Comme quelqu'un sur son lit de mort, les jours suivants furent rythmés par les repas pris au lit, les soins infirmiers, et surtout par les litres d'eau nécessaires pour maintenir son hydratation. Madame Pomfresh changeait régulièrement ses draps trempés par la transpiration incessante de la malade... L'infirmerie, dépourvue de toilettes, obligeait Chouta à attendre que les couloirs se vident avant de se rendre au petit coin du rez-de-chaussée. Refusant toute assistance pour ces moments qu'elle jugeait bien trop intimes, la concernée
s'appuyait sur les armures de fer pour ne pas remper au sol tel une larve.Ses pas étaient lents, sa vision trouble... La fièvre faisait tellement d'effets, à tel point qu'elle percevait parfois des mirages fantastiques, elle voyait des licornes déambulant dans les couloirs alors qu'elle ne quittaient jamais la forêt.
Les visites qu'elle recevait à l'infirmerie constituaient son seul repère dans le temps, surtout lorsque Viktor Krum venait pour lui rappeler le compte à rebours avant la première épreuve.
Ayant retrouvé sa voix agaçante, Poliakoff était venu la remercier au moins cent fois.
Pansy et Drago, fidèles à leur habitude, faisaient leur apparition deux fois par jour, parlant sur le ton de l'humour noir à propos d'un éventuel cercueil qu'ils pourraient lui dénicher tant qu'elle était mal au point. De son côté, le professeur Karkaroff voulait toujours s'assurer qu'elle ne manque de rien, allant jusqu'à agacer aussi bien les elfes domestiques que l'infirmière elle-même.
Quant au professeur Rogue, il se glissait toujours silencieusement dans la pièce au moment où le sommeil commençait à lui venir, posant son remède sans prononcer le moindre mot. Chouta avait le sentiment qu'il évitait tout contact avec elle depuis leur bref échange concernant leurs pères respectifs. Connaissant le caractère du professeur, elle supposait qu'il se reprochait d'avoir laissé échapper de telles confidences à une simple élève qu'il ne connaissait que trop peu.
Nous étions au beau milieu de la nuit, dans ces moments où il lui arrivait toujours des trucs des bricoles.
Assise en tailleur sur son lit médicalisé, Chouta écoutait les récits que le fantôme des Serpentards venait lui conter chaque soir. À l'image de sa maison, le Baron Sanglant était un esprit sinistre. Son nom lui allait à ravir, d'ailleurs, car tout son visage ridé était plein de sang jusqu'à sa barbe noire.
En somme, l'adolescente devait sûrement être la seule sorcière à bien vouloir écouter des histoires aussi sordides...Elle regretterait presque de ne pas avoir demandé du pop-corn aux elfes.Ils étaient dans le noir, à la lueur des chandelles...
- Encore une autre, Monsieur le Baron Sanglant, demandait-t-elle pour la seconde fois.
- Bien-sur, mon enfant, répondit-il d'une voix malsaine, se frottant les mains l'une contre l'autre. J'espère que tu feras de très beaux cauchemars et pas des horribles rêves mouhaha.
Flottant dans les airs, à l'entente de sa demande, il se racla la gorge et vomit un peu de sang avant de se lancer une nouvelle fois :
- Fin des années 1800, dans les rues étroites du Chemin de Traverse, les rats et la misère régnaient en maîtres. La chasse aux sorciers, dans le monde Moldu qui l'entourait, poursuivait son cours funeste, contraignant sorciers et sorcières londoniens à abandonner leurs nobles demeures, désormais réduites en cendres par la main des Non-Magiques. Ainsi, le territoire de la magie se voyait-il réduit en petites miettes de pain pourris. Les familles, en surpopulation, s'entassaient telles les pierres d'une tombe commune. Les Takahashi récemment arrivés, ne possédaient pas le moindre galion d'or, eux dont les ancêtres avaient toujours fréquenté les sombres affaires des Moldus. Les cinqs dormaient, mangeait et utilisait un pot de chambre dans la même pièce au papier peint de fleurs arraché par endroits...Nagini, la plus courageuse des trois filles qui travaillait au cirque, cachait toutes les semaines un gallion d'or durement gagné sous la moquette rouge de la pièce infernale. Elle avait l'espoir d'une vie meilleure, contrairement à ses parents et ses sœurs qui volaient les sacs à mains des vieilles dames dans la rue, oubliant leur passé d'honnêtes gens. Mais un jour, alors qu'elle rentrait du travail, elle vit que sa soeur, jalouse, lui avait volé ses maigres et précieuses économies pour reprendre une boucherie en fallite. En colère, elle quitta définitivement le foyer pour vivre dans le cirque. À son grand malheur, son patron profita durant des années de sa condition de maledictus : la malheureuse était destinée à se transformer en serpent. Un jour, dans son chapiteau, elle lu un fait divers dans les journaux : " Sandale chez la famille Takahashi! N'ayant plus d'argent pour s'acheter de la marchandise, la jeune tenancière d'une boucherie tue sa famille, les découpes en morceaux, et les vends en faisant passer leurs chaires comme de la viande de rhinocéros. "
Elle réalisa lentement que malgré sa condition, si elle était resté auprès des siens, elle aurait elle aussi été transformé en steak haché.Chouta était bouche bée, un exploit en soi.
- Je pense que c'est la pire que vous m'ayez raconté, je vous félicite, dit-elle limite à deux doigts d'applaudir. Heureusement que toutes vos histoires ne sont que les comtes et légendes.
- Je te demande pardon, jeune chose? Répondit-il d'un air scandalisé. Ce ne sont pas des histoires, j'ai vécu assez longtemps pour te dire tout cela est vraiment arrivé!
À cet instant précis, Rogue fit son apparition avec le bout de sa baguette l'éclairant dans cette obscurité. Il était manifestement étonné de ne pas la trouver endormie comme les jours précédents. Le Baron Sanglant lui adressa une courtoise inclinaison avant de s'évaporer à travers le sol.
Comme à son accoutumée, sans la moindre formule de politesse, sans même la saluer comme une personne normale le ferait, il déposa son remède devant elle, déjà prêt à tourner les talons.
- Professeur Rogue? l'interpella-t-elle alors qu'il lui tournait déjà le dos.
- Oui, Miss Byrne? Répondit-il en se retournant.
- C'est aimable à vous, de me faire ces remèdes, admit-elle avec une certaine difficulté.
- Je ne fais qu'exécuter les demandes de Madame Pomfresh, dit-il d'une voix glaciale. Vous pensez y voir quelque chose de personnel, mais vous vous méprenez.
Il n'y avait que Rogue capable de répondre de cette manière, de cette franchise amère...
- Tant pis, déclara Chouta en faisant semblant d'être confiante, se couvrant de ses deux couvertures. L'important, c'est que vous le faites. Pouvez-vous dire au Baron de revenir, si vous croisez son chemin? Je me pose des questions, avec la dernière histoire qu'il m'a raconté.
Cette fois-ci, il s'approcha d'elle, tel un corbeau veillant sur son nid, ses yeux scrutant chaque mouvement avec une intensité glaciale.
- Vous semblez confondre cette infirmerie avec une taverne nocturne où on se raconte des histoires, murmura-t-il. La nuit, les élèves dorment, à moins que vous ne vouliez venir avec moi dans mon bureau pour corriger mes copies, ce qui je doute, ne sera pas aussi divertissant que vous le souhaitez.
- Je veux bien venir avec vous, lança-t-elle sur un ton de défi, le sommeil et moi sommes des amis irréguliers.
En colère de recevoir une réponse positive alors qu'il ne n'y attendait pas, il arracha la couverture d'un lit voisin et la lança par-dessus les autres sous lesquelles Chouta était déjà blottie, créant un poids supplémentaire confortable, elle devait l'admettre. Depuis quand le professeur Rogue veillait à son confort?
- Et ça, vous êtes certain que ça n'a rien de personnel? Demanda-t-elle à mi-voix.
- Dormez! Pas un mot de plus!
Gronda-t-il en éteignant subitement le lumos de sa baguette magique, et je vous conseille de ne pas tenter ma patience davantage.Il s'éclipsa, aspirant avec sa baguette toutes les bougies possibles sur son passage. La lumière était l'ennemie de ce professeur.
Soudainement assommée de fatigue après avoir bu d'une traite son remède, Chouta ferma les yeux.
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La Fabuleuse Destinée De Chouta Prince - Severus Rogue
Fanfiction- Vous n'êtes qu'un égoïste, Severus Rogue. Je ne vous fait pas confiance. - Vos sentiments à mon égard me sont d'une insignifiance absolue. Vous n'avez pas à aimer ni à comprendre mes motivations. Vous avez des doutes sur moi, très bien. Qu'allez-v...