancer un regard à la caméra encore allumée, je sort de l'immeuble. 

ElioraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant