8 - Comme si rien n'avait changé

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Ma mère éclate de rire quand je lui raconte la scène vécue par Adam en présence de son père et de Sonia. C'est vrai que c'est tellement typique d'elle de se retrouver dans une histoire comme celle-là. Un vrai vaudeville !

La situation entre nous semble être redevenue normale. Fini les regards plein de reproches et la pression sur mon investissement à la fac... Elle ne me pose aucune question alors c'est même moi qui lui fait un résumé de mes premiers pas à l'université et de ma rencontre avec Paul. Ce passage de mon récit crispe mon voisin de gauche dont les lèvres se pincent instinctivement. Pour le rassurer, j'hésite à dire que je ne suis pas sûre de m'investir dans cette asso mais... on vient de se promettre qu'on ne se cacherait plus rien. Et pour être honnête, j'ai vraiment envie de tenter de m'y investir.

Sa main vient se poser sur ma cuisse sous la table de la cuisine et je comprends que c'est sa manière de me dire "N'oublie pas qui est ton homme ! ". S'il pouvait lire dans mes pensées, il saurait que depuis que je suis avec lui, aucun autre garçon n'a attiré mon attention. Je suis à lui, entièrement et définitivement à lui.

Au moment de préparer l'apéro, on sonne à la porte. Je vais ouvrir et tombe nez-à-nez avec marraine Soso une bouteille à la main !

- Surprise ! crie-t-elle un poil survoltée.

Je la serre dans mes bras puis lui adresse un grand sourire en essayant de ne pas laisser paraître le fait que je connais son petit secret.

Je la sens se raidir lorsqu'elle aperçoit Adam dans le salon. Elle marmonne quelque chose dans sa barbe puis ôte son gilet rose bonbon pour le pendre au porte-manteau.

Elle se dirige vers le salon et... bloque sur ma mère.

Et merde ! Celle-ci la lorgne avec un petit air goguenard. Le concept de garder un secret n'est pas très clair pour elle apparemment.

- J'aurais dû me douter que tu ne saurais pas tenir ta langue ! crâche-t-elle à destination d'Adam.

Celui-ci tout penaud fixe ses pieds en attendant que Sonia finisse de lâcher sa colère à son encontre.

- C'est bon Sonia, y a pas mort d'homme... j'interviens pour défendre mon amoureux. Tu l'as mis dans une situation inconfortable aussi.

Marraine Soso me fixe en fulminant intérieurement, tel un taureau prêt à charger. Elle regarde Adam, puis moi, puis de nouveau Adam avant de s'affaler sur le canapé.

- Pfff... T'as raison.

J'écarquille grand les yeux avant de m'asseoir à ses côtés en mettant ma main sur son front pour vérifier qu'elle n'a pas de fièvre.

- Tu es malade ? Parce que reconnaître que les autres ont raison, ce n'est pas habituel chez toi.

Je la scrute avec un air faussement concerné tandis qu'elle me fusille de ses prunelles chocolats.

- Depuis quand tu es devenue une chipie, toi ? me balance-t-elle en mettant une petite tape sur le bras. Je voulais juste vous le dire moi-même. C'est encore mon droit !

- Pourquoi tu fais tant de mystère ? le coupe ma mère en lui déposant une coupe de Prosecco sous le nez. Nous, on est contentes pour toi. Peu importe avec qui tu es...

Sonia lorgne Adam du coin de l'œil et je comprends que sa présence l'empêche de parler librement. J'attrape la main de celui-ci et lui fait comprendre d'un mouvement de tête que je veux qu'on quitte le salon.

- On vous laisse papoter, appelez-nous quand Samuel sera arrivé.

Lorsque nous sommes enfin dans ma chambre, je vais m'allonger sur mon lit en faisant signe à mon amoureux de m'y rejoindre. Après avoir balancé mon pauvre Monsieur Nounours de l'autre côté de la pièce, il vient se poser à mes côtés et je peux enfin me lover dans ses bras. Écouter les battements de son cœur est l'un de mes passe-temps favoris, surtout quand j'ai les mains baladeuses. Sa cadence s'accélère et mon propre palpitant se met en général au diapason.

L'envers de la confianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant