10 ans plus tôt

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Être une humaine dans une meute de loups-garous n'était pas une chose facile. Surtout quand cette meute était connue pour sa puissance et sa force. D'autant plus que génétiquement, elle était censée être une louve. Ses parents étaient des loups-garous puissants, mais elle était née sans la moindre capacité à changer de forme. Elle était une ratée, une tare au sein de sa famille et de sa meute.

De plus, ses yeux, l'un bleu presque blanc et l'autre totalement noir veiné de dorée, ainsi que la pâleur du blond de ses cheveux, attirait sur elle une attention dont elle se serait bien passé. En tant qu'humaine incapable de se transformer, elle était traitée comme une moins que rien, un minable punching-ball sur lequel il était acceptable de se défouler. Mal nourrie, maltraitée, et quasi quotidiennement conduite dans une arène de combat pour affronter des loups-garous plus forts, plus grands, plus rapides et plus puissants qu'elle, elle n'avait eu d'autre choix que de devenir rapide, forte, et discrète.

Pour survivre, elle avait dû apprendre dès petite fille à se battre, à supporter la douleur et à se faire la plus discrète possible pour éviter les coups perdus. Paradoxalement, elle avait été tellement brisée par la meute à laquelle elle appartenait, qu'elle ne ressentait plus la douleur de la même façon, si bien que régulièrement elle passait à côté de blessures qui auraient dû la faire horriblement souffrir.

Elle n'avait que 16 ans, pourtant elle avait vu et fait tellement de choses horribles qu'elle se demandait parfois si elle était saine d'esprit. Elle pensait sincèrement qu'elle était folle. Quand elle ne parvenait plus à supporter les coups et la violence, elle s'enfermait dans sa propre tête et s'imaginait voyager à travers des mondes étranges, avec des créatures étranges qui ne pouvaient qu'être le fruit de son imagination détraqué. Par moment, elle ne savait même pas si elle était en train de rêver ou non quand elle voyait des formes sombres et étranges s'accrocher aux gens qu'elle croisait.

Enfermée dans la cave sombre et humide qui lui servait de chambre. Bonnie grava un bâton supplémentaire dans un coin libre sur le mur. Elle faisait cela chaque jour depuis qu'elle avait été conduite dans cette pièce. Elle avait ainsi sous les yeux la preuve qu'elle était vivante ; qu'elle avait survécu à une journée de plus ! Par moment, elle n'était pas persuadée d'être vivante, et graver ces marques sur le mur lui rappelait qu'elle l'était. C'était important pour elle. C'était important pour sa santé mentale.

Aujourd'hui, avec ce bâton, elle marquait la fin de son calvaire. Ce serait la dernière fois qu'elle se livrerait à ce rituel. Ce soir, soit elle mourrait, soit elle serait libre. Elle avait entendu les membres de la meute qui gardait sa porte dire qu'elle devait trop encombrantes et qu'il fallait se débarrasser d'elle. Bonnie n'avait absolument pas l'intention de se laisser abattre comme un chien. Elle battrait jusqu'à la mort et mettrait ses dernières forces dans le combat pour sa liberté. Depuis une semaine, elle attendait avec impatience qu'il vienne la chercher pour la tuer. Elle avait amassé divers objets pouvant lui servir à se défendre et à blesser.

Se battre pour survivre était pour elle une habitude, mais ce dernier combat avait vraiment quelque chose de décisif. Quoi qu'il se passe, elle ne se laisserait plus jamais enfermer, elle ne serait plus l'esclave de personne. Morte ou vive, ce soir, elle se battait pour sa liberté.

Elle entendit des bruits de pas dans le couloir. Consciente que l'heure approchait, elle fit tout pour discipliner ses émotions. Si jamais ils détectaient le moindre signe d'impatience, ils attaqueraient avant qu'elle ait le temps de bouger. Elle se dirigea discrètement vers le coin le plus sombre de la pièce : derrière la porte de la cellule. Elle serra dans sa main le morceau de plastique qu'elle avait passé des heures à affuter pour le transformer en couteau au tranchant raisonnable. Elle veilla à ne pas trop serrer, la crispation de ses doigts pourrait l'handicaper si elle n'y prenait pas garde.

Un amour d'OmégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant