Chapitre 10 {Nora} Les ténèbres

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21 janvier 2024

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21 janvier 2024


Sa main qui comprime ma trachée, ses yeux flamboyants d'une rage sans limite, son haleine alcoolisée, ne me quittent pas alors qu'il disparaît de ma vision, en imposant une autre dans mes synapses. Le jour où j'ai cru que j'allais vraiment succomber et où je suis parvenu à me relever alors que je ne le pensais pas possible. Je me suis fait la promesse de ne plus jamais rechuter sauf que mes jambes ne semblent pas du même avis, car elles défaillissent pour que je m'effondre sur le trottoir, le long de cet hôtel, mes mains cachant les larmes qui m'envahissent sans parvenir à avoir un quelconque contrôle dessus.

Il arrive encore à trouver une place dans mes pensées alors que je l'avais banni pour l'éternité, me promettant d'être plus forte que ça, mais je me suis sans doute trop surestimée. Mes capacités à faire ce que je veux reste encore à retravailler.

Je la sens arriver comme une vague qui monte, monte, monte dans la mer pour venir s'écraser à nos pieds. Un élément incontrôlable qui me submerge au point de me couper la respiration. La crise d'angoisse. Puissante. Dévastatrice. Elle détruit tout sur son passage et la lâcheté dont je suis faite, s'effrite comme une photo qui brûle.

Que vient-il de passer  ?

J'étais seulement en train de me promener, car je ne parvenais pas à trouver le sommeil, je suis tombé sur lui et je me suis dit qu'il serait bien qu'on parle de ce qui s'était passé au déjeuner, mais son attitude me lance encore sans voix. Comment un homme qui a l'air de maîtriser ses émotions en toutes circonstances, peut-il vriller juste à cause d'une simple question  ? Qu'ai-je dit ou fait de mal  ? Me suis-je montrée trop intrusive  ? Il m'arrive parfois de ne pas savoir où sont les limites, mais je le promets, je ne pensais pas à mal. Il a dégoupillé sans que je ne vois rien venir.

Quand je repense au sang-froid dont il a su faire preuve, il y a trois ans, dans ce chaos et que je vois aujourd'hui à quel point il peut vite exploser pour quasiment rien, je me fais l'observation que je ne suis pas la seule que cette journée a définitivement changée. Peut-être aurais-je dû l'écouter quand il m'a demandé de le faire. Peut-être qu'en voulant me forcer à lui parler, c'est lui qui en avait inconsciemment besoin. Non je refuse d'être encore une victime. Je refuse de lui donner une importance qu'il ne doit pas avoir. Rien n'excuse le comportement qu'il vient d'avoir. Absolument rien.

La violence n'a jamais rien résolu et je m'oppose fermement à l'idée d'être son nouveau punching-ball, s'il a des problèmes, je ne suis pas la bonne personne pour les subir alors que je n'ai rien demandé. On ne m'y prendra pas une seconde fois.

J'attends que mes tremblements cessent et que mon état permette à mon corps de se remettre en route pour m'éloigner le plus loin possible de cet endroit qui ravive bien trop de mauvais souvenirs que je combats sans merci. En arrivant à mon hôtel, j'arrache presque mes vêtements, remplie la baignoire d'eau froide et rentre dedans en m'immergeant entièrement, jusqu'à ce que ma respiration se coupe, l'espace d'un instant et replonge dans le tourbillon de l'enfer auquel j'ai dû faire face ce jour-là.


Half a heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant