Chapitre 4 : Guillaume

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— Tu rentres direct ?

— Nan, je cours sur la piste, là !

— T'es un dalleux, toi.

Un clin d'œil, un coup de bassin et Guillaume parvint à s'infiltrer dans son pantalon, sous le sifflement admiratif de son collègue. Les mains fourrageant dans ses cheveux blonds, à peine assez longs pour être tirés en arrière, Arnaud semblait observer chacun de ses gestes tandis qu'ils se changeaient après leur service. Il ne restait plus qu'eux, le silence des vestiaires les enveloppant après une interminable soirée de travail.

— Comment t'arrives à choper en portant des baskets ? marmonna Arnaud en désignant ses pieds.

— Crois-moi, j'ai deux ampoules, je m'en sors mieux avec ça qu'avec mes escarpins. Après, si c'est une question de sexy...

Avec habitude, Guillaume ondula du bassin sans manquer une seconde l'éclat intéressé de son collègue. Ce n'était pas la première fois qu'il l'interceptait, depuis des mois qu'ils travaillaient ensemble.

— ... je t'assure que ce ne sera pas un problème.

— Je demande à voir, tiens, répliqua presque aussitôt l'autre homme avec un sourire en coin.

— Je t'en prie, regarde.

Guillaume, du haut de ses vingt-six ans, n'avait jamais eu quoi que ce soit s'apparentant à des rapports avec ses collègues. Amicaux, tout au plus, très amicaux même avec certains, mais jamais la barrière n'avait été franchie. Serait-ce un problème ? Pour certaines raisons, il répondrait bien un « oui » retentissant sans même réfléchir, mais ce soir, il voulait seulement plaire. Le regard appréciateur d'Arnaud lui faisait du bien. Parfois, si l'amour ne devait jamais frapper à sa porte, il avait envie de se sentir désiré, aimé l'espace de quelques instants. Quelques heures, même quelques minutes ! Être étreint. En attendant, il prenait son temps pour enfiler son tee-shirt, se baladant torse nu dans les vestiaires endant qu'il fermait son pantalon moulant et chaussait ses baskets. Il ne se dépêcha pas pour faire ses lacets, honteusement penché en avant en sachant pertinemment que son collègue matait sans vergogne.

— T'es un démon, grogna celui-ci.

— J'ai la dalle, rétorqua Guillaume. Tu l'as dit toi-même.

— Tu vas chasser tout seul dans le club ?

— Ouais.

— Et t'as jamais peur de ramasser un malade ?

Pendant deux secondes, Guillaume y songea. C'était déjà arrivé, mais sur la piste. Il avait discrètement réussi à se faufiler entre les autres danseurs et, le temps que le type le retrouve, il avait averti la sécurité. Tian et ses vigiles avaient cueilli l'homme dès qu'il avait tenté une nouvelle approche.

Il haussa les épaules.

— Je ne vais pas me mettre sous verre sous prétexte qu'il y a deux ou trois mecs un peu pervers qui se baladent et vont être un brin insistants, tu sais. Je peux me défendre.

— Tu m'excuseras si je doute, hein, rétorqua Arnaud avec un sourcil arqué.

— Je t'emmerde, tout le monde n'a pas la carrure de la sécu. Je peux toujours courir et mes genoux se lèvent super bien. Ah, et frapper.

— Vise le nez, vers le haut, ça fait pisser le sang et ça les aveugle.

— Cool.

— S'ils sont dix, par contre, ça va être un peu coton, alors évite les gang-bangs.

— Dégueu ! Sérieux, juste un pour la soirée, ce serait pas mal...

Guillaume soupira, se redressa, tapota le sol du bout de sa chaussure et, enfin, s'étira.

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