Chapitre 4: « ...Le pire c'est ce qui meurt en nous quand on vit »

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Le café dégage une odeur agréable. Dans le ciel, les hirondelles reviennent de leur voyage. Ces deux-là s'embrassent. Tout va bien. Non, rien ne va. Mon monde s'écroule. Je déteste cette odeur. Elle me monte à la tête. J'ai envie de vomir. Et ces oiseaux, je ne veux pas les voir. Ils annoncent un renouveau et ce n'est sûrement pas le renouveau que j'attendais. Comment peuvent -ils oser? Je n'aime pas la façon dont ils se regardent. Ils ressentent. Je ne sais pas quoi, mais au moins ils ressentent quelque chose. Ils ne devraient pas sourire. Le monde s'écroule sous leurs pieds. Ne le voient -ils pas? Ils sont entrain de tombés. Je tombe, mes pieds ne quittent pas la Terre, mais je n'ai jamais connu pire chute.

"-Charlie? Comment tu te sens?

-Je ne sais pas.

Je n'ai pas dit cela par peur du jugement. Mais parce que tout est flou. Je ne sais rien et je ne veux pas savoir.

-Je comprends. Je suis désolée qu'on se soit rencontrées de cette façon. Tu dois surement me détester.

-Non je ne vous déteste pas.

C'est vrai. Je ne la déteste pas. Est ce que je devrais? Ce n'est pas de sa faute après tout. Je ne peux même pas imaginer à quel point ce voyage a du être un supplice pour elle. Devoir m'annoncer sa mort, c'est comme s'il mourrait une seconde fois.

-Je pourrais comprendre. Tu es venue pour voir ton frère et tu te retrouves en face d'une parfaite inconnue.

- Je voulais le voir, c'est vrai.

Je laisse un silence qui m'envahit. Je voulais vraiment le voir. Je ne pensais pas autant. Mon corps me démange. Je veux juste me laisser tomber dans ses bras. Mon esprit se remplit d'illusions. Le train entre en gare. Je refuse d'y entrer. La vérité ne m'atteint pas. Des mensonges, toujours des mensonges, des rêves où la réalité est bien plus belle.

-Je ne voulais pas tu sais.

Je fronce légèrement mes sourcils marquant mon incompréhension.

-Te mentir. J'ai détesté écrire ces messages, me faire passer pour lui, avoir la prétention de pouvoir imiter son âme. Je l'aimais énormément mais ce choix là je crois que je ne pourrais jamais le comprendre. Il a choisi de te bercer d'illusions, de te protéger de la réalité. Mais je savais que cela ne ferait qu'empirer les choses. Ce n'est pas en évitant la vérité qu'elle disparaît. Elle nous suit comme une ombre. Puis un jour elle nous dévore et on découvre que notre lumière n'était qu'artificielle. Parfois je me dis que j'aurais du t'appeler après son déc...après ce qui est arrivé. Mais j'avais fait une promesse. Je t'ai trahi et tu m'as fait confiance. Je ne sais pas comment me faire pardonner.

Sa voix se brise quand elle parle. Ses phrases sont ponctuées de sanglots. Une pensée soudaine me traverse l'esprit. Je frôle mon visage de ma main, aucune trace d'humidité. Je ne pleure pas. Je n'ai pas pleuré. Ce n'est pas normal. Qu'est ce qui ne va pas chez moi? Je jure que je l'aime. Il mérite toutes les larmes de mon cœur, qu'il sache que sa perte me fait souffrir. Mais je ne pleure pas. Mes yeux ne se noient pas dans mon chagrin. En vérité ils n'ont jamais étaient aussi secs. La tristesse est au fond de moi, je le sais. Mais elle est trop enfouie pour que quiconque, même moi, puisse la remarquer. C'est peut être comme cela que je vais être pour le restant de mes jours, un trou noir. Espérons que je n'emporte personne sur mon passage.

-Je ne vous en veux pas. C'est juste que je ne comprends pas. Cette situation...tout ça,c'est...je ne peux pas le croire.

-Personne ne peut comprendre je crois. Le jour d'avant, il m'offrait des fleurs et le jour d'après, ces mêmes fleurs étaient posées sur sa tombe.

-Comment on fait pour continuer après cela? Comment, vous, vous avez fait pour continuer?

-Les souvenirs. C'est grâce à eux que j'ai continué à vivre, à aimer les choses que nous aimions à deux.

-Ethan rendait le monde meilleur. Vous pensez vraiment que des souvenirs auront le même effet?

-Le monde a toujours été beau. Ethan nous a simplement appris à le remarquer. Et cela, on ne peut pas l'oublier.

J'espère qu'elle a raison.

-Est ce que ça vous fait encore mal?

-Je crois qu'on ne peut pas lutter contre la douleur de perdre quelqu'un. Alors oui. Mais j'ai arrêté de pleurer en pensant à lui, parfois il m'arrive même de sourire. Ça ira mieux Charlie, je te le promets.

Elle prends ma main, délicatement. Je suis heureuse qu'elle soit là aujourd'hui. Je comprends pourquoi il est tombé amoureux d'elle. Elle a tout d'une personne à aimer.

-J'espère qu'un jour cette phrase aura un sens.

-Elle en aura.

Elle ouvre son téléphone pour regarder l'heure. Il est 13h57.Cela fait déjà plus d'une heure que j'ai quitté le train. Quand elle lève les yeux de son écran elle semble contrariée.

-Je dois y aller.Je ne peux pas rester je suis désolée.

-Oh ce n'est rien.Je comprends.Il faut peut-être...il faut peut être que j'y aille aussi.

-Je suis contente de t'avoir connue Charlie.

-Moi aussi ...

Je viens seulement de remarquer que je ne connais pas son prénom.Je me sens un peu gênée.

-Alice.Je m'appelle Alice.

-Alors je suis contente de vous avoir connue Alice.

Elle s'éloigne doucement.Elle hésite.Puis elle se retourne dans un sursaut.

-Je ne suis pas obligée de partir. Je peux rester avec toi ,tout annuler si c'est ce que tu veux .

-Non,tu dois y aller.Tu as des choses à faire et il faut bien que j'apprenne à être seule de nouveau.

Je viens de la tutoyer sans m'en rendre compte.C'était naturel.Est ce qu'il est trop tôt de dire que je considère Alice comme une amie? Je ne veux pas qu'elle parte.Et j'ai menti,je ne suis pas assez forte pour être seule dans cette épreuve.

-D'accord.Tu as raison.Mais toi,tu vas faire quoi maintenant ?

-On devait se prendre un hôtel et passer quelques jours à Paris.Mais je crois que je vais plutôt rentrer chez moi.

Elle ouvre une seconde fois son téléphone.

-Il faut vraiment que j'y aille maintenant.Je crois que c'est le moment de nous dire au revoir.

-Au revoir Alice.

-Au revoir Charlie.

Nous sourions.Nous nous prenons dans nos bras.J'espère que ce ne sera pas la dernière fois.Je la regarde s'éloigner.Je perds un peu de mon réconfort.En fin de compte,je ne veux pas rentrer chez moi.Je vais rester à Paris.Comme l'a dit Alice, « le monde a toujours été beau,Ethan nous a simplement appris à le remarquer ».Je vais essayer d'y croire.

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J'ai pris un temps fou à écrire ce chapitre.Mais je l'aime beaucoup alors on va dire que c'est le principal!
Je ne sais vraiment pas quand le prochain chapitre sortira.J'écrirais quand j'en aurais l'envie et le besoin mais promis j'écrirai.

Alors à bientôt !

Lilly⚜️

EffigieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant