Eliora

02. Tempête

𝟎𝟐. 𝐓𝐞𝐦𝐩𝐞̂𝐭𝐞

𝐄𝐥𝐢𝐨𝐫𝐚

Par la queue de mon S je viens former un E, et le contrat est signé.

Douze mois et neuf jours, du 21 septembre 2023 au 30 septembre 2024, sous la protection d'Isaiah Hussaïn. J'ai accepter sans me sentir réellement contrainte, mais une petite voix au fond de moi se demande si j'ai fais le bon choix.

Vivre avec un homme dont je ne connais que le nom et lui confier ma vie.

C'est mieux que de moisir seule dans la rue, je suppose.

Il est midi passé, depuis environ une heure, je fixe le plafond beige de la chambre, allongée sur le lit, mes doigts passant dans la fourrure beige d'Eloï. Je me sens vide, maintenant je suis accompagnée d'Isaiah, mais cela n'enlève pas le sentiment de solitude qui me colle à la peau depuis un peu plus de 20 ans maintenant.

Du plus loin que je me souvienne, je n'ai jamais vraiment eu d'amie, une amitié qui dure, une amitié saine.

En primaire, nous étions tous copains, je n'avais pas d'amis à proprement parlé, personne ne venait chez moi, je n'étais invitée chez personne, ils faisaient ça entre eux.

Au collège, je jonglais de groupe en groupe, j'étais comme un électron libre qui, encore une fois, n'avais pas d'amis chez qui aller, pas d'amis à inviter.

Au lycée, c'était plus compliqué, au début j'avais un grand groupe d'amis, puis je me suis retrouvée seule à cause d'une mauvaise expérience avec un garçon.

J'étais copine avec tout le monde durant toute ma scolarité.

Mais quand on est l'ami de tout le monde, on est l'ami de personne.

Je n'avais presque pas de messages, pas d'appels, mon téléphone ne m'a presque jamais réellement servit à grand-chose, si ce n'est lire toutes ces histoires qui me permettaient de me sentir un peu vivante à travers les aventures du personnage principal.

J'ai toujours rêvé de le devenir un jour, le personnage principal d'une histoire, celle qui donne envie de vivre, le genre d'héroïne qui redonne du courage, celle qui était malheureuse au début mais qui, à la fin de l'histoire, fini par devenir la femme la plus heureuse de la Terre. J'en rêve encore, l'enfant que j'étais l'espère encore, pouvoir être un de ces personnages.

Sauf que, je ne suis même pas le personnage principal de ma propre vie.

Je ne suis que spectatrice.

- Eliora ?

Je sursaute en entendant sa voix, je lui ouvre la porte et le laisse venir s'asseoir sur le lit, je m'installe à ses côtés, en tailleur.

Nous nous fixons quelques secondes, ses yeux noirs sont froids, ils ne transmettent aucune émotions, alors j'essaye de rester de marbre, indifférente face à son regard insistant, alors que ma peau est couverte de frisson.

Je prends le temps de le détailler et il ne se gêne pas pour en faire de même, je sens mes joues se réchauffer, mais je fais mine de rien et continue de l'observer. On se regarde, se détaille, s'analyse, comme pour chercher à découvrir les secrets l'un de l'autre sans user de la parole.

Nous portons tous les deux un t-shirt, faisant apparaître nos tatouages, ses bras en sont recouverts, tandis que les miens sont seulement parsemés ci et là d'une ou deux pièces. Mes yeux glissent sur ses bras, puis viennent retrouver son visage, sa mâchoire tracée, son bouc bien taillé, il a des lèvres pulpeuses, et enfin, ses yeux, noirs, d'un noir tellement intense.