Chapitre 3

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Lorsqu'il ouvrit les yeux le lendemain, toujours à l'aube et toujours dans une sorte de transe électrisante, il eut enfin une bribe de souvenir qui remonta à la surface de son esprit embué. De minces fentes rageuses qui laissaient entrevoir deux pupilles glaciales et brûlantes à la fois. Mais quoi encore.

Il descendit silencieusement l'immense escalier en bois, comme tous les matins, le cerveau malmené par ce souvenir. Il entra dans la pièce commune et se figea sur place.

Rivaille était là, revenant manifestement tout juste de son jogging. Il était accoudé au buffet, dos à Eren, ne semblant même pas s'être rendu compte qu'il était entré. Il buvait à grandes gorgées une gourde d'eau, ses déglutitions résonnant dans toute la pièce, alors qu'il massait sa nuque qui avait l'air douloureuse à en juger par les grommellements qu'il poussait.

Eren laissa une nouvelle fois son regard couler sur le corps de son supérieur, sentant déjà des frissons parcourir sa colonne. Mon dieu si il savait l'effet qu'il lui faisait. Il portait cette fois une chemise blanche qui, imbibée de transpiration, adhérait complètement à toute la surface de son dos, laissant entrevoir la nuance rosée de sa peau, surtout au niveau de ses omoplates qui se soulevaient rapidement à chaque respiration. Ses vertèbres dessinaient des creux et des bosses hypnotisantes que le titan suivit du regard, descendant jusqu'aux reins du soldat, ceinturés par son pantalon d'uniforme noir. Sa respiration s'accéléra quand il posa les yeux sur ses fesses moulées par le tissu fin, et prolongées par ses cuisses fuselées, enserrées par les harnais tridimensionnels. Eren eut la furieuse envie d'agripper les lanières en cuir pour attirer ce dos contre son ventre et ces fesses contre son sexe qui réagissait dangereusement. Un soupir lascif sortit de lui sans qu'il ne puisse le retenir et le caporal se redressa vivement.

Il y eut quelques secondes de flottement silencieux avant que Rivaille ne pivote la tête vers lui, toujours de dos. Le mouvement fit glisser une goutte de sueur de la naissance de ses cheveux au bas de sa nuque, qui fit grogner Eren. Il ne put s'empêcher d'avancer, sans quitter une seconde cette nuque de ses yeux rendus noirs. Il rejoignit son caporal en quelques grandes enjambées et se stoppa à quelques centimètres de lui. Rivaille avait déjà placé une de ses mains contre sa cuisse droite, le corps tendu comme un arc, attendant que la menace soit assez palpable pour y répondre. Eren eut un petit sourire, qui fit se froncer les sourcils du caporal.

Alors, le titan leva les deux mains, paumes vers l'avant, comme en signe de paix, et les approcha très lentement de son supérieur qui inspira rapidement avant de bloquer sa respiration, prêt à lui trancher les bras avec sa lame. Le silence était assourdissant, et on pouvait sentir la tension crépiter entre eux. Finalement, Eren posa doucement ses mains sur les épaules de Rivaille, qui se tendit encore plus si c'était possible.

« Vous avez mal, là. » Dit simplement le titan d'une voix neutre.

Le caporal écarquilla très légèrement les yeux avant de plisser ses paupières encore plus, le regard assassin.

« Et toi tu veux vraiment perdre une main. Voire les deux. » Répliqua t-il en serrant les doigts sur le manche de son poignard.

Eren renifla et effectua une légère pression avec ses pouces sur le haut des omoplates de son supérieur, et les fit remonter jusqu'à la nuque humide. Le regard de Rivaille cilla.

Note de Tête (Les Notes, Partie 1) [ErenXLivai]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant