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Aujourd'hui.

Ma mère me regarde.

Elle a sûrement remarqué mes lèvres et mes yeux rouges et gonflés.

Elle ne dit rien, et je lui ne suis reconnaissante chaque jour, car malgré nos différents, pour une fois, elle me comprend.

Elle ouvre la bouche, elle va parler, et mes yeux se remplissent de larmes, car j'ai l'impression de ne pas avoir entendu sa voix depuis des années, et comme tout me ramène systématiquement à lui, je me rappelle que je n'ai pas entendu sa voix depuis une éternité non plus, et la peur de l'oublier un jour me saisit.

Je regarde ma mère et me mets à pleurer.

Non. Je sanglote, comme un enfant, bruyamment.

Pas aussi bruyamment que le jour où j'ai appris son décès, loin de là.

Mais je sanglote, et bientôt, ma mère se précipite à mon chevet.

" Mon ange, qu'est ce qui ne va pas? Dis moi ce qui ne va pas !" dit elle paniquée.

Mais je ne retiens rien, si ce n'est ce surnom.

Mon ange.

"J'ai tellement mal maman." je finis par enfin dire.

" Où est ce que tu as mal ma fille, parle moi je t'en supplie, Lila...."

Elle tremble et je la sens fébrile à mes côtés.

Je prends de grandes inspirations tremblantes, je force l'oxygène dans mes poumons.

" J'ai si mal au cœur maman, si tu savais." je pleure.

Je sanglote de plus en plus fort, mes épaules secouées par les pleurs.

Elle se met à pleurer aussi à côté de moi.

" Maman je veux juste que ça s'arrête."

Elle s'arrête brusquement de respirer, et j'ouvre enfin mes yeux, pour la trouver blême et silencieuse.

" Je t'en supplie mon ange ne dit pas ça" elle pleure encore plus " je t'interdis de dire des choses comme ça, il aurait voulu que tu vives."

Je pleure davantage en l'entendant évoquer les souhaits de mon amant.

" Maman j't'en supplie ne dit rien."

C'est presque sorti comme un cri. Un cri de douleur, de souffrance. Parce que c'est ça. Je souffre.

Je suis malade de ne plus sentir ses lèvres sur ma peau, je suis dévastée de ne plus le sentir se serrer contre moi lorsqu'il en a l'occasion. Ça me tue de ne plus l'entendre me complimenter ou de le voir fumer sa cigarette du matin sur le balcon de sa chambre. Je suis détruite de ne plus le voir me sourire pour des choses aussi minimes que ma tête au réveil.

Je me sens ridicule de ne plus savoir prendre soin de moi maintenant qu'il n'est plus là, parce que lui le faisait tellement bien, si bien que je ne me souviens plus comment le faire moi même. 

Les larmes de ma mère coulent sur mon visage et se mêlent aux miennes. 

" Qu'on me le ramène pitié Seigneur." je prie dans le silence.

Mon père se tient sur le pas de la porte, comme s'il se tenait devant les portes d'un lieu sacré et n'osait en franchir le montant.

Une main dans la poche, l'autre essuyant de temps en temps ses larmes, il regarde, silencieux, notre échange de larmes.

                                     *
Ce matin, ma mère a finit par me laisser seule après ma crise de larmes, en m'annonçant que j'allais recevoir la visite de Arthur.

Cole était làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant