La vie d'une sorcière, c'est galère

Prologue

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Quand vous entendez le mot "sorcière", et merci au folklore, vous voyez une "vieille" femme sur un fichu balai avec une robe noire et un chapeau pointu. Si la pauvre n'avait pas de chance, elle se voyait affublée d'une ou plusieurs verrues, voire d'un visage disgracieux.

Pourtant Yasha Abigail White n'était rien de tout ça. Du haut de ses 20 ans, même si elle ne se trouvait pas renversante, elle restait une jeune femme plaisante à regarder. Un bon mètre soixante-dix au compteur, elle était grande pour une femme, ce qui ne l'empêchait pas d'apprécier porter des chaussures à talons à l'occasion. Sa peau pâle tranchait avec ses longs cheveux noirs qui encadraient un joli visage en forme de cœur. Son trait le plus remarquable restait cependant ses yeux bleus très clairs, presque transparents. Elle avait été élevée par sa grand-mère, une femme stricte et tellement bigote que cela frisait le fanatisme. Imaginez donc sa surprise quand, du jour au lendemain, elle se rendit compte que toutes les personnes qu'elle voyait étaient désormais entourées d'un halo de couleur.

Oh, elle ne pensa pas "magie" à ce moment-là, bien au contraire. Sa réaction fut de foncer illico chez l'ophtalmo pour faire examiner ses yeux et comprendre d'où venait le problème. Le médecin ne décela aucune anomalie mais, devant l'air paniqué de sa patiente, il lui recommanda de reposer ses yeux pour faire disparaitre ce désagrément.

Yasha rentra chez elle avec un collyre et l'ordre de ne pas forcer sur sa vue, pas de télévision, ni de lecture. Profitant de l'absence de sa colocataire, elle s'allongea sur le canapé après avoir tiré les rideaux. Avec un soupir, elle lança un livre audio et se laissa porter par Tolkien vers un univers de dragons et autres créatures fantastiques. Si elle avait su...

Contrairement à ce qu'elle espérait, cela ne disparut pas. Elle vivait désormais avec et avait fini par s'y habituer. Et une fois le choc initial passé, elle choisit même de s'en amuser.

Elle avait vite remarqué que les couleurs correspondaient à l'humeur des gens, pas au masque qu'ils affichaient à l'intention des autres, mais à leurs véritables émotions. Celles qui ne pouvaient en général être dites à voix haute. Ce seul fait la mit sur ses gardes quand elle croisa une femme superbe mais entourée d'un halo vert maladif qui lui envoya un frisson d'effroi le long de la colonne vertébrale. Elle décida de faire un écart pour ne pas avoir à l'approcher plus que nécessaire, sans voir que l'inconnue ne la quittait pas des yeux en souriant de plaisir.

Yasha entra dans les locaux du journal où elle travaillait comme pigiste dans la rubrique 'mode et potins', pas que ce soit son ambition suprême mais elle connaissait la plus grande commère de la ville, elle vivait même avec, et écouter sa meilleure amie parler de tout et de rien avait le mérite de payer ses factures.