L'Appel de la Montagne [Réécriture]

(1) 🌑« Au Seuil de l'Aventure »🌑

DRIGGGGGGG!!!

Le cri impitoyable de mon réveil traverse la quiétude de ma chambre, m'arrachant à mes rêves avec la subtilité d'un marteau-pilon. Je cligne des yeux, difficilement, luttant contre le poids des paupières et le flou de mon esprit encore embué par le sommeil. L'heure sur le cadran semble se moquer de moi : 4 heures du matin. Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que je murmure des plaintes inaudibles, ma voix rauque trahissant une réticence à quitter la chaleur de mes draps.

Un souvenir émerge alors, flou mais persistant. Ah oui, l'alarme... J'ai choisi ce réveil matinal pour une raison bien précise : prendre la route pour le Mont-Blanc dès l'aube. Ces premières vacances en solo me tendent les bras, promettant aventure et liberté. Néanmoins, cette promesse peine à atténuer l'amertume de quitter mon lit à une heure aussi indécente.

Tentant de chasser la torpeur qui m'envahit, je me hisse hors du lit avec la grâce d'un ogre réveillé trop tôt, bâillant à m'en décrocher la mâchoire et me grattant la tête dans un geste automatique. Sur le chemin de la salle de bain, je note l'absence de mes majordomes. Ils doivent déjà s'affairer ailleurs, pensé-je, la maison s'éveille doucement malgré l'heure matinale.

La salle de bain m'accueille dans une semi-obscurité apaisante. Je me débarrasse de mon boxer, dernier rempart entre moi et la journée qui commence, et j'ouvre l'eau chaude. L'eau coule sur mon corps, cascade vivifiante qui chasse les derniers vestiges de sommeil. Je me laisse envelopper par la chaleur, chaque goutte contribuant à me réveiller, à m'ancrer dans le réel.

Devant le miroir, une once d'auto-admiration s'empare de moi. Les traits hérités de mes parents se conjuguent en une allure que je ne peux m'empêcher de qualifier d'attirante. Noirceur de cheveux héritée de mon père, profondeur de regard offerte par ma mère, le tout baignant dans une aura de confiance qui, je le sais, a son effet. Mais mon cœur, capricieux, n'est pas si facile à satisfaire...

Habillé de luxe, je descends vers la cuisine, la fierté de mon rang évidente dans chacun de mes gestes. Mon père, à la tête de la plus grande entreprise mondiale, et ma mère, mannequin de renommée internationale, ont veillé à ce que rien ne manque dans notre vie. Majordomes, cuisiniers, gardes du corps... notre demeure est un ballet continuel de professionnels dévoués.

Surprise, un gâteau gigantesque trône sur la table de la cuisine, entouré de croissants encore chauds. Un petit mot repose à côté, écriture familière et chaleureuse :

"Coucou mon chéri, j'espère que tu as bien dormi. Ton père et moi sommes rentrés tard. Nous te souhaitons un bon voyage, pense à nous et n'hésite pas à appeler. Merci à Isabelle pour les viennoiseries, et ne t'en fais pas pour tes valises, elles attendent déjà dans ta Lamborghini. Bonnes vacances, nous t'aimons, Maman et Papa."

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Malgré leur absence, leur amour m'accompagne. Je m'apprête à embrasser l'aventure, le cœur léger, l'esprit en paix.

Ma vie, un tissu de brouillons laissés par mes parents. Notre communication se limite souvent à ces petites notes, ces messages écrits à la hâte, et aux rares dîners partagés. C'est dans ces moments-là que je me rends compte à quel point notre relation est tissée de silences, à part pour les nécessités et les convenances.

En découvrant le gâteau et les croissants, j'avais oublié un détail crucial : mes valises. L'idée de partir sans elles me tire un rire, une erreur si humaine dans le tourbillon de mes préparatifs. Cet oubli m'amène à penser à Isabelle. Serait-elle là, à la villa, à mon arrivée ?

Isabelle est bien plus qu'une simple présence dans ma vie. Elle m'a vu grandir, découvrir le monde, tomber et me relever, aimer et être déçu. Pour moi, elle est comme une seconde mère, celle dont les conseils et l'affection ne m'ont jamais fait défaut.

Après avoir rapidement mangé quelques croissants, je me dirige vers le garage, un sanctuaire de luxe où la Lamborghini noire m'attend, prête à m'emporter vers de nouvelles aventures. Avant de partir, je vérifie une dernière fois le coffre – une habitude, presque un rituel. Et là, une autre note, celle d'Isabelle cette fois, confirmant qu'elle connaît mes habitudes mieux que quiconque. Elle m'informe de l'absence de sa présence à la villa, mais mentionne Lucas et Nicolas qui seront là pour m'accompagner. Un sentiment mitigé m'envahit : mes parents ne me font pas assez confiance pour me laisser seul, mais au moins, je ne serai pas entièrement isolé.

Montant dans la Lamborghini, je laisse derrière moi la demeure familiale, avec ses ombres et ses lumières, pour plonger dans l'inconnu.

"Si seulement j'avais su..."

Cette pensée, suspendue entre excitation et appréhension, marque le début de mon voyage vers le Mont-Blanc, un voyage qui promet bien plus que des paysages à couper le souffle....