𝟎𝟎. 𝐏𝐫𝐞́𝐥𝐮𝐝𝐞
𝐄𝐥𝐢𝐨𝐫𝐚
Deux mots, qui ont fait basculer ma vie.
Deux mots, « descend, vite », qui m'ont fait tomber dans un océan noir.Debout dans cette grande salle mortuaire, froide, je fixe le cercueil de mon père.
Comment peut-il tenir dans une si petite boîte, lui qui était si grand et imposant ?
Cela me semble encore irréel. Il ne peut pas être partit. Mon père, qui m'impressionne tant. Impossible.
Je vois son nom inscrit sur les télévision qui indique dans quelle salle se trouve quelle personne. Mon père, c'est la salle Méditerranée. J'ai vu le monde arriver, et je suis énervée. Autour de moi, des rires, des conversations animées, comme si nous ne nous tenions pas en présence d'un malheureux défunt. Mon père était aimé de tous, mais d'aucunes personnes qui se tiennent en ce moment même à côté de son corps froid. Alors ma bouche restera fermée, et mes yeux, fixés sur cette demeure en bois.
C'est une séance d'hypocrisie à l'état pure, des gens présents pour l'apparence. La seule personne qui le connaît vraiment, c'est moi, et pourtant, je me sens inexistante. Je veux juste sentir la présence de mon père pour la dernière fois, je veux sentir son aura apaisante une dernière fois. Et c'est ce « une dernière fois » qui me tue, mais mon visage restera de marbre.
Son ex femme se vente de tous les voyages qu'elle à fait avec lui. Son ex femme, qui n'est pas ma mère, mais sa première femme. Rina, c'est son prénom. Je ne l'ai jamais aimé, mon père disait d'elle que c'était une sorcière, une croqueuse de diamants. Aujourd'hui, je la rencontre pour la première fois, habillée d'une tenue chic, elle m'a remerciée d'avoir fait le déplacement jusqu'ici, j'ai levé les yeux au ciel.
Lorsque l'homme habillé d'une chemise blanche vient chercher les nombreuses fleurs disposées à côté du cercueil, je lève une nouvelle fois les yeux au ciel.
Il détestait les fleurs.
Je marche de façon robotique jusqu'à ma voiture, et nous suivons la luxueuse, qui porte pour la dernière fois mon père, jusqu'au cimetière. Mes cheveux volent au vent, mes converses balaient le gravier, et mes yeux jonglent entre les « invités ».
Il doit sûrement être en train de se marrer de là où il est, il détestait chacune des personnes présentes ici.
Les hommes en chemise blanche sortent le cercueil du corbillard, et le dispose en plein soleil, me donnant l'impression d'étouffer à sa place. Nous faisons une minute de silence, je lance un dernier regard à son cercueil, puis une fois que la terre est revenue à sa place, les hommes martèlent le sol pour l'aplatir. BAM. Chaque coup. BAM. BAM. C'est un poignard, qui s'enfonce dans mon coeur.
Je ne peux rester une minute de plus en présence de ces personnes aussi fausses les unes que les autres. Mon père était un homme bon, mais surtout, riche. Son ex femme en a bien profité et aujourd'hui, elle vient pour récupérer ce qu'elle considère comme son dû.
Rina s'approche de moi alors que je m'éloignais, et me propose de me joindre à eux pour « boire un coup, parce qu'il fait chaud », nous sommes le 23 août. Je ne lui répond pas, et lui tourne simplement le dos. En partant, mon regard croise celui d'un homme en chemise blanche, il est grand, imposant. Il se tient seul, et c'est la première fois que je le vois véritablement depuis le début de la cérémonie. Il n'a pas la même allure que les autres hommes qui travaillent, pourtant, il fait bien partit du groupe d'hommes qui ont portés mon père. Je m'approche de lui.
- C'est vous, Eli ? Me demande l'homme.
Je le détaille quelques secondes. Il ne semble pas être beaucoup plus vieux que moi, pourtant, je ne le connais pas, et lui, connaissait mon père.
- Isaiah, continue-t-il en me tendant la main, votre père m'a beaucoup parlé de vous.
Mes yeux s'écarquillent en même temps, se remplissent d'eau et je lui serre la main sans hésiter.
Je n'avais jamais vu cet homme, ni entendu sa voix, pourtant c'est son nom qui apparaissait toujours sur l'écran du téléphone de mon père. Ils s'appelaient tous les jours sans exception, et à chaque fois que je retrouvais le téléphone de mon père, je le lui ramenait en criant qu'il avait un appel manqué d'Isaiah.
- Je mets enfin un visage sur ce prénom, je réponds en souriant légèrement, les larmes perlant dans mes yeux, j'ai beaucoup entendu parler de vous aussi.
Je rigole légèrement en lui racontant toutes les fois où je courais après mon père, son téléphone en main. Il répond en me racontant leurs longues discussions sur les employés de mon père, donc sur moi aussi. Mon père était gérant de plusieurs bars, d'un restaurant, mais à côté de ça il était aussi propriétaire de nombreux bâtiments, d'où viennent toute sa fortune. Et je travaillait pour lui, avec lui, dans un de ses bars.
- Votre père vous faisait confiance, annonce Isaiah à la fin de la discussion, il vous aimait beaucoup.
Je souris, ne retenant plus mes larmes, puis je lui serre une nouvelle fois la main avant de définitivement quitter ce cimetière. En entrant dans ma voiture, je fixe le portail du cimetière. Isaiah, devant, se tient droit, faisant face à ma voiture. Il retrousse les manches de sa chemise, et allume une cigarette.
Je le détaille un long moment. Lorsque je démarre, je le vois rejoindre sa voiture, puis après quelques mètres, je le perd de vue.
Mais son image, elle, reste gravée dans mon esprit, et dans mon coeur.
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Eliora
RomanceLe bonheur [ 1. Chance. Porter bonheur (porte-bonheur). 2. État de pleine satisfaction. Le bonheur d'aimer. ] Le bonheur. Je pensais qu'il se trouvait dans les choses simples. Dans les rayons du soleil qui caresse notre visage. Dans ses caresses...