Gépard se rappelait de cet été hivernal. De ce jour où le soleil et la température tapaient si vivement contre sa peau qu'il en cru voir des rougeurs. Pas celles qu'ils avaient l'habitude d'avoir à cause du grand froid, mais bien celle que cette chaleur lui avait provoquée.
Un an plus tôt, il s'en souvenait encore, cette journée avait marqué la pire période de sa vie. Parfois, dans les dernières heures de la nuit, quelques fois par an, il s'y revoyait. Il lui arrivait alors de se demander ce qu'il se serait passé s'il n'avait pas rencontré cet adolescent, s'il n'avait pas cherché à en apprendre plus sur lui, s'il ne s'était pas saisi de cette arme. Il n'aurait pas à revivre cette rencontre fortuite, l'expression de ce visage, la sensation que lui avait procuré cet incident. Il n'aurait pas été là, à se retourner encore et encore dans son lit, dégoulinant de sueur, le souffle court. Il n'aurait pas à se réveiller en sursaut, à se demander s'il rêvait encore ou s'il venait de se réveiller. Heureusement, il finirait par se rendre compte qu'il était bien dans sa chambre avant de souffler de soulager et essayer de calmer sa respiration haletante.
Gépard n'en pouvait plus de ce cauchemar. Chaque mois c'était la même chose, il ne faisait que de se remémorer les mêmes choses en boucle avec la même sensation horrible d'être pris au piège. C'est du moins ce qu'il avait ressenti au moment des faits. Il avait eut l'impression qu'il n'irait pas aussi loin qu'il l'aurait voulu et que sa vie était fichue. Cependant il était là, dans sa chambre, en campagnie de sa famille tout en étudiant dans l'établissement qu'il avait toujours voulu. Il n'y avait rien à craindre, le passé était révolu et la vie continuait.
« Alors pourquoi est-ce que je continue à rêver de ça ? », soupira Gépard allongé sur son lit le regard fixé au plafond.
Le jeune homme finit par pousser un nouveau soupir, plus bruyant cette fois, puis se frotta vivement la tête des deux mains comme pour essayer d'oublier ce à quoi il venait de rêver, accentuant les épis déjà présents sur sa cheveulure blonde.
Toujours lamentablement allongé dans ses draps, Gépard fut interrompu par un petit bruit qui provenait de sa porte, quelqu'un toquait.
« Aller frangin, c'est l'heure de se réveiller. »
« Oui, deux minutes. »
« Oh ? »
Gépard pouvait clairement entendre de la surprise dans la voix de Serval qui laissa tomber un bref silence avant de se remettre de sa surprise.
« T'es vraiment réveillé là ? »
« Non, bien sûr que non. »
« Ah oui, je me disais bien. »
Gépard n'avait aucun moyen de savoir si l'aînée était sérieuse ou s'il y avait une pointe d'humour dans ce qu'elle venait de lui dire. Il préférait voir les visages, il était plus simple de lire les autres une fois en face d'eux.
D'un mouvement lasse, Gépard fit l'effort de se lever de son lit, puis, sorti de sa chambre, son corps encore un peu endormi. Habituellement, Gépard n'avait jamais vraiment le temps de manger le matin, toujours pressée par l'heure qui courait derrière lui. Mais ce matin-là, il ne vit pas Lynx déjà attablé, bol de céréales aux mains, ni Serval qui reparaît toujours quelque chose - téléphone, ordinateur portable, radio, moteur de moto - tous les matins sans exception sur la table basse du salon. Ce matin-là, Gépard était seul dans ces pièces silencieuses et finit par regarder l'heure, ne cachant pas sa surprise.
« Je me suis réveillée trente minutes à l'avance ? »
Il comprenait donc la surprise de Serval. La jeune femme se réveillait souvent plus tôt que tout le monde - trente minutes à l'avance - pour pouvoir réveiller son frère et sa sœur bien aimés afin de leur éviter les retards. Était-ce le cauchemar qui l'avait réveillé plus tôt ? Gépard se le demandait, après tout, il ne lui arrivait que très peu de faire ce rêve en particulier. Cependant, lorsque cela arrivait, c'était toujours plus ou moins violent ou extrêmement anxiogène. Gépard avait réussi à ne plus y rêver pendant trois mois consécutifs et avec l'expérience il comprit qu'il fallait quelque chose pour déclencher ces crises de cauchemars. Quelque chose qui était en rapport avec ce souvenir douloureux, de préférence.
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PSYCHO {Sampo x Gépard} [LE RETOUR]
Fanfic« Sampo Koski. » Gépard Landau avait ce nom gravé dans un coin de sa tête. Jamais il ne pourrait l'oublier. Ce n'était autre que la seule personne qui arrivait à ternir l'image du parfait petit Landau qu'il eut tant de mal à façonner. Ce n'était aut...