Vers l'inévitable

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Palma, Espagne

Hospital general de la Mallorca

Assise au bord du lit d'hôpital, je prends une profonde inspiration en observant la pluie contre la baie vitrée. A travers ce verre, je peux voir les gouttes qui défilent, le ciel sombre annonce l'arrivée de la pluie, suite à un éclair qui jaillit dans le ciel, une tension palpable envahit la chambre.

Je tourne la tête pour regarder ma mère, ça fait deux interminables semaines qu'elle est dans ce lit, elle voulait rentrer à la maison j'étais contre et le docteur avait dit qu'elle doit se reposer et être sous surveillance. Je veux la voir sur ses deux pieds, son absence de vitalité me pèse, elle me manque tellement.

Cela fait aussi deux semaines que je fais des heures supplémentaires pour trouver de quoi payer l'hôpital. Je passe mes journées avec elle, le soir Rosa me remplace pour que je puisse travailler.

Mon patron n'est pas un ange, il est loin d'être compréhensif. Lorsque j'ai demandé une petite augmentation en plus de heures supplémentaires que j'ai dû faire, il a clairement rejeté ma demande sans même prendre le temps de discuter. Sa réponse était froide et directe, comme si mes efforts n'avaient aucune valeur à ses yeux.

Je réalise que je ne suis pas seule dans cette lutte, beaucoup de gens vivent des situations similaires, travaillant dur sans jamais recevoir la reconnaissance qu'ils méritent, ils se lèvent tôt et rentrent tard en espérant que leurs sacrifices seront enfin récompensés.

—Mi Rena...murmure ma mère en agitant faiblement sa main.

Lors même que les médecins ont dit qu'il n'y a plus d'espoir pour elle, une infime partie en moi garde espoir qu'elle reviendra plus forte que jamais avec sa présence chaleureuse et sa force indomptable.

Mama, comment te sens-tu aujourd'hui ?

Je me sens un peu mieux maintenant, mais je me sens encore faible et j'ai tellement de choses qui m'attendent à la maison, je dois retourner travailler.

Les mères sont des héroïnes silencieuses, portant le poids du monde sur leurs épaules même lorsqu'elles sont au bord de l'épuisement. Leurs sacrifices sont souvent invisibles, et pourtant ils laissent des cicatrices profondes. Elle a toujours sacrifié ses rêves et parfois sa santé pour s'assurer que ma vie soit pleine de possibilités, même dans cette chambre d'hôpital elle pense à ses responsabilités.

C'est génial que tu te sentes mieux, mais maman, je m'inquiète pour toi. Tu ne devrais pas te presser de retourner au travail, ta santé est la chose la plus importante. Je suis là pour t'aider, peu importe ce qu'il arrive.

Lorsqu'elle a appris qu'elle avait le cancer à un stade très avancé, j'ai vu un ensemble de sentiments se refléter dans ses yeux. Au début, il y avait de la peur, une peur profonde et troublante qui semblait la submerger, ses prunelles, d'un bleu intense,devenaient sombres comme un ciel orageux, trahissant l'inquiétude face à l'inconnu qui l'attendait. Je pouvais presque entendre les battements de son cœur.

Tu ne perdras pas, je serai toujours avec toi.

C'est ce qu'elle m'a dit ce jour-là, j'ai pleuré, dans les bras de Ria, nos larmes se mélangèrent. Le cœur lourd, Rosa s'est effondrée, incapable de contenir son chagrin. Sa sœur, sa meilleure amie était dans un état grave. Le seul qui n'a pas pleuré, c'est Nicolas. Il était là, silencieux, les yeux rivés au sol.

J'ai appris que certains soirs, il était avec ma mère. Ce qui m'a beaucoup étonné.

— J'ai quelque chose à te dire, articule-t-elle d'une voix tremblante me faisant sortir de mes pensées

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