SAUVETAGES

Soirée marquante

      Sur la route, on lance des sons latinos pour commencer à s'ambiancer, on vit notre meilleure vie ! On a pris la voiture de Sofia. Avocate ça paye mieux qu'infirmière et je préfère être dans son Audi décapotable que dans ma mini ça c'est sûr.
Dix minutes plus tard on arrive devant la boîte, il est environ une heure du matin et il y a une queue immense devant. Heureusement que Sofia connais du monde, j'aurais eu trop la flemme de faire la queue alors qu'au final dans la boîte ça shlingue. Entre les gens qui transpirent et ceux qui vomissent ça fait un mélange mortel pour les narines. En tout cas c'est l'image que j'ai de ce genre d'établissement et ça donne pas très envie. 
- « Je connais le videur viens, murmure Sof en me tenant par la main pour se diriger vers l'entrée en doublant tout le monde.
- T'es sûre qu'on a le droit de doubler tous ces gens ?
- Mais oui t'inquiètes pas. Et puis ça m'étonnerait qu'ils osent dire quelque chose.
On arrive donc vers le videur et même si j'entends quelques personnes se plaindre derrière nous, je fais comme si j'entendais pas.
- Bonsoir vous êtes combien ?
- Deux.
- Quel est votre code ? Demande le videur à Sofia.
- Bluefox222
- Allez-y, entrez Mme Mora, qui est cette personne avec vous ?
- C'est comme ma sœur, ne posez pas de question.
- Mes excuses, entrez.
- Merci, bonne soirée à vous. »
Je la suis ensuite à l'intérieur, un peu abasourdie à cause du ton sur lequel elle a parlé au videur. Mais bon je calcule pas, peut-être qu'elle le supporte pas, j'en sais rien. Le son est super fort j'entends à peine Sofia me parler, les lumières bougent et dansent au rythme du son, on voit toute l'effervescence de la boîte de nuit, les gens se collent et boivent, l'air ailleurs. Le bar forme un gros îlot au centre de la boîte et le barman se débrouille à la perfection avec ses shakers pour préparer les cocktails c'est impressionnant. Je suis maladroite à sa place je ferais tout tomber, je suis une vraie catastrophe.  

Encore un autre videur est à l'entrée du coin VIP, Sofia redonne son code, je me demande pourquoi elle dit un code plutôt que son nom. On descend ensuite des escaliers qui descendent jusqu'au coin VIP après avoir traversé la foule.
Les marches des escaliers sont super belles, il y a des leds en-dessous, ça donne une dimension futuriste. Plus on descend les marches, plus j'aperçois la pièce immense qu'est le coin VIP. Des leds rouges ornent la pièce et ça met tout de suite dans une autre ambiance, plus interdite, plus secrète. Un mur est orné de belles plumes et un autre est un énorme miroir qui donne l'impression d'une pièce encore plus grande que ce qu'elle ne l'est déjà. Quelque chose attire plus particulièrement mon regard, des danseuses presque nues font du pôle-danse et certaines s'approchent des clients de la boîte, la plupart des personnes vers ces femmes sont des hommes en costume, un verre de whisky à la main et une clope ou un cigare dans l'autre. Ils regardent ces femmes se dandiner devant eux. Je crois que les boîtes c'est pire que ce que je pensais. Il y a un bar au fond de la pièce et j'ai l'impression qu'il y a encore un étage en dessous puisque que je vois d'autres escaliers juste derrière le bar. J'imagine que cet étage est réservé à une élite.
La lumière est basse et il fait sombre.

Une fois arrivée en bas des escaliers, je suis Sofia qui se dirige vers ce qui me semble être un carré VIP.
- « Salut Klara ! Je te présente Angelina ma meilleure amie. S'écria Sofia.
Cette femme est super intimidante. Ses yeux et cheveux noirs, ses tatouages et son style lui donnent un air dur et sévère. Elle est habillée presque totalement en cuir, la veste, le bas et les chaussures. Je savais pas que Sofia était amie avec ce genre de personne. Après comme on dit, l'habit ne fais pas le moine donc peut-être que sa personnalité est différente que ce qu'elle laisse percevoir de l'extérieur.
- « Salut, enchantée de te rencontrer Angelina. Je suis Klara une amie de Sofia. M'annonce-t-elle.
- Salut Klara, enchantée aussi, ravie de te rencontrer ! C'est peut-être indiscret de te poser cette question mais tu as des origines polonaises ? Ton prénom sonne polonais.  
- Oui du côté de ma mère. Mais elle est morte y a pas longtemps.
- Oh je suis vraiment désolée pour mon indiscrétion...
- C'est rien t'inquiètes, elle va pas me manquer cette pétasse.
- Ah d'accord. Répondais-je stupéfaite.
Elle est vraiment bizarre cette meuf... Après je connais pas sa vie je peux pas savoir. Mais se réjouir de la mort d'un de ses parents ça me choque quand même. 
- Je vais chercher à boire. Déclarais-je à Klara, tentant juste de m'enfuir. »
Sofia parle avec d'autres gens du carré, j'ai l'impression qu'elle connaît tout le monde ici. Quand j'arrive au bar, je m'assois et demande un Sex On The Beach, c'est vraiment trop bon ce cocktail. Quand on me le sert, je décide de le boire ici, je veux pas retourner vers la meuf cheloue. Je sirote donc tranquillement mon cocktail au bar en regardant les femmes à moitié nues danser, ça m'occupe, après tout c'est que de la danse, c'est de l'art. Franchement je sais pas comment elles font pour se déhancher comme ça et faire des figures sans se faire mal ça m'impressionne. Je fais ça moi je me casse un truc, obligé. 
- « Angie ça va tu te fais pas trop chier ? Me cria Sofia, qui m'a rejoint, pour se faire entendre malgré la musique, Je suis désolée, je te laisse un peu toute seule mais ça fait longtemps que j'avais pas vu certaines personnes.
- T'inquiètes c'est pas grave ma Sof. Et c'est qui cette Klara ? Tu l'a rencontrée où ?
- C'est une fille que j'avais défendu au tribunal contre sa mère qui la battait. J'ai été là pour elle et on s'est liées d'amitié. Sa mère est morte la semaine dernière elle a été retrouvée la gorge tranchée dans sa cellule. On sait pas comment elle s'est fait ça, on a rien retrouvé de tranchant, mais les médecins légistes en ont conclu que c'était un suicide.
- Ah d'accooord je comprends mieux certaines choses alors.
-Aller viens avec nous ma Angie prend ton verre j'ai encore pleins de personnes à te présenter.
- D'accord j'arrive. »
Et c'est comme ça que je me suis retrouvée à parler à quinze mille personne dans la soirée. C'est impressionnant le nombre de personnes qu'elle connaît. Moi je n'ai quelle comme amie et mes collègues de travail. Je finis donc par m'assoir sur le canapé du carré, il est en cuir et matelassé et rouge, la table basse est en verre et recouverte de verres d'alcool.

Trois heures du matin, Sofia est bourrée et moi je regrette d'être venue, je pourrais être sous ma couette bien au chaud là au lieu d'être ici et dormir profondément.
Je décide de sortir fumer une clope vers la sortie des VIP, ça me fait du bien de temps en temps d'en fumer une quand je passe une journée de merde. Je m'assois sur une murette et je fume tranquillement. J'entends deux hommes qui parlent quelques mètres plus loin, mais je ne les vois pas ils sont derrières des bennes à ordure. Quand tout à coup j'entends une détonation. Un flingue, putain c'est un flingue ! Un des deux mecs vient de tirer sur l'autre ! Je me cache derrière la murette et je sens mon cœur tomber de ma poitrine tellement que j'ai peur. J'attends quelques minutes pour être sûre que le mec soit parti mais aussi pour me reconnecter au réel parce que là je suis sous le choc je peux pas réfléchir ni penser clairement je suis juste terrorisée, puis quand j'y arrive, je cours pour aller voir si la personne va bien. Mais quand j'arrive je vois une marre de sang. C'était une balle dans la tête entre les deux yeux... Le mec qui l'a tué sait super bien viser j'ai l'impression... J'appelle la police.

Encore sous le choc, les policiers me posent des questions et j'y réponds. J'ai ramené Sofia à la maison en attendant que la police arrive et j'ai bien verrouillé les portes pour être sure qu'elle soit en sécurité. Les policiers balisent la scène de crime.
Pendant qu'un des policiers me parle, son collègue s'approche de lui avec des photos de la scène de crime et lui montre. Et puis mon sang se glace et mon cœur tombe sur le sol. Sur une des photos, on voit que l'homme est tatoué sur le bras, c'est la même marque qu'elle... Un soleil entouré d'un serpent est encré dans sa peau.