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Les cris de terreurs étaient accompagnés de grondements bestiaux, ils venaient de partout ; des appartements voisins, des écrans de nos smartphones. Audrey se précipitait pour rejoindre Lucie, pendant que je me penchais sur nos écrans.

Mon cœur cessa de battre, j'eux la désagréable sensation de mon sang quittant ma tête et je dus me tenir.

Sous mes yeux, des monstres difformes, à tel point que je ne comprenais pas forcément où était la tête de certains. Ils s'en prenaient aux humains. Je fis défiler, pour trouver des images plus nettes, car la plupart me provenaient de téléphones au sol, sans compter toutes les images noires.

Mon cerveau avait clairement disjoncté, ils étaient apparus comme ça au milieu des gens, en une fraction de seconde. Mais alors que je tentais d'analyser ce que j'avais vu, un hurlement d'Audrey m'électrisa et sans réfléchir, je la rejoignais au pas de course.

Elle avait été projetée dans le couloir et maintenait à distance un monstre d'une peau pâle avec des drôles de touffes de poils éparses tout aussi claires. Le monstre avait des airs d'araignées, mais seulement à six pattes. J'attrapais le balai à ma portée et me jetais sur la bête pour la frapper.

— Judi ! hurla Audrey.

Un cri presque discontinu quittait sa gorge, je lui jetais un bref coup d'œil, elle tremblait, les yeux à deux doigts de lui quitter la tête.

La créature profita de cet instant de flottement pour contre-attaquer, par chance, j'interposais le manche qu'elle mordit, alors que nous tombions au sol. Nous glissions jusqu'au salon, percutant les tabourets et le pied central de la table ronde.

Le démon qui m'assaillait n'était pas bien lourd et je réussis à le projeter contre le bar de la cuisine avec mes jambes. Mais il avait emporté mon balai. Je réalisais que sa chute avait fait tomber les ustensiles de cuisine, dont un énorme couteau à viande. Sans plus réfléchir, je me précipitais sur l'arme, la bête m'attaqua à nouveau, sans que je n'aie le temps de réellement faire volte-face. Elle me mordit à l'épaule et par réflexe j'abattis mon nouvel outil.

Sans vraiment viser, j'avais frappé en plein sur le côté de sa face. Le couinement qu'elle lâcha me dégoûta, elle me libéra et bascula sur le côté dans un dernier soubresaut avant de s'immobiliser.

— N-non ! balbutia Audrey en arrivant à quatre pattes, le corps tremblant.

Je me précipitais vers elle, mais elle me repoussa pour rejoindre le cadavre au milieu du salon.

La plainte déchirante qu'elle lâcha me fit réaliser l'impensable sans vraiment le formuler. Je tournais la tête vers le couloir et voyais les lambeaux des habits du pyjama violet que Lucie adorait. Pendant un instant, je me dis que la bête l'avait dévorée, mais les images vues plus tôt, l'avertissement du maire, les mots de Bélial, tout me revint et je compris pour de bon. Le monstre, c'était Lucie.

Et je l'avais tuée.

Mes jambes me lâchèrent, mes muscles furent pris de spasmes et une violente envie de vomir me retourna les entrailles. Je n'avais pas pu faire ça. Je n'avais pas pu tuer une gosse de deux ans.

Audrey se tourna vers moi, le corps contre elle. La haine dans son regard hérissa mon corps déjà submergé par les sentiments qui tourbillonnaient dans mon crâne.

— J-je ne savais pas, bredouillai-je ma voix s'éteignant tout à fait.

Je voyais l'être difforme, ce n'était pas Lucie, ma conscience refusait l'idée en bloc. Pourquoi ça aurait été elle, mais la détresse de mon amie était pourtant réelle. C'était un vrai cauchemar.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 16 ⏰

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