✧ 04. De gel & de ténèbres ✧

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— C'est tout ?

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— C'est tout ?

La tristesse qui transperce le regard du chevalier pourrait un instant adoucir ma douleur. Seth ne m'a pas charcutée par plaisir. Mais si je dois devenir la copie conforme de Saera... je dois aussi arborer les mêmes cicatrices qu'elle.

Après avoir entaillé le dessus de mon sourcil, ma paume, mon avant-bras et ma cuisse, nous en avons terminé avec la destruction de mon corps pour ressembler à une fille morte. Le sang dégouline le long de mes plaies, effaçant presque ma culpabilité, car cette fois-ci, il s'agit bien du mien. Seth déchire un des pans restant de ma robe pour protéger les plaies à vif.

— Je suis désolé.

Je hausse les épaules, n'ayant plus vraiment le cœur à parler. Tout mon corps me lance. La souffrance irise chacun de mes sentiments. Pourtant, la tristesse et la peur sont plus douloureuses encore.

— Il faut que tu sois en mesure de l'imiter à la cour Béryl, et que tu fasses très attention à ce que tu dis, à la manière dont tu t'exprimes. Qui connaissait vraiment les manies et mimiques de Saera ?

— Le prince Caden, bien sûr. Ce sera lui le plus grand danger.

— Étaient-ils proches ?

Vu comment Saera a réagi au manque d'intérêt qu'il lui portait... ils devaient l'être, oui, à une époque. Ou peut-être était-elle juste piquée par son manque d'intérêt. Personne ne pouvait se détacher d'elle, d'habitude. Ma grimace doit me trahir, car Seth cueille son menton dans sa main.

— Cela fait au moins six lunes que personne n'a revu Saera, exposé-je. Mais je ne serai jamais en mesure de lui ressembler assez, Seth.

Il attrape la broche, qui maintenait un semblant de coiffure sur mon crâne. Mes cheveux blonds, aussi souples que de l'herbe sauvage, tombent en cascade sur mes épaules.

— Elle n'aimait pas les avoir attachés.

Je serre les mâchoires, tente de calmer la colère qui palpite dans ma cage thoracique.

— Saera souriait, toujours.

— Saera était une princesse ! m'emporté-je. Vivante, drôle, amusante, séductrice... Elle a toujours été élevée dans cet unique but ! Je suis une dame de compagnie, mon rôle était de m'effacer, de lui laisser toute la lumière ! Vous ne pouvez pas me demander de devenir ce que j'ai réprimé pendant des années. Pendant toute ma vie, en réalité... pourriez-vous, vous, vous déposséder de votre épée, faire comme si vous n'étiez qu'une marionnette guidée par nul autre désir que la richesse et la gloire ? Vous êtes un garde royal. Depuis tant de temps que vous ne savez plus ce que ça signifie d'être un homme. C'est pareil pour moi. Je ne saurai pas me comporter comme elle.

Mon éclat de colère lui arrache un rire sardonique.

— Voilà. Là vous êtes Saera.

— Ce n'est pas drôle ! explosé-je.

the opal crown ☾ 𝐫𝐨𝐦𝐚𝐧𝐭𝐚𝐬𝐲 𝐘𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant