Poe x Baudelaire (1) ~ Fierté, admiration et camaraderie

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Charles Baudelaire n'avait jamais été très sentimental. La seule personne qui avait réellement compté à ses yeux était sa mère, mais on la lui avait prise.* Il avait toujours été seul, vagabondant pour fuir l'ennui (et les créanciers). Ce qu'il avait le plus aimé de son vivant : la poésie, l'absinthe, les plaisirs charnels...mais un jour tout cela aussi avait prit fin. La vie était éphémère, il le savait et pour ça il avait toujours tâché de profiter le plus possible de son quotidien.

Puis il avait eu droit à une seconde chance à la Bibliothèque Impériale. De prime abord cela ne l'avait pas enchanté, il pensait s'ennuyer à mourir dans cet endroit rempli de livres et d'hommes-fantômes. En dehors des infiltrations il n'y avait vraiment rien à faire, et rien de ce qu'il aimait dans sa vie passée.

Mais un jour le fléau avait contaminé Nouvelles histoires extraordinaires, le recueil d'Edgar Allan Poe que Baudelaire avait traduit et organisé. Voyant cela il avait été pris d'une grande fureur, d'abord car il s'agissait là d'un travail qu'il avait réalisé avec soin et passion, et puis parce que  c'était l'oeuvre d'un grand auteur qu'il avait vénéré jusqu'à en devenir son traducteur attitré. Il ne tolérait pas que l'on puisse ainsi souiller et détruire l'oeuvre de cet homme qu'il admirait tant !

Bien évidemment il avait participé à l'infiltration et défendu de toute son âme l'oeuvre de Poe.

Une fois le recueil purifié, Poe avait rejoint la Bibliothèque Impériale comme le voulait la coutume. 

Depuis ce jour, et tous les jours qui avaient suivi, Baudelaire avait changé. Lui qui naguère restait toujours seul à s'ennuyer dans son coin, suivait dorénavant Poe partout, le questionnant sur tous types de sujets et buvant ses paroles avec avidité. Il avait même pris l'habitude de l'appeler "maître" et cela ne semblait pas déranger son aîné. Bien sûr il ne voulait pas l'embêter et lui laissait quand même du temps pour lui, mais il était toujours attentif au moindre désir de la part de Poe, en d'autres termes : Il lui était dévoué corps et âme.

De son côté, Poe apprenait à connaître celui qui avait permit que l'on publie son oeuvre en France, celui qui avait été pendant longtemps son traducteur attitré. Comme ils ne s'étaient jamais rencontrés dans leur ancienne vie, n'échangeant que par des lettres, ils n'avaient pas eu le loisir de faire plus ample connaissance en dehors du travail. Même si cela ne l'avait pas trop tracassé à l'époque, il se rendit vite compte que ce  n'était pas le cas de Baudelaire, qui lui aurait voulu mieux connaître cet auteur de génie qu'il adulait tant. Poe décida donc de le laisser lui poser des questions et lui répondait avec attention, et cela devint rapidement une routine pour eux.

Étrangement la présence de Baudelaire ne le dérangeait pas, même lorsqu'il se mit en tête de l'appeler maître. Il faut dire que Poe était quelqu'un de fier, que les autres lui montrent de respect était normal pour lui. Mais l'attitude de Baudelaire était différente, lui n'avait jamais cherché à cacher son émerveillement quand il s'agissait du travail de Poe, au contraire il avait voulu le faire connaître à tous dans son pays en traduisant ses oeuvres. Il était prêt à tout pour défendre le travail de son maître, ce qui ne déplaisait pas à ce dernier.

Ainsi les mois passèrent comme quelques jours à leurs yeux, jusqu'à ce jour, par une matinée printanière :

Toc toc

"Maître vous êtes réveillé ? Il est déjà 10h !

-C'est bon c'est bon j'arrive, grogna Poe encore à moitié endormi.

-J'ai préparé votre petit-déjeuner !

-Hmm...merci Baudelaire."

Poe s'habilla et descendit au réfectoire où l'attendaient un plateau déjà tout prêt et un disciple  souriant à côté.

Recueil d'OS Bungou to AlchelmistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant