6- Dualité reversible

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Ayden Hill :

Le choc. C'était quelque chose de commun, quelque chose que chacun avait déjà expérimenté de façon différente. Certains étaient positifs et entraînaient la joie, d'autres étaient tragiques et le sentiment de tristesse nous emplissait. Il restait tout de même une catégorie, l'incompréhension. Le cas de figure auquel je faisais actuellement face. Le noir le plus total.

"Il s'agit de mon père"

Comment ? Comment cela se pouvait-il ?

Divers scénarios s'étaient joués dans ma tête à l'instant où il avait prononcé ses mots mais aucun ne me semblait plausible.

Aaron aussi semblait démuni face à la renaissance de son père, car c'était de cela qu'il s'agissait, une renaissance.

Alors même que l'idée que Néra m'ait menti depuis le début, son frère m'apprit qu'il comprenait mieux sa disparition avant la rentrée de cette année. En effet, suite à son anniversaire et sans raison, Néra s'était envolée, tel le petit ange qu'elle représentait.

Il n'avait jamais compris pourquoi elle était partie, ni la raison de ce départ soudain, mais maintenant il s'avait, la seule chose qui lui manquait était l'élément déclencheur de sa décision. Élément que j'avais en ma possession. Il s'agissait de la fameuse lettre de sa mère, j'en était persuadé. Cette même lettre qui m'avait fait pleurer, celle que sa tante lui avait donné pour son anniversaire, ne se doutant aucunement des conséquences que cela allait entrainer.

J'avais fait comme si j'étais également dans l'ignorance, à vrai dire, je ne pense pas que Néra veuille que quiconque découvre cela, du moins pas dune autre bouche que la sienne. Cela se comprenait et je respecterais cela.

Pour autant, je voulais savoir ce qu'il s'était passé cette nuit-là, je voulais savoir comment son père n'avait-il pas pu mourir et surtout pourquoi elle l'hébergeait actuellement, surtout en ayant tous les éléments de son passé en ma possession.

La seule solution que j'avais trouvé à cela était de me rendre à l'université malgré mon absence probablement irrattrapable.

Une fois arrivé, je coupais le contact de ma voiture pour en sortir. Je dois avouer que revoir cet établissement ainsi que son enseigne ne me réjouissait pas des masses mais me dire que j'avais la possibilité de la revoir pour lui demander des explications compensait le tout.

Je rentrais ainsi dans cet espace que je n'aimais point. A peine cela fut fait que je sentais sur moi le poids de regards étranges. En regardant un peu mieux mon entourage, je remarquais que la plupart des regards étaient braqués sur moi. Certains le faisaient de façon discrète, d'autres pas du tout. Mon absence s'était-elle tant fait ressentir ?

Cela était fort probable. Je m'étais pourtant déjà présentée une fois la semaine passée, sans ressentir davantage de paires dyeux sur moi. A vrai dire j'avais été tellement focalisé sur la présence de Néra que j'avais pu ne même pas ressentir ses regards abusifs sur ma personne.

Je continuais alors mon chemin, faisant comme si je ne les remarquais pas. Lorsque des picotements dérangeants se faisaient ressentir derrière moi, je décidais de me retourner pour découvrir la personne à l'origine de cette gène.

Sans y être préparé, je percutais le regard perçant d'Ava. Je me remémorais la dernière fois que je l'avais vu, quand je lui avais conféré la lettre écrite par Néra qui lui était destiné, de la même façon que je l'avais donné à Aaron et sa tante.

Sans même avoir ouvert la lettre, elle savait de quoi il s'agissait. Elle l'avait balancé par terre puis s'était  jeté sur moi pour déverser sa rage. J'avais encaissé chacun de ses coups, chacune de ses paroles et assimilé chacune de ses larmes. Lorsqu'elle s'était retrouvée sans force et affalée au sol, j'avais décidé de la porter jusqu'à son lit. Elle ne s'était même pas débattu, après tout je crois qu'à cet instant une partie d'elle était morte.

Whispers from beyond : meander of the soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant