À peine rentrée chez nous, papa nous interpelle.
— Qu'est-ce qu'il vous a pris si longtemps ? Vous étiez bien à la rivière ?
Seb lui explique qu'on a rencontré Timothé et sa sœur et qu'on les a fait visiter le village.
— Et ils vont organiser une pendaison de crémaillère, j'annonce.
— Génial ! Ça fait longtemps que je n'ai pas vu la villa.
Nous hochons la tête à ses paroles, puis Seb remonte dans sa chambre et moi, je vais m'asseoir sur un transat qui fait face à un champs de hautes herbes. Ce n'est pas parce qu'on a une maison de vacances qu'on a les moyens de dépenser de l'argent dans l'entretien complet du terrain . La maison appartenait à la famille de ma mère et ceux-ci nous l'ont gentiment laissée. Pas par bonté d'âme, plutôt parce qu'ils en ont d'autres et que celle-ci a plus d'importance pour nous que pour eux.
Ma mère nous a quittés deux mois après la naissance de Sébastien. Je sais que mon frère se sent parfois coupable parce qu'il croit que c'est lui qui a tué maman, mais elle était déjà faible avant sa rencontre avec papa et même si la grossesse la encore plus affaibli, ce n'est que plus tard que son cœur a lâché.
Les funérailles ont été horribles. Il n'y avait que nous et la famille de maman. Papa n'en a plus. Et malheureusement, la seule liaison qui nous lie encore à notre mère, c'est à dire nos deux grands parents et nos deux tante avec leurs maris et enfants, sont les plus grands connards que j'ai jamais rencontré. Et je pèse mes mots.
Je n'ai pas l'habitude d'insulter qui que se soit, mais eux le méritent. Et pourtant je suis obligé de faire l'hypocrite parce que je ne veux pas leur montrer qu'ils m'atteignent d'une quelconque façon. Mais aussi, car, comme dit mon frère, "il faut éviter de se brouiller avec ceux qui ont du pognon". Ça ne me plaît pas forcément, mais on doit faire avec, et même si j'aimerais ne plus jamais avoir à leur reparler, ils font quand même partie de ma vie. Une partie très mince et amère, mais une partie quand même.
J'entends mon père approcher derrière moi et s'arrêter.
— À quoi penses-tu ma jolie fille ?
— À des choses qui ne sont pas de ton âge, je lui réponds en riant.
Mon père a beau être un adulte responsable, il peut parfois être naïf, comme par exemple penser que les membres de la famille de sa défunte femme peuvent changer. Ce qui est absolument faux, et je ne lui ai jamais assez répété qu'on ne peut pas dialoguer avec ce genre de personne.
Et à son sourire malicieux, je comprends qu'il pense à l'exact opposé de mes pensées.
Il n'a jamais réussi à me comprendre de toute façon.
— Penserai-tu à... Timothé ?
— Non papa, je réponds d'un ton neutre. Je n'entrerai pas dans son petit jeu puéril.
Il s'assoit au bord du transat.
— Alors qu'est-ce que c'est, si ce n'est pas à un garçon, moi foi plutôt beau, auquel tu penses ? Une fille peut-être ?
— Papa... Tu n'es pas drôle. Va plutôt voir Seb, il a essayé de draguer Anaïs. C'est de lui dont il faudrait s'inquiéter, pas moi !
— Ma chérie, comprends-moi, tu es bientôt majeure, et à ma connaissance tu n'as jamais testé de relation amoureuse. Ton frère, lui, je sais qu'il n'y a pas de problème de ce côté-là.
Je ne réponds pas, sa remarque me frappant comme un vent glacial, qui assèche et gèle en même temps toutes mes cellules.
Comment peut-il dire ça ?
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A million ghost scars
RomancePour elle, c'est déjà trop tard. Pour lui, la vie ne fait que commencer. Et pourtant, ils n'ont qu'un an d'écart... Elysa a l'impression de vivre éternellement dans l'impatience de l'arrivée des vacances. Rien ne lui semble plus réjouissant que d'al...