ce jour là

101 5 0
                                    

 

PDV :

J'étais dans ce foutu hôpital, comme tous les jours de ma foutue vie. Aujourd'hui, j'allais sortir. Enfin. Cela fait une semaine que je suis ici. Ce n'est pas que je n'aime pas être ici, mais disons, un peu quand même. Laissez-moi vous expliquer. Il y a deux ans, on m'a diagnostiqué une maladie au pancréas. Il cesse peu à peu de fonctionner. Les médecins ne peuvent rien faire. Il y a une semaine, ils ont pu observer qu'il était gravement atteint et qu'il allait sûrement cesser de fonctionner dans quatre mois. Chaque vie a une fin, et malheureusement pour moi, la mienne approche.

Je sortais enfin de ce bâtiment et pris le métro. Je n'ai ni famille ni amis. Je ne manquerai à personne. Ma mère m'a reniée quand j'avais treize ans. Quant aux amis, je n'en ai tout simplement pas. J'étais dans le métro quand quelqu'un me bouscula. Je regardai le coupable, et il s'excusa. C'était un homme, enfin je crois, il avait les cheveux longs, attachés en chignon.

?: Pardon...

Moi: Ce n'est pas grave...

Il continua son chemin. Je descendis au premier arrêt et commençai mon trajet vers mon nouvel appartement. Je venais de déménager et je n'avais pas encore rencontré mon nouveau colocataire. "Théo", c'est tout ce que je savais sur lui. Un prénom, c'est déjà mieux que rien, non ? J'ouvris la porte de l'appartement, qui était vide. J'entrai et allai dans ma chambre. Je me demande à quoi il ressemble. Quelques minutes plus tard, j'entendis la porte s'ouvrir. J'étais assez surprise.

?: C'est moi, ton coloc...

Je me rendis alors à l'entrée et vis que c'était le mec du métro. On se regarda pendant de longues minutes.

Moi: Donc, c'est toi mon coloc ? Bon, autant faire connaissance, je m'appelle TP, et toi, c'est Théo ?

Théo: C'est ça, je ne m'attendais pas à t'avoir comme première coloc.

Moi: Ne t'en fais pas, de toute façon tu me supporteras seulement pendant quatre mois, donc ça va...

Il me regarda bizarrement. Je lui fis un sourire crispé et allai dans le salon. Je m'assis sur le canapé et lui demandai s'il voulait regarder un film avec moi. Il vint s'asseoir à côté de moi, et je mis Your Name. Il sourit en voyant cela. Nous étions tous deux assis sur le canapé, et pendant le film, il me demanda pourquoi j'avais dit ça.

Moi: Je pars dans quatre mois, c'est tout.

En réalité, je ne voulais pas m'attacher à lui, ni qu'il s'attache à moi. Je ne compte pas lui dire que je vais mourir dans quatre mois.

Théo: Si ce n'est pas trop indiscret, pourquoi ?

Moi: Parce que c'est la vie...

Enfin, la mort... Je ne lui ai pas menti, alors ça va, non ? Je regardai l'heure et me rendis compte que je devais prendre mes médicaments. Je partis dans ma chambre, et Théo me suivit du regard. Je m'enfermai à clé et commençai à les ingérer. J'entendis frapper à la porte, et une voix timide commença à parler.

Théo: Tu... enfin, ça va ?

J'avais une seringue dans le bras et je saignais légèrement à l'autre bras. On aurait dit que je me mutilais. Mais que vais-je lui répondre ? Après deux minutes de silence, il frappa à nouveau, ce qui me sortit de mes pensées.

Moi: Oui, oui, je fais juste un truc, j'en ai pour trois à dix minutes. Ne m'attends pas pour la fin du film.

Derrière cette façade froide, il est en fait très chaleureux et gentil, et j'ai pu le constater en peu de temps avec lui... Mais j'ai sans cesse l'impression qu'il me ment, ou qu'il me cache quelque chose. Je suis mal placée pour parler, mais j'en suis sûre. Je ne suis pas du genre à raconter ma vie, enfin, quand on me pose des questions, je réponds, mais je ne raconte pas ma vie... Bref, pourquoi ai-je cette impression qu'il retient quelque chose d'important ?

Je sortis de ma chambre après avoir rangé ce que j'appelle "matériaux de torture", ceux qui servent à me maintenir en vie.

Je vis Théo dans le couloir, adossé au mur, il regardait ma chambre, sûrement en m'attendant. Son regard doux et froid traversa le mien et me donna un petit frisson dans le dos. Je lui fis un sourire, et il roula des yeux.

Moi: Et si on faisait à manger ?

Théo: Bonne idée. (froidement) Pourquoi fais-tu ça à ton corps ?

Je le regardai, perplexe. Mais qu'est-ce qu'il raconte encore ? Puis l'idée me vint de regarder mes bras. Je jetai un coup d'œil discret et vis mon bras en sang, à cause de la seringue que j'avais utilisée auparavant.

Que dois-je lui dire maintenant ? "Ce n'est pas ce que tu penses, je fais ça pour rester en vie..." Non, il va croire que je me mutile pour ne pas me suicider.

Moi: Ah, mes bras... tu comprendras plus tard, si on a le temps avant que je ne meure... de faim.

J'avais failli lui dire la vérité, quelle idiote ! Théo, si seulement tu savais...

Nous sommes alors allés dans la cuisine, où je commençai à sortir une poêle pour faire des œufs. Il me regarda et dit :

Théo: Tu sais cuisiner ?

Moi: Oui, pourquoi ? Toi, non ?

Théo: Hm... je fais brûler mes pâtes, si ça peut t'aider...

Moi: Viens, je vais t'apprendre à faire des œufs. La cuisine, c'est comme un art, ça s'apprend...

Il se plaça à côté de moi et observa chacun de mes gestes. Après avoir fini de faire cuire son œuf, je le mis entre deux tranches de pain de mie, préalablement grillées.

Moi: Maintenant, c'est ton tour.

Son regard était rempli de crainte, mais il finit par se placer devant le plan de travail. Il faisait attention à ce qu'il touchait, mais semblait hésitant. Je me mis alors derrière lui et pris ses deux mains. Quelques minutes plus tard, il avait fini. Je pris l'assiette la plus chaude pour qu'il ne se brûle pas, puis allai m'asseoir sur le canapé pour manger ce que nous avions préparé.

Cette nuit sans couleur Nuit Incolore X Tp Où les histoires vivent. Découvrez maintenant