LE RETOUR

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Et tu sais, si la vie s'arrêtait ainsi, du jour au lendemain, tout ce que tu as vécu s'écroule dans un élan si soudain. Que tous les problèmes que tu as au quotidien cessent d'exister et que tout cela laisse place au néant. Imagine, du jour au lendemain, tu n'existes plus, tu disparais sans laisser aucune trace. Tu es effacé de la carte comme si ton passage sur terre n'avait aucune influence sur le futur. Tu pars sans avoir vécu ta vie et exprimé tes pensées. J'ai peur de vivre dans le regret, j'ai peur d'infliger de la douleur à mes proches. Je veux vivre, et tant que je serai en vie, je me promets de ne jamais vivre dans le regret, car le regret est la sensation qui t'empêche de dormir.



Les heures de route défilèrent, les paysages aussi. Je pensais à tout ce que je laissais ici, à tout ce monde que j'avais rencontré. L'histoire prenait fin, et la boule au ventre s'enfonçait encore un peu plus dans mon estomac. Je ne savais pas ce qui allait arriver en rentrant là-bas. On m'a appris que ma grand-mère souffrait d'un cancer. J'avais peur de la suite. Mais je voulais te revoir. J'avais peur de mes parents, et pourtant, j'avais besoin de retourner chez moi. J'avais peur de mes notes, de ma famille, mais j'étais obligé de revenir, pour lui. Le casque sur les oreilles, j'écoutais des musiques espagnoles pour passer le temps. J'étais en débardeur, et j'avais mis un pantalon. La température annonçait 30 degrés, en revanche en France, il en faisait 8. Une fois arrivée à l'aéroport de Madrid, je pris ma valise et rejoignis l'embarquement. Je laissai derrière moi Carla, mais aussi son père. Lors de mon départ, je n'avais rien dit, je les avais juste remerciés. Je déteste me mettre à pleurer pour les adieux. Je préfère garder le sourire et pleurer après quand je suis seule. L'avion décolla, et la vie en Espagne s'éloigna. Il me restait à présent simplement des souvenirs. De beaux souvenirs.

Le soleil laissa place aux nuages, toujours plus nombreux. L'avion perdit de l'altitude, et la pluie parsema la ville de Nantes. En une seconde, je perdis le sourire. Ici, il faisait froid, ma famille était là, juste devant. Je les embrassai. Malheureusement, au retour, rien n'avait changé, ni les disputes, ni même mes notes.



Je relisais sans cesse ce message. Ce message qui était à la fois gentil et qui me blessait. Je ne sus ce que je ressentis vraiment à cet instant. Du dégoût, de l'angoisse, de la tristesse. Tous ces sentiments ne me laissèrent plus qu'une boule au ventre. Mes larmes coulèrent sur mon téléphone, je n'arrivais pas à accepter la réalité, je n'en voulais pas. Je ne savais pas comment réagir, les souvenirs firent place, les regrets s'installèrent. La boule au ventre devint chaque jour un peu plus grande. Je passai 7 jours enfermé dans ma chambre à ressasser le passé, à essayer d'effacer les souvenirs, à pleurer sur mon sort, à essayer de comprendre. Il n'avait trouvé aucune raison valable, il n'avait rien dit et avait simplement envoyé un message. Maintenant, j'étais devenue une simple personne oubliée. Il m'avait rayé de partout. Je n'avais pas existé. Est-ce que tu sais ce que ça fait lorsque la personne que tu as le plus aimée te raye de la liste ? Est-ce que tu sais ce que ça fait lorsqu'on te quitte sans raison ? C'est comme un poignard que l'on t'enfonce, c'est comme un souffle coupé, c'est comme une partie de toi enlevée. 

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