Chapitre 1 -

44 4 7
                                    


23 août 2018, Seize heure cinquante-huit 


Ewen-


Ce soir là, j'étais loin d'imaginer que ça serait la dernière fois, que ma main effleurerait sa joue, que mes doigts essuieraient ses larmes chaudes qui descendent le long de sa peau, la dernière fois que je l'entendrais dire mon prénom, le 23 août 2018, une partie de moi s'est vu arrachée, volatilisée. Elle... Celle que j'ai connu depuis les trois premières années où j'ai emménagé, mais celle que j'ai l'impression d'avoir connu depuis mon premier souffle de vie. Je ne connaissais même pas ce qu'était la misère, la souffrance et elle ne connaissait pas ce qu'était l'amour, et la douceur, mais on pouvait lire bien plus profondément que quiconque l'un dans l'autre, on arrivait à se comprendre, juste avec un regard. À tout juste dix-neuf ans je venais de perdre à tout jamais mon premier amour.


~~~~~~~~~~



Esther-


Seize heure cinquante-huit


La boule au ventre je ressentais un vide immense, un vide tellement grand que je n'eut pas le courage de le regarder dans les yeux, ses doigts froids essuyaient mes larmes qui ne cessaient de couler, sa voix rassurante tentait d'apaiser ces voix qui me détruisaient de l'intérieur, ces murmures que moi seul pouvaient entendre... Mais pourtant lui était capable de savoir ce qu'elles disaient, comme si il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Mais ces paroles ne me rassuraient pas comme toutes les autres fois, cette fois-ci était la dernière... La dernière fois que cette partie de moi serait présente. Les yeux rouges, la gorge sèche et le cœur brisé, tout prenait enfin un sens, la bonne personne au mauvais moment...


-------------------------------------


(Présent )

« La voiture est là, le chauffeur t'attend » Elisa, la meilleure amie de ma mère, m'interpellait alors que je rêvassais sur le balcon de ma chambre.Allait il venir me dire au revoir ? Pourrai-je le serrer dans mes bras une dernière fois ? Je pouvais encore sentir son parfum dans l'air, comme si il était toujours là, près de moi.

D'un pas lourd je me décidait à descendre, quelques valises à la main, Elisa m'aidait à débarrasser mes valises, devant cette maison qui aujourd'hui ne serait plus la mienne. Je m'avançait vers la voiture, le regard rivé sur la maison à quelques mètres, de la mienne, dans l'espoir de le voir en sortir. La gorge nouée et la crampe au coeur, je me rendais finalement compte que ça ne servait à rien d'attendre, il ne viendra pas...

C'est avec les larmes aux yeux que je disais au revoir à Elisa, je lui tendit une lettre que j'avais écrit pour ma meilleure amie, elle qui faisait tout pour que je crois en mes rêves, je me sentais mal de devoir tout quitter après tant d'années. Après la mort de mon père il y a trois ans de cela, il était encore parfois difficile de faire avec. Maintenant il fallait que je fasse avec celle de ma mère aussi. J'espérais qu'elle rentre ce soir là après toute une soirée à boire et faire la fête. Mais la vie en a décidé autrement, elle n'était pas très affectueuse, pas du tout même, mais elle tentait de faire ce qu'elle pouvait pour subvenir à mes besoin, elle se noyait dans les factures, et le seul soir où elle a décidé de lâcher prise, le drame est arrivé. C'est avec le coeur lourd que je m'engouffrait dans la voiture qui m'attendais depuis maintenant une vingtaine de minutes.Je savais que pour lui c'était fini, il ne voulait sûrement plus entendre parler de moi, surtout après notre dernière interaction, elle n'avait pas très bien fini... Mais un sentiment de douleur et de peine faisait tout de même vibrer mes membres, il avait tiré un trait à notre histoire, c'est sûr maintenant. Les yeux rivés sur la fenêtre, les larmes menaçaient de couler mais je ne voulait plus pleurer, je l'avais déjà trop fait.

And if you break meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant