Chapitre 6

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Le lendemain, Mère me réveilla après le déjeuner. Elle était sur les nerfs que je n'aie pas pris la peine de me lever plus tôt qu'à mon habitude pour venir manger avec la famille. Elle commença à me parler de tous les nobles qui étaient déjà arrivés, des autres commerçants que l'on connaissait qui avaient également été invités. Elle me précisa que le bal de ce soir serait un des plus grandioses que le château ait donné, tous les membres du Haut Conseil allaient être présents et étaient logés ici depuis quelques jours. Sur ce détail, elle relança l'hypothèse du mariage, elle avait aperçu pendant le repas la fille du seigneur de Lorca, Bonnie.

Mère continua à parler tout le temps que je pris pour me rafraîchir le visage et fouiller dans mon coffre. Une fois la robe choisie, je partis l'enfiler, elle était simple avec une jolie couleur lavande.

— Ah non, ma chère fille, comment as-tu pu amener cette robe ? Tu es à la cour, pas sur notre domaine. On avait sélectionné tes tenues avant de venir, j'aurais refusé celle-ci si je t'avais vue la glisser dans tes bagages. Laisse-moi décider.

Je levai les yeux au plafond d'exaspération face à son comportement. Mère me dégota une superbe robe en mousseline d'un vert émeraude, le haut était en guipure avec un joli décolleté mettant en avant ma poitrine. De petites manches en dentelle accompagnées d'un dos à moitié découvert complétaient la robe. Avec ma taille assez marquée couplée à mes hanches tout en rondeur, elle me mettait assez en valeur. Mais je me trouvais trop voyante pour une balade dans les jardins. Soit, Mère avait pris sa décision, je n'avais pas voix au chapitre.

Une fois satisfaite, elle entreprit de coiffer mes cheveux, heureusement pour moi, elle choisit de laisser une partie de ceux-ci retomber en boucles souples dans mon dos. Elle tressa le haut de mon crâne pour y ajouter un serre-tête avec de petites pierres incrustées. Quand elle me trouva apte à être présentée au monde, nous sortîmes de ma chambre et partîmes en quête des jardins pour une courte promenade.

Des jardiniers s'affairaient à rendre ce jardin parfait dans les moindres détails. Pas une feuille ne dépassait des topiaires, pas une mauvaise herbe en vue. Tout était pensé avec minutie jusqu'à la combinaison des fleurs et de leurs couleurs pour former des dessins sur le sol.

Ne regardant pas devant moi, je percutai un torse imposant ; je reculai de quelques pas pour apercevoir le visage de celui que j'avais heurté. Je restai immobile, paralysée par le regard de cet homme. Je n'en avais jamais vu d'aussi beau que lui ni d'aussi froid. Il semblait sculpté par les dieux, il n'avait aucun défaut. Sa peau pâle contrastait avec ses cheveux d'un roux flamboyant et sa barbe épaisse dévorait ses mâchoires carrées. Ses yeux étaient du même vert que ma robe, une lueur dorée se logeait au fond de ses pupilles, il paraissait sauvage et primitif. Il était beaucoup plus grand que moi, avec de larges épaules qui précédaient des bras musclés par des années d'entraînement.

Je bavai littéralement sur lui, je mis un certain temps pour me reprendre avant de m'excuser de l'avoir bousculé. Son sourire en coin me fit froid dans le dos, il ne remontait pas jusqu'à ses yeux. Cela lui donna encore plus l'air d'un guerrier impitoyable et cruel, ce n'est que lorsqu'il passa devant moi que je remarquai ses oreilles plus pointues que celles des hommes. Un fae. Et pas n'importe lequel, si j'en croyais mon instinct, il inspirait la puissance et la peur.

Mère, qui avait assisté à la scène, me fit un sermon sur le fait d'être dans la lune et d'avoir regardé cet immortel avec aussi peu de discrétion. Je ressassai cette rencontre dans ma tête tout l'après-midi, il m'avait fait une sacrée impression. C'était la première fois que je croisais un membre de son espèce, je ne savais pas vraiment à quoi je m'attendais. Pas à ce que notre ressemblance entre les humains et les faes se cantonne à des oreilles en tout cas.

L'embrasement de l'OpaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant