Etreinte Obscur

Révélation dans la chambre des lys

Je me réveille, la tête lourde et douloureuse. J'ai l'impression d'être toujours dans la même chambre, plongée dans un cauchemar sans fin. Mes yeux s'ouvrent lentement, s'habituant à la faible lumière ambiante. Je sens quelque chose qui me tire doucement la main. C'est Lysie.

Par réflexe, je retire ma main de la sienne. Des pensées confuses et angoissantes tourbillonnent dans mon esprit. Qui est Lysie réellement ? Pourquoi suis-je ici ? Et surtout, que m'est-il arrivé ?

Mon regard se pose sur elle. Elle semble épuisée, les traits tirés par la douleur et le chagrin. Mais quelque chose dans ses yeux trahit une profonde culpabilité, un secret qu'elle garde enfoui en elle.

"Que s'est-il passé ?" ma voix est à peine un murmure, mais elle suffit à briser le silence pesant qui règne dans la pièce.

Lysie baisse les yeux, comme si mes paroles ravivaient en elle une douleur insupportable. Je sens mon estomac se nouer, une angoisse sourde m'envahit. Je veux des réponses, je les mérite.

"Tu me dois des explications," je parviens à articuler, la voix plus ferme cette fois-ci, bien que le doute et la peur me rongent de l'intérieur.

Lysie relève lentement les yeux vers moi, et dans son regard, je perçois toute la tristesse du monde. Je me demande ce qu'elle va me dire, si ses mots apaiseront mes craintes ou si ils ne feront que les amplifier. Une chose est sûre, je suis prête à affronter la vérité, aussi sombre soit-elle.

« Viens avec moi, promis je vais tout t'expliquer mais d'abord on doit panser tes blessures »

Je me laisse guider par Lysie, incapable de résister à l'envie de comprendre ce qui m'est arrivé. Je la suis jusqu'à la salle de bain, où elle me demande de m'asseoir sur le rebord de la baignoire. L'atmosphère est étrange, comme si j'étais face a une inconnue.

Je m'assois comme elle me l'a demandé, observant ses gestes alors qu'elle désinfecte avec précaution les marques laissées par les cordes sur ma peau. Chaque toucher est empreint de douceur, de tendresse, mais aussi de tristesse.

"Pourquoi ?" ma voix tremble légèrement, trahissant ma détresse. "Pourquoi m'as-tu sauvée ? Et qui est cet homme, Blake ?"

Lysie ne répond pas tout de suite, concentrée sur sa tâche. Mais son silence passe lourdement, rempli de non-dits. Enfin, elle relève les yeux vers moi, son regard empreint de douleur.

"Je t'expliquerai tout, je te le promets," murmure-t-elle, sa voix à peine audible dans l'air chargé d'émotions. "Mais pour l'instant, laisse-moi prendre soin de toi. Nous aurons tout le temps de parler ensuite."

Je suis émerveillée par la chambre lumineuse où Lysie m'amène. Les fleurs, en particulier les lys, ajoutent une touche de beauté et de sérénité à l'atmosphère. Les tableaux accrochés aux murs témoignent de sa passion pour l'art, et je ne peux m'empécher de remarquer chaque détail, chaque nuance de couleur.

Lorsqu'elle s'assoit sur le lit, je me joins à  elle, prête à écouter ce qu'elle a à me dire. Une partie de moi brûle de curiosité, désireuse de connaitre la vérité qui se cache derrière tout cela. Mais une autre partie de moi tremble d'appréhension, craignant ce que je pourrais découvrir.

"Viens près de moi, il faut qu'on parle," dit-elle doucement, sa voix empreinte de solennité. Je m'approche lentement, me glissant à ses côtés sur le lit. Son regard rencontre le mien, et je sens une connexion profonde s'établir entre nous, chargée d'émotions et de vérité.

"Je suis prète à écouter," dis-je d'une voix douce, mais déterminée. "Dis-moi tout, Lysie. Je veux savoir ce qui s'est passé, ce qui m'arrive, qui sont ces gens... je veux comprendre."

"Attention, ce que je vais te dire risque de te choquer profondément."

"Lysie, dis-moi s'il te plaît, j'ai besoin de savoir, je t'en supplie," je murmure, l'angoisse m'étreignant de plus en plus alors que les pièces de ce sombre puzzle commencent à s'assembler.

Elle prend une profonde inspiration avant de commencer. "Tu as été enlevée par un homme travaillant pour une grande organisation. Ils ciblent des jeunes femmes, souvent des étudiantes. Cette organisation, nommée 'les ombres du lotus noir', revend ces filles kidnappées à des personnes très malveillantes."

Chaque mot qu'elle prononce est comme un coup de poignard dans mon cœur déjà meurtri. Mais je dois savoir, je dois comprendre. "Mais comment sais-tu tout cela ?" je demande, incapable de masquer ma confusion.

"Ma famille, mon père et mon frère Blake, sont à la tête d'un cartel de mercenaires. Ils tuent des gens pour de l'argent, et il y a quelques jours, nous avons été invités à une réception de cette organisation."

Je reste sans voix, incapable de croire ce que j'entends. "Je trouve ça monstrueux," poursuit-elle, "mais en tant que femme, je n'ai pas le droit de m'exprimer sur le sujet. Mais quand je t'ai vue, j'ai su qu'il fallait que je te sauve. Sinon, tu aurais fini comme prostituée pour ces vieux pervers, et ils auraient profité de toi jusqu'à la fin. Et je ne pouvais supporter cette idée. J'ai supplié mon frère de t'acheter."

De m'acheter. Ses mots résonnent dans ma tête comme une sentence. Elle le dit comme si c'était normal, comme si cela faisait partie de leur quotidien. Mon esprit est en ébullition, incapable de traiter toute cette information. Mais une chose est sûre : je ne serai plus jamais la même après avoir entendu cela.

Les révélations de Lysie me laissent abasourdie, mon esprit tentant de traiter chaque morceau d'information comme des pièces d'un puzzle terrifiant. L'idée que ma capture était liée à une telle organisation, que ma vie ait été mise aux enchères comme un vulgaire objet, est presque trop difficile à accepter.

"Blake ne voulait pas," répète-t-elle, comme si cela pouvait atténuer la douleur de ce qu'elle vient de me dire. "En plus, les enchères portées sur toi n'arrêtaient pas de monter quand ils ont vu que ma famille s'en mêlait alors qu'on n'y participe jamais. Tu es tout de suite devenue très intéressante à leurs yeux. On a fini par gagner, mais mon frère m'a mis en garde. Il m'a dit qu'il te ferait souffrir, mais je ne pensais pas qu'il mettrait à exécution sa parole. Je suis tellement désolée, Eva. Tu es ma meilleure amie, et pour rien au monde j'aurais voulu que tu connaisses cette face obscure de ma vie."

Les mots de Lysie résonnent dans ma tête, amplifiant ma douleur et ma confusion. Mon esprit est un tourbillon de questions sans réponses, de craintes et de désespoir. Mais au milieu de cette obscurité, une lueur d'espoir brille faiblement. Lysie est là, à mes côtés, et malgré tout ce qui s'est passé, elle est déterminée à me protéger.

Je la regarde dans les yeux, sentant les larmes brouiller ma vision. "Je ne sais pas quoi dire," je murmure finalement, ma voix tremblante d'émotion. "Mais merci, Lysie. Merci d'avoir risqué ta vie pour la mienne. Je ne pourrais jamais te rendre ce que tu as fait pour moi."

Nous restons là, enlacées, nos larmes mêlées, nos cœurs lourds de chagrin et de soulagement. Les mots sont superflus dans cet instant de communion silencieuse, où nos émotions se répondent sans besoin de les exprimer verbalement.

La nuit tombe lentement autour de nous, mais nous ne bougeons pas. Nous avons tant à dire, tant à partager, mais pour l'instant, être ensemble suffit. C'est comme si le simple fait de se tenir l'une contre l'autre pouvait effacer, ne serait-ce qu'un instant, la douleur de ce que nous avons traversé.

Dans les bras de Lysie, je trouve un réconfort que je pensais impossible à retrouver après tout ce qui s'est passé. Et dans ce moment de paix fragile, je sais que je ne suis pas seule. Quoi qu'il advienne, nous affronterons cela ensemble.