Chapitre 4

53 7 12
                                    

Apocalypse - Cigarettes After Sex

Rose


Nous sommes donc réunies en cercle, plaid et mouchoirs à la main dans notre salon. Aurore et Ava ont l'air de me donner toute leur attention et d’un côté ça me fait plaisir, de l’autre, je me dis que je fais sûrement pitié, avec mon mascara qui coule le long de mon visage et mes reniflements incessants.
J’essaie de prendre de grandes inspirations sans paraître pathétique. Je sais qu’elles ne me jugent pas, mais ça a toujours été compliqué pour moi de me montrer vulnérable.
J’essuie mes larmes d’un revers de la manche, fait le point sur mes pensées et je me lance enfin.
–  Le médecin a dit que c’était un cancer.
Ma voix est rocailleuse, et le fait de le dire à voix haute me fait réaliser que c’est réel, et que c’est terrifiant. Je ne regarde pas la réaction de mes deux meilleures amies et continue.
– J’ai pas tous les détails, je renifle et Aurore me donne une énième fois la boîte de mouchoirs. Je la remercie d’un hochement de tête et poursuis. Il a dit que c’était un problème avec ses poumons, surement à cause de la nicotine ou quelque chose comme ça. Il va bien, pour l’instant, et, je souffle pour me donner du courage, il va y arriver, on l’a su tôt, ça va aller, il va s’en sortir.
Je lance finalement un petit regard à mes colocataires et me pince les lèvres qui ont un petit goût salé.
– Je devrais même pas pleurer, je ne suis pas celle qui est malade, et puis, c’est pas juste, j’ai pas le droit.
Je me redresse et les regarde, elles ne semblent pas apeurées ni stressées. Mais elles sont inquiètes et tristes. Je m’enroule un peu plus avec mon plaid gris, pensant qu’il me protégera et attend leur réponse.
– Tu as le droit de pleurer, Rose, tu as le droit d’aller mal, ton père ne t’en voudra pas, la seule chose qui n’est pas juste, c’est cette maladie.
C’est Aurore, la plus douce, qui commence en première, elle me rassure en une petite phrase et je la remercie d’un regard. Elle me le rend en souriant, ce petit sourire timide et affectueux.
– Rose, écoute-moi, tu as peut-être peur, et c’est normal, mais c’est pas ta faute. Tu peux pas contrôler ce qui va se passer, pas avec la santé. Mais ce que tu peux faire, c’est t’occuper de ton père. Il est bien entouré, d’accord ?
Ava se stoppe pour me prendre les mains. Ses yeux bleus se posent sur mes joues et elle essuie mes pommettes du bout de son pouce.
– Tu sais qu’on ne peut pas te promettre que ça va bien se passer, mais peu importe ce qu’il arrivera, on sera là, ajoute Ava d’un air convaincant.
Je la crois, je sais qu’elles seront présentes quoi qu’il arrive. Aurore se rapproche et m’encercle de ses bras ainsi que de son odeur de vanille. Elle n’est pas la meilleure pour s’exprimer, mais elle sait me les faire comprendre par ses actions.
– Merci les filles, vraiment, je dis en posant ma tête sur l’épaule de ma brune préférée.
Ava n’est pas la personne la plus expressive que je connaisse, mais elle sait calmer nos angoisses avec ses mots.
– T’as pas besoin de nous remercier, Rose, tu le sais.
Je hoche la tête en sa direction.
– Ça me fait plaisir, ajouté-je en souriant un peu.
Elles rigolent un peu et l’atmosphère n’est plus aussi tendue que tout à l’heure. Nous restons enlacées, entassées dans ce petit coin du canapé. Nous ne parlons pas, ma respiration ralentit et redevient normale. Les voitures dehors nous servent de bruit de fond, la lumière tamisée qui vient de la télé me réconforte ainsi que le ronronnement de mon chat, Salem. Mon cœur s’apaise un peu et nous finissons par nous endormir toutes les trois en même temps. Je ne veux pas être demain.

À la prochaine...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jul 21 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Le chemin de nos peursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant