— Oh, la boulette...
Le bruit de verre brisé n'avait échappé à personne, Alex le savait et se sentait mortifié. Évidemment, il fallait qu'une bouteille d'huile d'olive en verre lui glisse des bras dans la seule minuscule allée de l'épicerie, n'est-ce pas ? Un peu gauche dans un tel moment, il reposa les autres bouteilles qu'il avait en main, avec autant de délicatesse qu'il le pouvait en évitant la flaque grasse et bordée d'éclats. Ne pas se casser la figure. Sa tendance aux petites bêtises était connue, aussi ne fut-il pas surpris – et ne laissa rien d'autre tomber – quand son collègue et patron fit irruption dans l'espace étroit.
— Alex ! Ça va ? Qu'est-ce que tu as... ah, l'huile.
— Ouais, désolé, il y en a une qui m'a échappé.
— Tu devrais en prendre moins à la fois, pas la peine de faire du zèle, je ne vais pas te payer plus, hein.
Alex laissa un petit sourire contrit s'afficher. Ça, il le savait bien, mais ils avaient la présence d'esprit d'en plaisanter. Les choses étaient ainsi dans une minuscule épicerie de quartier à l'ancienne, comme le voulait Charles, loin des supérettes et supermarchés qui foisonnaient.
— Au temps pour moi dans ce cas, ricana-t-il. Je vais nettoyer, ça va être vite fait.
— Pas trop vite non plus, sinon une des vieilles de cet aprèm va se casser la figure.
— Tu rêves d'en lever une, ce sera l'occasion.
— Dégueulasse.
Charles rit néanmoins et il finit par tendre les mains pour récupérer les produits dont Alex venait de se délester.
— Comment t'as réussi ton coup, cette fois ? T'es complètement à côté de la plaque cette semaine ou j'ai la berlue ?
— Je dois couver un truc, marmonna Alex en détournant les yeux.
— Couvre-toi plus, même madame Mangin t'a dit que ta veste était trop fine !
— Ouais, j'y pense.
« À côté de la plaque » était de toute façon un euphémisme. Il se sentait fébrile depuis plusieurs jours, et ça n'avait rien à voir avec le temps qui fraîchissait au fil des semaines. Près d'une semaine s'était écoulée depuis qu'il avait proposé cette affreuse solution de secours à Sofian, et...
Et rien.
Sofian n'était pas revenu dessus, n'avait pas même émis un seul nom. Se moquait-il de cette idée ? C'était la première chose qui lui traversait l'esprit, le connaissant, mais Alex savait aussi qu'un homme en manque était capable de beaucoup. Bien que Sofian soit tout de même différent. N'est-ce pas ? Bon sang, après tout ce temps, il n'avait jamais eu de motif pour ne pas lui faire confiance. Jamais. Ce n'était qu'un combat entre lui et sa raison, sa jalousie, ses craintes qu'il ne soit jamais suffisant. Peut-être était-ce maintenant que les choses se jouaient, après tout. N'était-ce pas malheureux, après dix-neuf ans de relation et dix de mariage ?
L'idée que Sofian puisse avoir franchi le pas sans lui en toucher deux mots le traversa soudain et le rendit nauséeux en une seconde. À ce stade, tout était possible. Une minute ! Devaient-ils prévoir des préservatifs, à présent ? Il se sentit pâlir. Merde, comment ça fonctionnait, ce truc ? Il n'en avait jamais utilisé, Sofian et lui avaient eu leurs premières fois ensemble et rien d'autre. Son compagnon était-il capable de s'en donner à cœur joie avec une simple autorisation ?
Il avait probablement fait l'erreur de sa vie.
Peut-être qu'il avait tout détruit, comme ça, vlan.
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Romance[MISE EN LIGNE DES PREMIERS CHAPITRES POUR LA DECOUVERTE ♥] PUBLICATION SUR KINDLE, KOBO ET GOOGLE PLAY PASSION AU MANOIR POURPRE 4 [Ce tome peut se lire indépendamment des autres de la série.] Une vie à deux ne peux effacer une personnalité ou un...