Chapitre 5

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Il respire profondément, et je l'écoute attentivement.


« Je ne comprends plus rien tu sais »


« Ah », dis-je, bêtement.


Il me lance alors un regard, surement pour me dire de me taire.


J'aime bien l'embêter, mais bon je veux bien faire une exception pour cette fois.


« Je ne veux pas en arriver là, mais à chaque fois, ça finit par la même conclusion », et il soupire.


« Tu sais à quel point je t'aime, pas vrai ? », il hoche la tête du haut vers le bas, approuvant mes propos, « mais dépêche toi s'il-te-plait, tu me rends nerveuse, j'ai l'impression que tu m'annonces un divorce ».


Il soupire encore. Que dois-je comprendre de ce soupir ?


« Non, ce n'est pas cette impression que je voulais te donner, juste, je, en fait... »


Il s'entremêle dans ses mots comme un enfant face à ses lacets, il n'y comprend rien en fait.


Je m'approche, me mets face à lui, et prends ses mains, « je suis à ton écoute, plus que quiconque. Dois-je te rappeler que je suis ta femme ? Je serais toujours là dans la mesure du possible, et ferais de tout mon possible pour te rendre heureux. Je sais bien que j'ai eu du mal ces derniers temps, et que j'ai souvent été absente, troublé par mes propres peurs. Mais je suis là maintenant, je ne t'entends pas seulement, mais je t'écoute aussi, je suis attentive à tout ce que tu me dis, et j'utiliserais chacun de tes mots à mon égard pour m'améliorer et te rendre encore plus heureux, parce que tu es mon chemin, ma voie, tu es celui qui me permet d'avancer malgré tout ce qu'il s'est passé il y a peu, alors si nous ne nous soutenons pas, nous tomberons ensemble, mais pas au même endroit, et j'aurais peur de ne plus te retrouver quand je me rendrais compte que c'est trop tard. Alors s'il-te-plait, parle, dis-moi tout, je veux tout savoir, je veux être la lettre que tu utilises pour transmettre des mots doux à ton amour, je veux être le pinceau avec lequel tu peins ton amour, je veux être les pensées qui te traversent l'esprit, pour te laisser te reposer le plus longtemps possible loin de ce qui te chagrine. Je suis ton épouse, et aussi une grande amie, une oreille à laquelle tu peux tout dire, une épaule où tu peux te reposer, des mains que tu peux embrasser et utiliser à ta guise pour te réchauffer tout entier. Je serais tout ce qu'il faut que je sois, pour que tu sois l'homme le plus combler. Alors regarde de moi, fait moi confiance, soit épris de moi sans frontières, parce que nous ne faisons qu'un, et nous avons besoin de l'un et de l'autre pour mener à bien notre pays. »


A ma dernière remarque, il lâche un petit rire, entre ses doux sanglots qui ont accompagnés mon discours. Je me suis permise de faire de même, avec le nez qui coule dangereusement.


« Tiens, mouche toi avec », il me tend alors un mouchoir, doux comme lui, dans lequel je me mouche sans relâche. « Eh ben, ça fait un moment que tu n'as rien sortie ou quoi ? »


Et nous rions, bêtement, sensible à chaque mot que l'autre hésite à prononcer, comme si nous étions face à des juges enfantins, qui risqueraient de nous virer pour la moindre faute grave.


Tout d'un coup, pendant que j'essuie mes larmes, je sens de fins bras m'encerclaient, m'emprisonnant contre une chaleur qui me manque à chaque fois que je m'en sépare. J'inspire alors longtemps son odeur, et retiens un moment mon souffle, comme pour imprégner son odeur dans mon esprit, et qu'il ne me quitte jamais.


Je le sens poser sa tête sur mon épaule, après me l'avoir gâté d'un simple bisou, et me serrer davantage, écrasant son corps contre le mien. Je me sens soudainement petite, timide, mais surtout rempli de joie.


Finalement, mon regard croise l'horloge en face de moi, et je dis, presque dans ou soupir, par peur de briser le cocon que nous nous sommes formés, « nous devrions aller prier ».


Je le sens approuver ma remarque, puisque quelques secondes après celle-ci, le voilà dos à moi, gardant une main sur mon dos, regardant l'horloge à son tour.


« Oui, tu as raison », me dit-il avant de me sourire, puis m'embrassant le front, il me tient la main, pour nous emmener dans la salle de bain, faire nos ablutions.


Nous prions ensemble, oubliant le repas que nous avons lâchement laissé tomber, et nous finissons par tendrement nous endormir après avoir parlé, assis l'un à côté de l'autre dans notre lit, parfois en laissant échapper des mots doux, parfois des moqueries mignonnes, parfois ce que nous avions appris récemment et qui aurait pu plaire à l'autre. Une atmosphère qui nous avait bien manqué, que nous cherchions depuis un moment, après l'avoir perdu il y a de cela quelques semaines, tout comme nous avions perdu un être cher.


Le lendemain, je me réveille, et m'empresse de réveiller le gros bébé à mes côtés, pour prier ensemble. Ronchonnant un peu, il m'écoute, me tenant la main, bien trop endormi pour savoir où il se dirige. Après la première étape essentielle de notre journée, nous préparons un petit-déjeuner ensemble, puis nous sortons ensemble, après avoir pris le temps de bien s'habiller, pour aller chacun de notre côté vers nos activités respectives.


Arrivée en cours, je vois qu'il me reste encore quelques minutes avant que notre prof ne décide de venir faire son long monologue, alors bien trop fatiguée pour relire son cours, je traine un peu sur mon tel, peu soucieuse du monde qui m'entoure petit à petit.


« Excuse moi, je peux m'assoir ? »


C'est lorsqu'une simple question, vêtue d'une voix masculine, vient me titiller l'oreille, que je lève le regard, non sans être dégoutée que l'on vienne me déranger.


Purée, mais qu'est-ce qu'il fait là ?

Emerald greenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant