POV JOHNNY
Un énième soupir traversa mes lèvres tandis que mes pupilles arpentaient la montagne de dossiers déposée sur mon bureau. Ma montre affichait un peu plus de sept heures du matin, ses aiguilles égrenant inexorablement le temps qui me fuyait.
Sept heures du matin... un moment où le monde s'éveillait à peine, mais pour moi, c'était déjà une éternité de travail intense.
J'avais dû pratiquer une opération importante pendant la nuit, m'obligeant à me tenir debout malgré le peu d'heure de sommeil que j'avais au compteur.
Mes yeux s'affairaient à déchiffrer les papiers étalés devant moi, une pile de dossiers qui menaçait de m'engloutir. Cependant, mes pensées erraient loin de ces documents, détournées par le poids de la fatigue et de l'épuisement. Les multiples gobelets de café vides jonchaient mon bureau, témoignant de mes efforts pour rester alerte au cours des dernières heures.
Exaspéré, je décidai de prendre une pause momentanée, conscient que la concentration me fuyait. Relevant le nez, je massai légèrement l'arête de celui-ci entre mon pouce et mon index, une tentative vaine de chasser la tension qui y résidait.
Mon bureau, habituellement un sanctuaire d'ordre et de rigueur, était, à cet instant précis, envahi par le chaos apparent de la surcharge de travail. Les dossiers s'entassaient comme des remparts, me séparant du reste du monde. Les échos lointains des pas précipités dans le couloir semblaient résonner avec ironie, soulignant l'isolement que je m'étais imposé.
J'observais un à un chacun des gobelets vides, certains renversés, d'autres écrasés dans un élan de frustration, comme les vestiges de la nuit blanche que j'avais passée. La caféine n'était qu'une tentative de repousser les limites de la fatigue mais, même elle, montrait maintenant des signes de défaillance.
Déterminé à retrouver un semblant de clarté mentale, je décidai de m'accorder une pause.
Je me levais de ma chaise de bureau, m'étirais, frottant mes muscles engourdis pour les réveiller. D'un pas décidé, je quittai mon bureau, prenant soin d'emporter avec moi les outils essentiels de ma vie professionnelle : mon téléphone portable et mon bipper. Les glissant dans la poche de ma blouse avec une aisance presque automatique, probablement dû à l'habitude.
Je sorti du bureau et mes pas m'entraînèrent à travers les couloirs labyrinthiques de l'hôpital. Arrivé au deuxième étage, j'échangeais quelques mots avec le Dr. Park, un jeune collègue, le dernier arrivé dans l'équipe, une jeune homme brillant et prometteur que j'avais pris sous mon aile durant ses années d'internat. Un peu plus loin, je croisait Mr. Bang, un patient de longue date souffrant d'un problème cardiaque chronique dont je m'occupais depuis plusieurs années, à tel point que je me sentais presque obligé de le saluer par un signe de tête à chaque fois que je le croisais.
Alors que je continuais ma progression à travers ces allées familières, une métaphore se dessinait dans mon esprit. La froideur des murs de ma clinique semblait refléter celle de mon propre cœur. Malgré l'effervescence constante, l'incessant mouvement des patients et du personnel soignant, il y avait cette impression persistante d'une coquille vide. Mon existence était rythmée par les battements réguliers du bloc opératoire, les diagnostics pointus et les succès professionnels, mais peu de place était laissée à la chaleur humaine. Ma carrière était une réussite incontestable, mais ma vie personnelle, une toile d'araignée compliquée et peu explorée.
Je secouai légèrement la tête, écartant cette pensée fugace de mon esprit. J'avais fait un choix délibéré, celui de consacrer ma vie à ma carrière, et jusqu'à présent, cette décision m'avait apporté du succès. Les murs de mon bureau résonnaient avec le reflet de mon succès, garnis de récompenses symboliques et je pouvais clamer haut et fort que je dirigeais l'un des plus grands hôpitaux du pays. Mes équipes respectaient mon autorité, bien que parfois, la lueur que je pouvais entrevoir dans leurs yeux me laissait penser que la crainte l'emportait sur le respect véritable.