Livre 4,5 : Retour à Privet Drive

2. Ma tête, putain

ADRESSE : inconnue

Date et heure ?
Hoùla, ma tête, putain !

Je me réveille à l’envers alors je penche ma tête sur le côté avant de réaliser que je ne suis PAS un hibou et que j’étais pas à l’envers non plus, d’ailleurs. C’est quoi ce bordel ?! Bordel… bordel, quel joli mot. J’aime bien le bordel et c’est déjà une info sympa : je sais parler / penser / j’ai un sens des mots.

Aucune foutue idée d’où je suis tombé et pire, de qui je suis, PUTAIN mais je sais au moins que je suis capable de faire fonctionner mon cerveau. Je dois être une sorte de p’tit génie ou un machin du genre. Genre… genre ?! GENRE !!! Un autre mot chouette, ça : c’est quoi le genre, aucune idée mais c’est marrant. Genre.

Je ne sais pas en quelle année je suis censé être mais je sais aussi que la déco est trop datée et j’aurai pu me marrer sur ce paradoxe si j’étais pas… dans mon état, quoi. Dans quel état, j’erre ? L’étagère !!! J’éclate de rire tout seul comme un débilos et je me dis que je suis peut-être pas un génie, en fin de compte (ou alors un génie incompris).

“Hé, dis, tu comptes te lever du canap, à un moment ?!”

Je sursaute et je me retourne vers celui qui a parlé… il est très élégant, et les gants sans porter de gants. Encore un coup de génie, je suis un poète, c’est sûr : POUET-POUET !!! Il a l’air de savoir qui il est et qui je suis, moi et où on est, nous alors j’ouvre la bouche pour l’assaillir de questions mais il s’en va, le con !

“Attends, reviens !”

Bon bah de toutes évidences, il ne reviendra pas, c’est bien ma veine… je vais mener l’enquête moi-même, seul et esseulé dans cette forteresse de solitude d’où résonnent à peu près un milliards de voix différentes. J’exagère, ils sont une dizaine ou une vingtaine mais les sorciers n’ont jamais eu un bon sens des chiffres ET COMMENT ÇA LES SORCIERS ET POURQUOI ÇA M'ÉTONNE ALORS QUE J’AI TOUJOURS VÉCU DANS CE MONDE ?

“C’est pas logique…”

Cette phrase a été beaucoup trop dure à prononcer pour ce qu’elle est mais j’imagine que votre langue à vous, elle pèse pas 10 tonnes, hein ! Sinon, vous sauriez ce que c’est d’être moi et… suis-je une créature magique ? Non ! Non, je suis hum… hum… hum… j’ai le mot sur le bout de la langue, je fais pas du yoga. Vous êtes fous ?!

“AH TU PORTE UN PANTALON !!!” s’écrit une autre personne en déboulant dans la pièce comme si c’était une maison de Grande Vertue, oooh, quel plaisir.

“Ouais et alors ?”

“Non c’est bien… ça m’a choqué mais c’est très bien, reste comme ça.”

“ATTENDS !!!”

La tornade bleue s’arrête un instant pour me dévisager et j’observe tout ce que je peux pour comprendre où je suis et surtout qui je suis : elle est de taille moyenne ce qui me semble grand (je dois être particulièrement petit), musclée avec des cheveux bleus dressés sur le haut de sa tête par impulsions magiques. Elle porte une espèce de pyjama ou un jogging, peut-être ? Là encore, c’est du bleu intégral et elle a d’énormes chaussons-licornes.

“Tu sais où on est ?”

“Waw la vache, meuh-meuh.” répond-t-elle. “Je veux même pas savoir ce que t’as fait hier soir… ça doit être violent dans ta tête, j’ai combien de doigts ?”

“Euh… 42 ?”

“Ah ouais, ça va pas bien du tout.” elle éclate de rire. “Attends, je vais chercher Sirius.”

Elle me laisse planté là, dans le salon et je sais que c’est le salon parce qu’il est très saloneux, ce salon. Y’a tout ce qu’il faut pour un salon correct : une immense porte, deux grandes arches de part et d’autres, plusieurs canapés face-à-face, une table basse en marbre ou quelque chose dans ce style-là avec des cadavres de bouteilles d’alcool en tout genre et des fioles fluorescentes qui expliquent PEUT-ÊTRE mon état mental, une cheminée majestueuse, un miroir et j’ignore si je suis vaniteux ou pas mais il faut VRAIMENT que je vois à quoi je ressemble dans ce miroir alors excusez-moi, un instant.

“GAH J’AI UNE SALE GUEULE !!!” je m’exclame en voyant mes yeux rouges et le sang séché au coin de ma narine droite. “Quoique je suis beau gosse aussi…”

“Mouais, non, vite fait.” répond le mec de toute à l’heure, derrière moi.

“Il est tout paumé, papa, faut que tu l'aides, papounet. Et après, tu me prépare le petit-déjeuner, papa d’amour ?”

“... tu arrêtes avec ça !!!” grogne-t-il.

“Y’a pas moyen, t’as vu la tronche que tu tire à chaque fois ?!” s'esclaffe la fille aux cheveux bleus. “C’est trop drôle !”

“MAX TA GUEULE !!!”

“Ta gueule toi-même, ducon !”

“Hé, un peu de respect, je suis ton père !”

“Si tu veux du respect, sois respectable, t’es pas mon père, t’as juste signé un foutu papier alors ferme-là !”

“Toi, ferme-là !”

“Nan, toi, ferme-là !!!”

“FERMEZ-LA TOUS LES DEUX !!!”

Bon, au moins, ils arrêtent de se taper dessus pour me regarder et j’aime être le centre de l’attention, c’est trop cool.

“Je peux savoir qui je suis, pourquoi je me souviens de rien du tout et où on est, là ?!”

“Pan, la drogue et tu es au Quartier Général de l’Ordre du Phénix.” répond Sirius sans reprendre son souffle. “Tu veux des toasts ?”