Chapitre 3 ✰

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Enola

Eden écarte ma chaise de la table en me faisant signe de m'asseoir.
Je m'exécute et le remercie pour son geste.
Il s'assoit à son tour sur la chaise en face de la mienne.

Le soleil éclaire parfaitement le grand café et apporte une chaleur réconfortante.

Un serveur arrive et nous demande ce que nous souhaitons commander.

Eden se charge de lui répondre en lui indiquant de nous amener deux cafés.

Nous commandions toujours du café autrefois, puis nous parlions durant des heures sans se préoccuper du temps qui passait.

C'était un rituel, comme de nombreux autres qui sont trop durs à énumérer.

Les souvenirs m'assaillent et je sens mes yeux s'embuer. J'essaye tant bien que mal de paraître impassible mais dire que cette situation ne m'affecte pas serait mentir.

Qu'est ce qu'il m'arrive ? Je ne suis pas si sensible d'habitude. Ça doit être le fait de le revoir enfin. Au final je n'y crois presque pas, c'est peut-être un rêve.

Je me reprends vite pour ne pas qu'il le remarque mais j'expire de soulagement lorsque je remarque que son attention est dirigée vers la rue, que nous pouvons apercevoir grâce aux immenses baies vitrées qui encadrent le café.

Je m'autorise un moment à le contempler.

Il est vraiment beau...
Il a toujours été magnifique au final mais j'ai comme l'impression que ces années l'ont endurci, cela change quelque chose sur son visage. 

Il se tourne soudain vers moi. Prise sur le fait, je détourne rapidement les yeux mais je sens son regard posé sur moi.

Nous restons longuement sans prononcer un mot. Ce calme est étrange, mais pas gênant.

À vrai dire, ça fait un bien fou de le revoir, même si au fond de moi je lui en veux toujours énormément.

Je laisse mon regard dévier vers ses iris d'un bleu profond et m'y perd pendant un instant. Les rayons du soleil font ressortir ce qu'il me semble être un éclat de tristesse.

Mes joues s'empourprent quand je me rends compte qu'il me fixe lui aussi.

Nous nous communiquons toute notre tristesse, silencieusement.

Nous n'avons pas besoin de mots pour nous comprendre. Les yeux parlent tout seuls.

Je lis la déception dans son regard. Il doit être déçu de lui, de ce qu'il m'a fait vivre durant ces trois dernières années.

J'étais constamment dans le déni, mille explications possibles de sa disparition si soudaine me venaient à l'esprit.

Que je sois en cours, en train de me balader ou encore le soir, allongée dans mon lit, je pensais en permanence à ce qui avait pu lui arriver.

Son absence me rongeait au plus profond de moi.

La police n'avait pas fait d'efforts pour avancer l'enquête alors une partie de moi en était arrivée à la conclusion qu'il était sûrement décédé.

Je ne voulais pas l'admettre et cherchais sans cesse un autre échappatoire, en vain.
Les pensées monstres m'empêchaient de dormir la nuit.

Je suis désolé Enola.

Sa voix me sors de mes pensées et le retour à la réalité est brutal.

Il est là maintenant. Il est devant moi.

Lost love (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant