Chapitre 5

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En tout, Eren avait passé six jours dans ce cachot. Il ne savait pas exactement à quoi il devait sa libération, mais il se prenait d'amusement à penser qu'il avait payé sa dette au caporal. Maintenant ils étaient quittes. Le titan essayait de ne pas trop penser au fait que le jeu pouvait s'arrêter ainsi, sur ce parfait match nul. Malgré la gêne qu'il sentait encore là ou Rivaille était passé, il avait déjà une folle envie de recommencer. Il n'était pas encore rassasié du caporal, et il se dit assez vite qu'il ne le serait certainement jamais. C'était trop bon, trop intense, trop compliqué et en même temps si simple par rapport à tout le reste.

Eren traversa les couloirs du QG en compagnie d'Hanji, qui babillait sans s'arrêter sur le nombre conséquent d'idées qui avaient germé dans son esprit bien trop prolifique en l'espace d'une petite semaine. Ils entrèrent dans le réfectoire et tous ses camarades se levèrent pour le prendre dans leurs bras, soulagés qu'il soit de nouveau parmi eux. Pendant les embrassades, Eren lança un coup d'oeil vers le buffet. Il se mordit la joue. Non. Vraiment, c'était impossible que tout s'arrête maintenant.

Il ne vit pas le caporal de la journée. Armin lui souffla pendant le dîner qu'il avait quitté le QG aux aurores en disant à Hanji qu'il allait faire du repérage au Sud. Eren avait simplement hoché la tête, s'empêchant de demander s'il avait dit quand est ce qu'il rentrerait, avant de se murer dans le silence toute la soirée.

Petit à petit, la salle commune se vida, le chahut et les cris résonnant une dernière fois dans les couloirs avant qu'Eren ne se retrouve complètement seul sur son banc, dans le silence. Il eut une vive envie d'attendre là toute la nuit, assis. Il se sentait étrangement vide, et comme angoissé. Où était-il parti? Et pour faire quoi? Et comment ça du repérage au Sud? Quel Sud, le leur où... Il agrippa fermement le rebord de la table.

C'était ridicule. Il était ridicule, à s'inquiéter comme un petit garçon perdu dans une forêt. Il secoua la tête, se fouettant légèrement les joues avec ses cheveux. Il fallait qu'il arrête de penser à ça, il y avait plus important. Dès le lendemain, il reprendrait l'entraînement. Il sourit. À cause des caprices de son caporal, il avait perdu un temps précieux pour développer ses capacités. À tous les coups, Hanji avait dû le supplier à genoux de le laisser sortir...

Il se leva du banc et fit quelques pas dans la pièce vide qui commençait à s'assombrir, les chandeliers perdant en intensité. Oui, demain il se défoulerai bien comme il faut et puis tout ira mieux. Il avança sans s'en rendre compte vers le meuble au fond de la salle, et posa ses mains dessus. Il soupira en appuyant sa tête sur ses bras croisés à même le buffet. Le poids sur son plexus s'alourdit et il sentit quelque chose lui bruler la gorge. Il roula sa tête sur le côté gauche pour regarder dans le vide plusieurs minutes. Voilà. Il sentait qu'il y était. Complètement taré. Il pouffa.

Au bout d'un petit moment, Eren vit du coin de l'oeil un léger reflet quelque peu découpé dans les lignes floues de lumières qui brillaient sur la surface du bois verni, et il pivota la tête pour regarder de quoi il s'agissait. Il y avait un défaut ? Non, ça ne venait pas du bois, enfin pas directement. C'était un endroit de creux et de bosses, dans lequel le vernis s'était un tout petit peu fendu. C'était presque indiscernable si on y faisait pas attention, mais c'était bien là. Le bois avait pris un choc qui l'avait un tout petit peu fait plier, et créé ce cratère étrange qui absorbait la lumière. Eren passa son index dessus, doucement, puis ferma les yeux en grognant. Il continua à caresser cette parcelle qui portait l'empreinte de Rivaille, juste quelques instants.

Note de Tête (Les Notes, Partie 1) [ErenXLivai]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant