CHAPITRE 3

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Les heures de visite pour l'asile sont de 16h à 17h. C'est tellement peu, j'ai le droit de voir ma mère une fois par mois pendant une heure donc si on fait le calcul, je passe 12 petites heures par année avec elle... Avant je passait 12 heures par jour avec elle, tout un changement!

J'arrive devant l'asile. C'est un bâtiment en brique sombre, de style gothique. Quand je passais en face de l'asile pour me rendre à l'école primaire, j'avais la chair de poule. Maintenant je dois entrer dans cette place infernale à tous les mois pour voir ma mère en train de fixer le même murs blancs. Toujours le même mur comme si celui-ci contenait tous les secrets de l'Univers. Elle ne réagit pas, la seule fois où elle a eu un semblant de réaction, c'est le soir où elle a été installé dans sa chambre... Elle m'avait serré la main, depuis elle n'a eu aucun geste ou réaction quand je suis là, parfois je me demande si je n'ai pas tout imaginé pour me réconforter.

Je m'enregistre à l'accueil, l'infirmière me reconnait, elle me fait un sourire encourageant et me tend mon badge. J'ai les mains qui tremblent un peu, car malgré toutes les fois où je suis venu la voir, la voir dans son "coma éveillé" me secoue toujours. Avant d'aller voir ma mère, je passe voir le médecin qui s'occupe d'elle depuis maintenant deux ans. Je passe toujours le voir pour savoir si son état à empirer ou bien s'est améliorer. Comme d'habitude il me dit le regard peiné: "Aucun changement Black. Je suis sincèrement désoler." C'était la 25 fois que j'entendais ces paroles. Je soupire comme d'habitude et je me dirige vers la chambre de ma mère.

La porte de sa chambre est entrouverte, je rentre et je vais m'asseoir sur la chaise blanche à côté du fauteuil roulant de ma mère. Et à partir de là je commence mon monologue:

"Salut maman, j'espère que ça va bien. Moi sa va pas trop... Tu sais les gens à l'école sont de plus en plus pire. Je leur fais tous peur et je commence à me faire peur moi même. Je fais toujours le même rêve depuis quelques temps. En fait ce n'est pas un rêve, mais plus un cauchemars... Je me congèle à la fin du rêve. J'essaie de trouver une signification, mais la seule que je voie, c'est que mes sentiments vont se refroidir et je n'en aurai bientôt plus. C'est vraiment dur maman, les gens me demandent souvent d'aller te rejoindre à l'asile... Est-ce que je suis si affreuse que ça? Tu me manques maman, j'aurai tellement envie que tu me serres dans tes bras encore une fois, que tu me réconfortes, j'aimerai voir ton sourire et t'entendre rire comme tu avais l'habitude de le faire. Je suis vraiment désolée maman. Si je ne t'avais pas demandé ce stupide gâteau, tu serai avec moi aujourd'hui... Que t'es-t-il arrivé?"

Je pleure pour de bon. Je laisse aller mes sentiments une fois par mois quand personne ne peut me voir ni m'entendre... Je respire et j'essai de me clamer, mais mes sanglots redoublent. Il me reste cinq minutes avec ma mère, le temps passe tellement vite quand je suis près d'elle... Je l'embrasse sur la joue et lui dis au revoir. Encore une fois elle ne bouge pas d'un cheveu, je ravale mes pleurs et sort de sa chambre la tête basse.

Je me rappelle soudainement que je dois trouver un contrat et le donner à Loïc demain. Je grimace, je vais devoir aller fouiller dans les affaires de ma mère. De plus celles-ci sont chez ma tante. Je décide de l'appeler pour lui demander, si elle ne veut pas je pourrais toujours me rabattre à voler un des contrats à la boutique où je travaille. Je préférais éviter de me faire virer, mais si je ne le fais pas les moqueries vont redoubler à l'école.

J'appelle ma tante d'une cabine téléphonique, je connais son numéro par coeur. Elle répond à la deuxième sonnerie:
-"Oui bonjour?"
-"Salut, c'est Black..."
-"Que veux-tu? Ne me demandes même pas de revenir, c'est NON!"
-"Hum, non ne t'inquiètes pas je me suis trouvé un logement, je voulais juste aller chercher les affaires de ma mère qui sont chez toi..."
-"Très bien, tu peux passer dans la prochaine heure je ne serai pas là."
-"Ok, merci."

Elle raccroche sans dire au revoir et je ressors dehors, dans le froid de l'hivers. Je soupire de soulagement, je ne la verrai pas. Je n'ai jamais aimé ma tante, c'est le genre de tante qui se croit trop jeune et qui est aussi méchante qu'un démon. Sa maison est à une vingtaine de minute de l'asile à pied, ce n'est pas loin, mais dans le froid mordant de l'hivers c'est affreusement loin. Je ressers mon manteau noir autour de mon corps, j'ai vraiment froid, je n'ai pas pu m'acheter un bon manteau cet hivers je n'en avais pas les moyens.

J'arrives devant la maison de ma tante. Une simple demeure en brique rouge, avec de petites fenêtres encadrées de volets bruns. La porte d'entrée est de la même couleur que les volets. Je m'avances dans l'entrée, je me sens comme une intruse, cela fait longtemps que je ne considère plus cette maison comme chez moi. J'ouvre la porte et je m'avances dans la maison. J'enlève mes bottes, il ne faudrait pas mettre de la neige partout sinon je suis morte.

Les affaires de ma mère sont dans le grenier et je n'y ai pas toucher depuis deux ans. J'ouvre la trappe du grenier et je monte dans la pièce sombre.
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Bonjour! Merci de m'avoir lu. J'espère vous avoir fais ressentir la douleur de Black. Donnez moi vous avis dans les commentaires 😊

Noire démonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant