Chapitre 4 - Joli petit jouet

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Alors qu'un duel de regard s'installe entre nous, je fais mon possible pour ne pas perdre mes moyens. C'est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. D'autres filles auraient trouvé ça excitant, un beau brun ténébreux possédant un immeuble aussi spacieux et détenant la seule clef pour sortir de cette pièce ridiculement petite. Mais pas moi. Du moins pas dans de telles conditions. J'ai toujours eu du mal à mêler le plaisir au travail.

Tandis que Monsieur Simmons ne me lâche pas du regard, j'ai l'horrible impression de passer au scanner et qu'aucun détail ne lui échappe. Soudain, j'ai la sensation que mon visage se déforme sous ses yeux. Comme si son regard montrait au grand jour mes imperfections. J'ai toujours détesté être au milieu de l'attention.

C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai du mal à parler de moi lors d'une conversation. Depuis petite, j'ai appris à dévier l'intérêt des gens en me focalisant sur eux. Entre pirouettes et questions ciblées, j'arrive toujours à m'en sortir. Sauf maintenant. Aucune diversion ne me vient à l'esprit, piégée dans cette pièce, je ne peux éviter monsieur Simmons qui me déshabille du regard. Je tourne la tête et observe la nuit noire où scintille une poignée d'étoiles. Que dois-je faire ?
Me ruer sur lui et voler la clef ?

— Lynn, votre regard terrifié me dérange, ajoute-t-il en fronçant les sourcils. Je ne compte pas vous séquestrer.

Ah vraiment ? Ce n'est pas l'impression qu'il donne en m'enfermant dans une pièce avec lui...

— Vous êtes une sorte de prédateur sexuel ? Lancé-je essayant de comprendre ses motivations.

Le beau brun éclate de rire comme si je venais de faire une blague, pourtant, je suis très sérieuse.

— La vraie question est : voulez-vous réellement quitter mon bureau et faire une croix sur cet emploi ? Je vous paierai le triple de votre salaire actuel avec monsieur Guss.

Malgré l'agacement que je ressens et mon envie de prendre mes jambes à mon cou, je repense à la tonne de facture qui remplit ma boîte aux lettres. J'ai tellement de dettes que j'en suis arrivée au point où l'idée de récupérer mon courrier me donne des maux de têtes. Je me demande encore comment le postier arrive à les faire rentrer... Peut-être qu'avec un peu de chance, le jour où il n'y aura plus de place, les menaces de m'expulser de chez moi cesseront ?
Je ne peux pas me voiler la face, j'ai besoin de cet emploi, même si cela me tue de l'avouer.

— Je veux ce job, mais pas pour mon physique, répliqué-je en soutenant son regard malicieux. Je suis plus que qualifié pour remplir cette tâche avec ou sans un beau visage.

Face à son air empli de curiosité, je commence à me demander si tout ceci ne serait pas un test. Monsieur Simmons jette un coup d'œil à sa montre avant d'acquiescer.

— C'est bon pour moi, dit-il simplement comme s'il en avait assez de jouer avec mes nerfs.

— C'est bon pour vous ?

— Vous êtes embauchée, Ronan, celui qui vous a escorté jusqu'ici vous montrera le bar ainsi que les boissons à servir. C'est lui qui vous fera signer le contrat de confidentialité, ajoute-t-il l'air pressé. Au Paradis, vous serez amenée à voir ou à entendre des choses qui sortent de l'ordinaire, mais je pense ne pas me tromper en vous faisant confiance. En-tout-cas, vous avez tout à fait raison, j'ai observé votre travail et vous êtes plus que qualifiée. Vous pouvez y aller maintenant.

Surprise par ce retournement de situation, je reste muette. Puis un petit détail me revient en tête.

— Et la porte ?

— Oh, ça... Elle était ouverte, ricane-t-il en rangeant la clef dans sa poche. Vous avez juste mal enclenché la poignée.

Rouge de honte, je me rends compte que monsieur Simmons se payait ma tête depuis le début. Et vu son air fier, il en a pris un malin plaisir...

Séduis-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant