Le lendemain de notre première visite, Bertier et moi-même nous nous sommes retrouvés dans le bureau du commissaire pour faire le point.
Bertier ! Ce cher inspecteur Bertier ! 45 ans, taille moyenne, brun, massif, les cheveux très courts, coiffés sur le côté, un visage carré, des sourcils en accent circonflexe qui lui donnent toujours un air étonné ou dubitatif. Physiquement, c'est plutôt Lino Ventura.
D'un caractère cartésien, il n'a aucune imagination, contrairement à moi qui en ai bien trop, et il s'en tient généralement aux faits. Rien ne semble jamais le surprendre et il trouve une explication logique à tout. Et il me reproche souvent mes intuitions, dues à mon imagination débordante, et qui me fait élaborer des hypothèses parfois farfelues, à partir d'indices improbables. Il me remet souvent sur le droit chemin en modérant mon enthousiasme. Il ne se gêne pas pour m'envoyer un coup de patte bourru sous forme de réflexions pas toujours agréables.
Mais je sais qu'il a raison.
— Les faits ! dit-il souvent, tiens-toi en aux faits ! ne va pas élaborer des hypothèses hasardeuses à partir de n'importe quel indice fumeux ! Souviens-toi de ce qu'on t'a enseigné à l'Ecole de Police ! Il faut un faisceau d'indices probants, un point c'est tout ! Les policiers qui suivent leurs soi-disant inspirations ne sont pas les meilleurs. Ce sont même les pires qui soient.
C'est vrai, il me le dit à chaque fois, mais c'est plus fort que moi. Quand mon cerveau s'emballe...
Et lorsque je trouve une vraie piste, ce qui arrive quand même de temps en temps, je ne lâche rien et prends parfois quelques risques, sans toujours penser aux conséquences, ce qui m'a valu maintes fois de me retrouver dans des situations difficiles, voir périlleuses, mais souvent cocasses, ce qui n'amuse pas toujours mon chef qui doit faire des pieds et des mains pour me tirer d'affaire.
Et il offre un contraste saisissant par rapport à moi, avec mes un mètre quatre vingt six et ma pointure "45 fillette". J'ai un physique de "grand Duduche" comme me le rappellent gentiment mes chers collègues. Je ne suis pas un modèle de beauté, mais il parait que j'ai du charme, du moins, c'est ce que dit Sophie, ma femme.
Quant au commissaire Renouf, pour lequel j'ai une grande admiration et qui m'impressionne beaucoup, c'est un homme de taille moyenne, d'une soixantaine d'années aux cheveux argentés coupés en brosse. Silhouette massive, voire monolithique, nez un peu fort, visage carré aux traits accusés, témoins d'une vie dure et mouvementée dans le passé, marquée par un drame intime, la perte de son fils de vingt deux ans dans un accident de moto. Pour le décrire physiquement, il ressemblerait un peu à Jean Gabin dans le rôle du commissaire Maigret.
Natif de Rouen, D'un caractère bien trempé, il en impose par son calme et sa présence rassurante, comme un roc. Cependant, ses yeux bleus peuvent virer au gris acier lorsqu'il se met en colère, une colère intérieure rarement extériorisée, mais que nous, ses adjoints, savons décrypter. Quand cela se produit, nous nous arrangeons tous pour prendre la tangente afin d'éviter ses foudres, ainsi que les éclats tranchants de sa voix grave de fumeur de gitanes.
Le commissaire est un « taiseux » et fait rarement part de ses états d'âme, considérant qu'il est le capitaine de ce vaisseau qu'est son service de police et que la bonne résolution des enquêtes dépend énormément de lui.
Mais retournons donc à notre réunion dans le bureau du commissaire.
Bertier et moi avions nettement l'impression que notre disparu aurait pu avoir fugué et que les réponses évasives de son épouse laissaient entrevoir quelques hésitations pouvant conforter cette hypothèse.
Mais Renouf ne voyait pas les choses de la même façon.
— A priori, la théorie de la fugue ne me semble pas valable. J'ai plutôt l'impression que cette disparition cache quelque chose de bien plus sérieux, étant donné la notoriété du bonhomme. Et le préfet se montre très inquiet. Pour faire avancer les choses, nous allons demander l'autorisation du procureur pour procéder à des investigations plus poussées, et aussi, qu'un avis de recherche soit lancé concernant notre homme.
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Vendetta Normande
Misterio / Suspenso1964 : l'inspecteur Lenormand, jeune inspecteur de police de 28 ans, enquête sur la disparition d'un notable rouennais. Son intrépidité et sa curiosité légendaires l'entraînent dans une série d'incroyables aventures à la fois désopilantes et tragiq...